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Recherche et COVID-19 ne font pas bon ménage

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30 octobre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Par Miléna Frachebois – Cheffe du pupitre Actualités

Entre cours à distance, nouvel environnement de travail, et décalage horaire, la COVID-19 est synonyme de nombreux défis pour les étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O). Mais la pandémie affecte également les chercheur.euse.s de l’établissement, ainsi que celles et ceux qui sont aux études supérieures.

Natasha Landry, commissaire aux affaires universitaires de la Graduate Student’s Association des étudiant.es diplômé.es de l’Université d’Ottawa (GSAÉD), explique que si les études supérieures sont déjà difficiles pour la santé mentale des étudiant.e.s, car les institutions académiques sont axées sur la performance, le contexte de crise sanitaire mondiale ajoute un poids sur les épaules des concerné.e.s.

Chemin parsemé d’embûches 

La situation actuelle vient « briser l’élan naturel du ou de la chercheur.se qui, dans une dynamique de réflexion fructueuse, se promène librement entre son espace d’étude privé et les espaces publics de l’échange et de la recherche », affirme Mawy Bouchard, professeure de français à l’U d’O. 

Amélie Marineau-Pelletier, doctorante en histoire, s’est vue faire face à de nombreux obstacles à cause de la pandémie. Elle a notamment dû annuler son dernier séjour de recherche, qui l’aurait aidé à peaufiner sa thèse.  L’étudiante ajoute que l’accès aux bibliothèques a été tardif, et, qu’étant sur le point d’achever son travail, elle regrette les conditions dans lesquelles vont se passer sa soutenance, en ligne. « La soutenance, c’est un rite de passage à la fin d’un long parcours. Malheureusement, je vais la fêter individuellement », explique-t-elle.

Bouchard juge que les accès aux archives sont indirectement limités, car les entrées dans les pays où se trouvent les grandes bibliothèques sont entravées par des mesures sanitaires incontournables. Elle ajoute que ces limitations peuvent avoir un effet sur la dynamique de recherche, puisqu’« un accès libre et facile aux documents est en soi une heuristique, qui assure un déroulement optimal de la pensée » ; les conditions actuelles ne lui étant ainsi pas favorables.

Ces défis sont, selon Marineau-Pelletier, encore plus grands pour les personnes débutant leurs recherches. Les étudiant.e.s ayant pour plan de voyager à l’international ont été obligé.e.s de changer leurs objectifs de thèse ou de recherche, afin de s’accommoder à la situation actuelle confirme Landry. Cela pourrait entraîner des retards dans la scolarité des concerné.e.s, et ainsi différer leur graduation. 

Craintes qui s’accumulent

Parmi les défis engendrés par la COVID-19 dans les cycles supérieurs s’ajoute un changement des bourses d’admission à la maîtrise,  à partir du printemps 2021. Landry détaille que ces réductions passeront de 15 000 $, renouvelables dépendamment de la maîtrise, à 7 500 $ par année. Elle explique que les conditions d’admissibilité vont changer également changer. En effet, il faudra dorénavant obtenir une moyenne pondérée cumulative de neuf, et non plus de huit, pour bénéficier des bourses, limitant l’accès à celles-ci. 

Marineau-Pelletier n’est pas en faveur de ces modifications ; les chiffres démontrent qu’il y a de moins en moins d’étudiant.e.s aux études supérieures. Ces transformations ne font, selon elle, que favoriser le baccalauréat au détriment de la recherche.

Cependant, Maxime Prévost, directeur du Département de français de l’Université d’Ottawa explique que cette réforme va élargir les choix de maîtrises. Il déduit que ces ajustements de bourses sont dûs à un changement de philosophie de la part de l’Université, qui permettrait de favoriser les étudiant.e.s internationaux.ales. 

Entre adaptation et dégradation

Pour Bouchard, l’Université fait de son mieux pour appuyer les étudiant.e.s dans leurs démarches de recherche. Elle précise que le contexte menace l’efficacité du système universitaire, lequel doit convenir à divers besoins, parfois contradictoires, et pour toutes les disciplines. « L’Université agit de manière symbolique, mais les problématiques que vivent les étudiant.es dépassent la capacité actuelle de l’institution », soutient la commissaire aux affaires universitaires de la GSAÉD.

Cependant, cette dernière ajoute également que l’adaptation est très lente, et qu’il y a une dégradation des services, au-delà des capacités de l’U d’O. Elle cite notamment le manque de protection des données, l’interdiction d’aller sur le campus, dans les bureaux de recherche et les bibliothèques, ou encore la faille de sécurité. 

Landry explique également que les étudiant.e.s diplômé.e.s n’ont pas été appuyé.e.s financièrement lors de la pandémie, malgré un besoin de support de l’Université. « Plusieur.e.s étudiant.e.s ne peuvent pas travailler en ce moment, et cela fait en sorte qu’ils.elles ne peuvent pas payer leurs frais scolaires », développe-t-elle. 

Il reste maintenant à voir si l’U d’O, qui ne s’est pas prononcée sur ce sujet, mettre en place des mesures pour venir en aide aux étudiant.e.s affecté.e.s.

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