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Société : Personne n’est à l’abri de la vie

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29 octobre 2012

– Par Cyrine Taktak –

La 23e édition de la Nuit des sans-abris s’est déroulée le 19 octobre dans le parc Sainte-Bernadette, à Gatineau. Organisé à l’initiative du Collectif régional de lutte à l’itinérance en Outaouais (CRIO), l’évènement rejoignait un mouvement plus large visant à sensibiliser la population aux conséquences de la pauvreté. Dans près de 25 villes au Québec, des rassemblements se sont tenus pour « faire valoir la solidarité nécessaire dans le combat contre l’extrême pauvreté et l’itinérance », selon l’organisation de la Nuit des sans-abris.

Faire tomber les préjugés

 À 18 h, dans le parc Sainte-Bernadette, il n’y a pas foule. Sur un terrain boueux, quelques installations sont éparpillées ici et là. On distribue des habits, on offre du café, on informe. Au bout de quelques minutes, Jenny Villeneuve, coordonnatrice au CRIO, prend la parole pour expliquer que cet évènement existe surtout « pour faire tomber les préjugés ».

L’itinérance, en effet, est un processus complexe qui revêt de nombreux visages. Habituellement, c’est une lente dégradation des liens sociaux qui survient. Pour les plus vulnérables, la rue devient l’inévitable aboutissement.

Souvent, les personnes en situation d’itinérance doivent faire face également à des problèmes liés à la santé mentale, à la dépendance et aux violences. Lors de cette soirée, la présence d’organismes tels que le Centre de réadaptation en dépendance de l’Outaouais ou le centre Mechtilde était motivée par cette réalité.

Un esprit de solidarité

 Afin de représenter la lutte contre « la pauvreté, la solitude, le froid et le mal à l’âme », comme on peut le lire sur le site de l’organisation, des feux ont été allumés un peu partout. Au fur et à mesure, le parc s’est rempli, réunissant des enfants et des familles.

L’animation musicale a débuté avec une chanson de Jean-Sébastien Guy : Personne n’est à l’abri de la vie. Pour Sylvie, qui participait pour la deuxième fois à l’évènement, c’est un vrai réconfort. Elle affirme : « Ça m’aide de prier pour ces gens-là. Ils ont besoin d’aide ».

Nathalie Bourgaut, intervenante responsable de la sensibilisation à la violence conjugale au centre Mechtilde, explique que ce type d’initiative est très important car il permet de sortir les personnes en difficulté de l’isolement et du repli sur soi-même. Plusieurs intervenants agissant pour la réinsertion sociale et l’hébergement d’urgence étaient d’ailleurs présents.

« Je vis à l’heure. À la seconde »

Avant de se retrouver à la rue, Alain était serveur à l’Université d’Ottawa. Un engrenage de difficultés l’a préalablement mis en marge de la société avant de l’amener à devoir installer une tente sur le boulevard Saint-Joseph.

« Je n’ai plus rien. Je vis à l’heure. À la seconde », dit-il en décrivant l’épuisement et les pénibles implications de la vie itinérante. Son quotidien, c’est la solitude, l’exclusion. La situation des sans-abris aurait même empiré car, selon lui, de plus en plus de personnes viennent manger à la soupe populaire.

Il est très difficile de mesurer précisément quelle proportion de la population est touchée par ce phénomène. On sait cependant que davantage de femmes, de jeunes et de personnes âgées se retrouvent en situation d’itinérance. Au Canada, selon les dernières statistiques avancées par le gouvernement fédéral en 2005, près de 150 000 personnes en sont victimes chaque année.

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