Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique
Article rédigé par Anna Meurot – Journaliste
Le Centre National des Arts (CNA) a lancé, le 25 mars dernier, la seconde édition de la série #DansEnvol. L’événement offre, jusqu’au 13 juin prochain, un ensemble de performances de danse, diffusées en direct sur son site internet. S’il dresse le portrait de différent.e.s artistes à travers le Canada, ces dernier.ère.s témoignent des défis et des opportunités qu’incombent l’adaptation au format virtuel.
Agente des communications et du marketing du CNA, Livia Belcea se réjouit du succès du projet observé jusqu’à maintenant, et se dit ravie que son organisation puisse offrir une plateforme pour les représentations artistiques dans le contexte de la pandémie. Crazy Smooth, danseur, interprète et chorégraphe, a profité de cette opportunité pour explorer davantage la scène virtuelle.
Espace pour créer
Belcea affirme que la pandémie a eu un large effet sur le milieu artistique ; les restrictions sanitaires ont défié les artistes sur plusieurs niveaux, notamment concernant la disponibilité de locaux où ont lieu les répétitions. C’est pour cette raison que la productrice générale de Danse CNA, Cathy Levy, a souhaité proposer avec cette initiative la diffusion d’œuvres en ligne, mais également « une résidence au CNA ou dans un autre local de répétition au Canada » aux artistes.
Cette proposition est capitale selon Crazy Smooth, qui confie sa difficulté à créer uniquement depuis chez lui. Il apprécie l’option de pouvoir travailler dans un cadre différent, et insiste sur l’effet bénéfique que cela peut avoir sur la qualité d’une production. Belcea souligne d’ailleurs les retours positifs de la part des artistes, et la « chance » que cette série représente pour celles et ceux qui ont récemment perdu leur espace de répétition habituel.
Création thérapeutique
Crazy Smooth détaille alors un processus de création qui a beaucoup changé dans l’optique d’une captation, tout en respectant les restrictions en place. Dans le cadre de l’élaboration du projet Finding »Out», il a été amené à travailler avec Tedd Robinson, chorégraphe également.
Accompagné de celui qu’il décrit comme son mentor, il explique que la pièce a été montée au travers de visioconférences, et qu’il a fallu apprendre à « ne pas essayer de tout contrôler ». Ce constat a donné naissance au titre de la pièce, qui invite selon lui à explorer sa perception de soi et de l’autre, tout comme Crazy Smooth et Tedd Robinson se sont découverts artistiquement à travers l’écriture de leur spectacle. Celui-ci sera disponible sur le site du CNA le 8 avril à 19h00.
Nouvelle scène ?
Belcea appuie que la diminution des coûts liés à la production en personne a permis d’offrir l’accès gratuit aux spectacles, et de diversifier le public du milieu. Le format virtuel a aussi donné à l’équipe une plus grande flexibilité dans l’organisation ; l’alternative fonctionne d’après elle, et devrait amener une réflexion sur les formats à offrir dans le futur.
Cependant, Crazy Smooth et Belcea s’entendent sur le fait que les arts de la scène impliquent traditionnellement la présence d’un public physique. L’agence des communications du CNA décrit que la substitution d’un public réactif, de l’ « énergie » et de la « rétroaction immédiate » de l’audience, par une caméra peut s’avérer très complexe.
Le virtuel est donc une bonne alternative, selon Crazy Smooth, « en attendant » mais il rappelle l’aspect social important de son art. S’il admet que « les meilleures performances sont parfois celles qui sont filmées, et non celles en face d’une audience », il aspire à retrouver le frisson de la représentation face au public au plus vite.
La pandémie et les épisodes de confinement ont mis en lumière des besoins de consommation importants chez les individu.e.s et une forme de détresse psychologique d’après le chorégraphe. Il confie le rôle primordial que l’art a joué à son avis, dans la persévérance collective face à une année plus que difficile sur une multitude de plans.