Crédit visuel : Courtoisie
Entrevue réalisée par Mireille Bukasa — Cheffe du pupitre Actualités
Directeur de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales (ÉSAPI) de l’Université d’Ottawa (U d’O), Roland Paris a mis sur pause sa carrière universitaire à maintes reprises pour occuper des postes politiques, tels que conseiller en affaires internationales et en défense pour le Premier ministre Justin Trudeau. En entrevue avec La Rotonde, Paris se confie sur l’importance des contacts et des relations professionnelles dans une carrière internationale.
La Rotonde (LR) : De l’Université de la Sorbonne à Paris à l’Université Yale, en passant par les universités de Toronto et de Cambridge, vous avez acquis une riche expérience d’apprentissage à l’étranger. Quelle place l’éducation internationale occupe-t-elle à vos yeux ?
Roland Paris (RP) : L’éducation internationale est essentielle, car elle aide à comprendre les liens entre les affaires internes des pays et les enjeux mondiaux, notamment dans des domaines comme la santé publique, où les facteurs globaux influencent les conditions locales. La pandémie de COVID-19 en est un exemple frappant.
Face à des défis complexes, il est crucial de former des praticien.ne.s et leaders capables de naviguer dans ces réalités. L’éducation internationale prépare les étudiant.e.s à relever ces défis en leur offrant une compréhension approfondie des dynamiques mondiales, et elle est importante pour ceux et celles qui travaillent dans des domaines où les enjeux globaux sont de plus en plus présents.
LR : Professeur d’université depuis 1998, vous avez à plusieurs reprises pris des pauses académiques pour assumer des responsabilités politiques. Comment parvenez-vous à concilier ces deux rôles ?
RP : Dans d’autres pays, il existe des échanges entre la fonction publique et la société civile, permettant à des expert.e.s de travailler temporairement au gouvernement et vice versa. Cela n’est pas courant au Canada. J’ai eu une chance exceptionnelle de débuter ma carrière au gouvernement en tant que stagiaire parlementaire, entre ma maîtrise et mon doctorat. Pendant cette période, j’ai travaillé avec un député nommé suite à une commission sur la souveraineté du Québec, ce qui m’a permis de l’accompagner à travers la province et de participer à des négociations sur des affaires constitutionnelles.
Grâce à mes relations personnelles et professionnelles, j’ai pu passer d’un emploi à un autre dans différentes sphères : d’abord au ministère des Affaires étrangères, puis au Conseil privé, et bien d’autres contrats de travail avec différents acteur.ice.s politiques, dont Justin Trudeau. Alors chef du Parti libéral, il m’avait invité à présenter certaines propositions en 2014. Avant cela, j’ai eu l’honneur de faire partie des six premiers professeurs recrutés par l’U d’O pour créer, en 2007, l’École supérieure d’affaires publiques et internationales.
De cette expérience, je retiens l’importance des contacts et des relations professionnelles. C’est justement cela que nous offrons à notre école : des opportunités uniques d’échanger avec des praticien.ne.s des politiques publiques.
LR : Estimez-vous que votre formation universitaire vous aide à assumer efficacement tous ces rôles professionnels ?
RP : D’une part, mon éducation m’a permis de développer ma capacité d’analyse, mais elle ne m’a pas nécessairement préparé à ce type de travail, comme c’est souvent le cas dans une formation classique.
En revanche, une école de politique publique et d’affaires internationales intègre ce type de préparation dans le parcours de ses étudiant.e.s. Nous avons besoin de praticien.ne.s et de leaders dans le domaine public et international qui puissent vraiment aider la société et le monde à faire face aux défis actuels et futurs. C’est justement pourquoi l’ESAPI offre un cadre d’excellence avec des diplômé.e.s prêt.e.s à s’engager pleinement pour répondre à ces enjeux.
LR : Quelle est l’importance de l’ÉSAPI, tant sur le plan universitaire qu’à l’échelle nationale ?
RP : Elle est extrêmement importante, tant au niveau national qu’universitaire, car notre pays et le monde sont actuellement confrontés à de multiples défis de grande ampleur, et ces enjeux vont devenir encore plus complexes. Que l’on soit étudiant.e ou professionnel.le, il est passionnant de voir comment des domaines variés s’entrecroisent. Le monde est d’une complexité fascinante, mais en prenant le temps de l’étudier, il devient de plus en plus compréhensible. Nous vivons une époque de changements majeurs.
J’étais étudiant lors de l’époque de la Guerre froide et mes cours semblaient tourner autour des mêmes sujets, comme si rien n’allait jamais changer. C’était intéressant, mais aujourd’hui, le monde évolue chaque jour de façon spectaculaire, et cela peut être déstabilisant. Étudier les affaires internationales est un moyen de répondre à ce bouleversement et de le transformer en une approche de connaissance et de compréhension.
LR : Que conseilleriez-vous à une personne intéressée par une carrière dans les affaires internationales ?
RP : L’ESAPI est une école de premier choix pour ceux et celles qui souhaitent une carrière dans les affaires internationales ou les politiques publiques fédérales. Elle propose plusieurs programmes de cycles supérieurs et un programme de premier cycle, avec un corps professoral de haut niveau et des opportunités d’échanges avec des praticien.ne.s expérimenté.e.s.
Une session d’information sur les programmes de maîtrise en affaires publiques et internationales, ainsi qu’en sécurité et défense, aura lieu le 15 novembre en français de 11 h à midi, et en anglais de 13 h à 14 h.