
Rougeole en hausse au Canada, risque élevé pour les étudiant.e.s.
Crédit visuel : Élodie Ah-Wong- Directrice artistique
Article rédigé par Lê Vu Hai Huong — Journaliste
La baisse du taux de vaccination contre la rougeole chez les jeunes a entraîné une résurgence majeure de la maladie au Canada, avec plus de 5 000 cas signalés en 2025. En conséquence, l’Organisation panaméricaine de la santé a retiré au Canada son statut d’élimination de la rougeole, obtenu en 1998. Un statut que le pays pourra regagner en démontrant l’interruption de la transmission pendant 12 mois et des efforts soutenus de vaccination. Notons que parmi les populations à haut risque se trouvent notamment les étudiant.e.s issu.e.s de l’immigration.
Le risque en milieu postsecondaire
Les personnes qui fréquentent des établissements d’enseignement postsecondaire figurent parmi les groupes les plus à risque d’exposition à la rougeole. Dans les milieux universitaires, la proportion d’étudiant.e.s dont la couverture vaccinale est incomplète est « non négligeable », remarque Giorgia Sulis, chaire de recherche du Canada de niveau 2 en épidémiologie des maladies transmissibles.
« Cette fausse impression de sécurité conduit à négliger la vérification du statut vaccinal et à reporter la vaccination », constate l’experte.
Les résidences étudiantes et les salles de cours comptent parmi les environnements que Sulis qualifie comme présentant une chance de transmission « élevée ». Elle explique que, dans ces endroits, le virus peut se transmettre rapidement, notamment si une personne contaminée se trouve sur place. Aux yeux de l’experte, les complications graves liées à la rougeole menacent partiellement les jeunes adultes.
La chercheuse poursuit en rappelant que la rougeole peut engendrer des conséquences graves, telles qu’une infection cérébrale qui peut entraîner des troubles neurologiques persistants.
La désinformation et la fausse sécurité comme causes
Une des raisons principales est, selon l’experte en épidémiologie, la méprise sur le danger de la rougeole : beaucoup de personnes « croient que la rougeole n’existe plus au Canada ». Elle ajoute que l’hésitation vaccinale a augmenté durant la crise de la COVID-19.
Durant la pandémie, Sulis rappelle que l’abondance de désinformation et la baisse de crédibilité envers les instances sanitaires ont entraîné une diminution de la volonté générale de se faire vacciner, dont contre la rougeole.
Selon vih.org, des études canadiennes en infodémiologie confirment que la méfiance envers la science et les vaccins augmente en raison de la propagation de fausses informations sur les réseaux sociaux.
De plus, le site avance que la pénurie de médecins de famille et les difficultés d’accès aux soins locaux ont également contribué à l’insuffisance de contrôle de l’apparition initiale de rougeole.
Une insuffisance de vaccination
Le statut vaccinal des personnes infectées met en lumière le déficit d’immunité collective : 89 % des cas en 2025 ne sont pas vaccinés, contrairement à 5 % ont reçu deux doses ou plus.
D’après les données du gouvernement canadien et de vih.org, le nombre de cas de rougeole rapportés au Canada est à son niveau le plus élevé depuis 30 ans. L’année 2025 marque une rupture historique, avec un total de 5208 cas signalés en date du 8 novembre, ce qui est plus de 50 fois supérieur à la moyenne annuelle enregistrée depuis 1998, d’après la même source.
Pour arrêter la transmission, l’Agence de la santé publique du Canada recommande de vacciner au moins 95 % de la population pour atteindre l’immunité collective. Sulis alarme parce que, plus le nombre d’individus non vaccinés ou partiellement vaccinés augmente, plus le virus se propage rapidement.
La voie à suivre
En cas de symptômes comme la fièvre, Sulis suggère à la population estudiantine de rester chez soi, consulter rapidement un professionnel de santé, éviter les contacts « rapprochés » lorsqu’on est malade ou qu’on attend un résultat médical, se laver les mains et suivre les consignes sanitaires en cas d’épidémie.
« La recommandation la plus importante est simple : se vacciner, se vacciner, se vacciner ! Même en cas d’incertitude »
– Giorgia Sulis –
Rachel MacLean, superviseure de promotion de la santé au Centre de Mieux-être étudiant, souligne, dans le cadre de ses campagnes de vaccination à l’Université d’Ottawa, que les étudiant.e.s uottavien.ne.s « reçoivent généralement les messages généraux concernant la prévention des maladies ».
Elle indique que son équipe a organisé deux cliniques de vaccination contre la grippe saisonnière, permettant à 718 étudiants de recevoir le vaccin.
Pour Sulis, la vaccination est « la meilleure mesure de protection et […] est extrêmement efficace » pour prévenir la rougeole et ses conséquences graves. Elle met en évidence que le vaccin protège non seulement chaque personne, mais aussi toute la collectivité.
Le Comité consultatif national de l’immunisation recommande que les étudiant.e.s qui ne possèdent pas de preuve d’immunité présumée doivent recevoir deux doses de vaccin de la rougeole, la rubéole et les oreillons. Pour ceux.celles qui ne sont pas certain.e.s de leur statut vaccinal, il est « tout à fait sécuritaire et vivement conseillé de recevoir le vaccin », précise Sulis.
