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Opinions

La Rotonde m’a offert une leçon de vie

Rédaction
8 avril 2019

Chronique

Par Daniel Leblanc

Crédit photo : The Globe and Mail

 

Un de mes regrets dans la vie, c’est d’avoir passé une année à La Rotonde.

En rétrospective, j’aurais dû y œuvrer pendant chacune de mes six années à l’Université d’Ottawa.

Dès un jeune âge, j’ai été un grand consommateur de nouvelles. Je lisais Le Droit, un journal pour lequel j’ai été camelot à l’adolescence. À la maison, il y avait toujours des journaux et des magazines dans le salon. Les nouvelles de Radio-Canada et de CBC ponctuaient nos soirées en famille.

Au secondaire, j’ai contribué à notre petit journal en dessinant des caricatures de profs. Durant mon année au Cégep de l’Outaouais, j’ai fait d’autres caricatures et écrit des textes de nouvelle pour un hebdo qui s’appelait L’Entremetteur.

En entrant à l’Université d’Ottawa en 1989, toutefois, j’ai plutôt décidé de me concentrer sur mes cours de science po, de communications et d’histoire, ainsi que mon travail au Centre national des Arts.

Ce n’est qu’à ma dernière année d’université, alors que j’amorçais la rédaction de ma thèse de maîtrise, que j’ai décidé de couper dans mes moments d’oisiveté à la salle de musique pour me lancer de nouveau dans le journalisme étudiant.

L’invitation est venue de Martin Landreville, qui était chef de la section Actua­li­tés et qui, sans le savoir, a contribué à lancer une carrière dans le monde du journalisme qui continue encore plus de 20 ans plus tard.

C’est à La Rotonde que j’ai découvert le plaisir que je pouvais retirer à interviewer et rencontrer des gens qui ont des histoires à raconter, de même que d’écrire des articles qui tentent de se démarquer. Surtout, j’ai vu qu’une salle de nouvelle, c’est un milieu de travail agréable où règnent la collégialité et la camaraderie et où je pourrais me voir évoluer plus tard.

Je suis arrivé au journal avec une exclusivité – l’histoire d’un prof qui avait falsifié les évaluations étudiantes à la fin d’une session pour se donner un meilleur score. S’ensuivirent les démarches pour obtenir d’autres détails et prouver l’histoire, aller chercher des réactions et des commentaires officiels, le tout agrémenté d’une bonne dose d’adrénaline.

Une fois qu’on fait la « une » d’un journal, on y prend goût, semble-t-il.

Je me souviens par la suite de dossiers sur le manque de quiétude dans les résidences ou d’articles sur la vie étudiante, de même que mon premier texte sur la politique fédérale. Il y avait une élection partielle dans Ottawa-Vanier à l’époque, et j’avais interrogé les candidats des différents partis pour aider les étudiants qui habitaient la circonscription à se faire une idée.

J’ai développé confiance en mes moyens. Le rédacteur en chef de l’époque, Patrick Lagacé, avait déjà assez d’expérience au journal pour me diriger, me critiquer et m’encourager.

Approchant la fin de mes études en science politique, j’ai commencé à me poser des questions sur mon avenir professionnel. Une conseillère à orientation m’a fait remarquer que j’avais toujours trouvé plaisir dans le monde des journaux étudiants et que je pourrai me diriger en journalisme. C’était une évidence, mais elle n’aurait pu arriver à cette constatation si je n’avais pas accepté l’invitation de me joindre à La Rotonde quelques mois plus tôt.

A la fin de mes études, j’ai commencé à travailler dans le bureau d’un député fédéral. Mes études en science politique m’avaient bien préparé pour ce travail, mais j’ai rapidement compris que ce n’était pas ma place.

Quelques mois plus tard, j’entrais en journalisme à l’Université Carleton. Mon parcours m’a ensuite mené du Canadian Geographic au Ottawa Citizen, avant que je n’atterrisse au Globe and Mail en 1998. Quand j’ai écrit un livre sur le scandale des commandites en 2006 (« Nom de Code : MaChouette »), le premier journaliste à écrire un texte sur le sujet était ce même Patrick Lagacé, rendu au Journal de Montréal. Lors de ma première entrevue télévisée sur la sujet à LCN, le réalisateur en charge du dossier était un autre ancien collègue, Bruno Genest.

La Rotonde m’a offert une leçon de vie : il faut profiter des occasions qui s’offrent à nous pour poursuivre nos passions.

Ce genre d’expérience est toutefois en péril à cause de la menace financière qui noircit les perspectives d’avenir des journaux étudiants. Ces médias existeront-ils pour les futurs journalistes et tous ces étudiants pour qui une telle tribune offrirait une expérience qui pourrait s’avérer encore plus marquante que certains de leurs cours?

Un hebdo comme La Rotonde est essentiel pour assurer une vie démocratique à l’université et soulever des enjeux cruciaux, comme ceux liés aux rites d’initiation des nouveaux étudiants.

C’est aussi un instrument qui donne un sens accru à la vie sur un campus et fait en sorte que les étudiants peuvent sortir de l’université avec plus qu’un simple diplôme.

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