
SWAM Ottawa : la natation, un moyen d’inclusion et de bien-être
Crédit visuel : Jurgen Hoth – Photojournaliste
Article rédigé par Joelluc Liandja – Journaliste
Swimming With a Mission (SWAM) Ottawa fait de la natation un levier d’égalité et d’inclusion pour les enfants en situation de handicap. Pour atteindre cet objectif, le SWAM s’appuie sur des bénévoles, dont plusieurs étudiant.e.s et diplômé.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O).
« La mission spécifique de SWAM Ottawa est d’offrir aux enfants en situation de handicap des leçons de natation et des expériences enrichissantes au contact de l’eau », explique Anna Barbour, co-présidente de SWAM Ottawa et vice-présidente de SWAM Canada. Présent dans 10 villes au Canada, ce programme repose également sur l’engagement des bénévoles dont certain.e.s étudiant.e.s et diplômé.e.s de l’U d’O, épaulé.e.s par quelques professionnel.le.s de la santé publique et des élèves du secondaire.
Selon Barbour, le SWAM Ottawa se démarque par son accessibilité : 40 dollars pour une session complète de huit semaines. Elle précise que des leçons inclusives destinées aux enfants en situation de handicap s’élèvent habituellement à près de 300 dollars pour une durée similaire. Engagée dans cette initiative depuis 2023, elle déplore le fait que beaucoup d’enfants ne puissent pas se permettre des leçons de natation.

Défis à relever
Barbour reconnaît que l’apprentissage peut parfois être difficile : « Beaucoup d’enfants ont du mal à s’habituer à l’eau. Il faut parfois jusqu’à trois semaines pour que certain.e.s acceptent enfin de se mouiller. À cela s’ajoutent aussi les défis liés à la communication. » Pour y remédier, le programme utilise des PEC (système de communication par échange d’image), accompagnés d’ images associées à des mots, pour faciliter les échanges avec les enfants. L’équipe comprend également des instructeurs multilingues, afin de répondre aux besoins variés des participant.e.s.
Par ailleurs, la procédure d’inscription, uniquement disponible en français et en anglais sur leur site web, représente un obstacle pour les parents ne maîtrisant pas ces langues. « Nous travaillons activement à déconstruire ces barrières pour rendre notre programme accessible à tous », précise Barbour. Toujours selon elle, l’accès au programme est aussi limité par un manque criant de bénévoles, ce qui entraîne de longues listes d’attente.
Barbour explique que les bénévoles n’ont pas besoin de certificat avant de rejoindre le SWAM, mais qu’une formation interne portant sur la natation, l’empathie et les différents types de handicap est offerte avant leur première interaction avec les enfants dans l’eau. Elle ajoute que le SWAM recrute les enfants via plusieurs canaux : « Nous avons des partenariats avec des physiothérapeutes, qui recommandent des jeunes participants, mais aussi la force du bouche-à-oreille via les réseaux sociaux et l’engagement des parents au sein d’une communauté très soudée. »
Impact humain derrière des leçons de natation
La demande étant forte, le programme accueille désormais de nombreux enfants, affirme-t-elle. Pour y répondre, l’équipe, jusqu’ici surtout recrutée à l’U d’O, s’ouvre à des bénévoles du Collège Algonquin et de l’Université Carleton. Elle souligne que, au-delà des compétences techniques, l’empathie, la communication et la pensée critique sont essentielles.
« Voir ces enfants progresser avec tant de joie est une grande source de satisfaction pour moi. J’apprécie particulièrement de contribuer au bien-être de la communauté. »
- Myriam Boucher -
Étudiante en B.A en psycholinguistique à l’U d’O, Myriam Boucher, sauveteuse et passionnée de natation depuis cinq ans, confie qu’elle a toujours aimé enseigner la natation et travailler avec des enfants ayant des besoins particuliers. « Je nourris cette passion depuis le secondaire, quand je travaillais comme aide-enseignante auprès d’enfants en situation de handicap», précise-t-elle.
Son engagement auprès de SWAM lui permet d’explorer concrètement le travail de communication avec ces enfants. « C’est vraiment ce qui me passionne et je sais que cette expérience influencera ma carrière, car j’aspire à devenir orthophoniste », a-t-elle conclu.
Boucher n’est pas la seule bénévole à trouver du sens dans son engagement. Gabrielle Tiangco, étudiante en sciences de la santé à l’U d’O, témoigne : « Ce que j’ai surtout appris, c’est la patience. Les leçons ne se déroulent jamais exactement comme prévu. Travailler avec des enfants et des bénévoles exige une présence constante et beaucoup de souplesse. »
Un parent confie qu’il pouvait enfin lâcher prise et prendre une sieste de 20 minutes dans sa voiture, rassuré que son enfant soit en sécurité avec l’équipe, confie avec émotion Tiangco.
« Nous sommes très reconnaissant.e.s pour toutes les expériences positives avec les moniteur.rice.s et le personnel de SWAM au fil des ans. Voir mon enfant s'épanouir avec d’autres enfants, alors qu’il n’aurait pas pu le faire dans un cours classique me touche profondément. »
- Parent d’un enfant apprenant -
Le ressenti de Tiangco rejoint celui des familles : la confiance dans l’équipe est au cœur de la réussite du programme et transforme le quotidien des enfants et des parents.