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Toilettes de genre neutre : L’accès aux toilettes, un combat quotidien pour plusieurs

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16 janvier 2017

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Par Yasmine Mehdi

En mai dernier, alors que le débat divisait les États-Unis, l’Université d’Ottawa faisait les manchettes en annonçant qu’elle aménagerait une salle de toilettes de genre neutre au 11e étage de FSS, une première à Ottawa. Si plusieurs nourrissaient l’espoir que ces toilettes soient inaugurées au début de la session d’automne, cette année n’a vu que peu de développements dans ce dossier. En attendant, plusieurs intervenants sonnent l’alarme et rappellent que beaucoup de travail reste à accomplir afin de faire du campus uOttavien un milieu plus inclusif pour les étudiants trans* et de genre non binaire.

En décembre dernier, Anaïs Arhanchiague, une personne de genre non binaire étudiant à la Faculté d’éducation, a approché La Rotonde après avoir rencontré des problèmes quant à l’accessibilité des toilettes et des vestiaires sur le campus. En effet, cette question a un impact très concret sur le quotidien d’Anaïs : « Je planifie ma journée autour de ça. Si je bois un café, je sais que je devrai aller aux toilettes par la suite, et ça me préoccupe. »

Anaïs a ajouté : « Je vais toujours dans la toilette pour hommes, parce que chaque fois que j’ai été dans les toilettes pour femmes, j’ai rencontré un problème, que ce soit en me faisant dévisager ou en recevant des commentaires. »

Il convient de rappeler que la violence à l’égard des personnes trans* et de genre non binaire persiste, et que les toilettes sont un des lieux où cette violence se manifeste le plus fréquemment. « Les services de protection se sont montrés très attentifs à ce sujet, parce qu’ils comprennent que cet enjeu concerne la sécurité de la communauté », a déclaré la professeure Kathryn Trevenen, directrice par intérim de l’Institut d’études féministes et de genre de l’U d’O.

Quand l’activisme étudiant s’avère efficace

Trevenen, qui milite pour que l’Université priorise ce dossier, a tenu à rappeler que c’est « l’activisme des étudiants qui a permis de mettre l’enjeu des toilettes de genre neutre à l’avant-plan ».   

Francesco Caruso, vice-président aux communications de la Fédération étudiante de l’U d’O, a ainsi expliqué que l’initiative était portée par le Centre de la fierté et par la vice-présidence à l’équité depuis quelques années. Caruso a poursuivi en promettant que la FÉUO « [continuerait] à militer pour d’autres salles de bain à genre neutre sur le campus ».

Ce militantisme semble avoir donné des résultats. Isabelle M.-Pulkinghorn, gestionnaire aux relations avec les médias, a confirmé à La Rotonde que le dossier des toilettes de genre neutre suivait son cours : « On prévoit avoir des salles de bain neutres en 2017 à l’Université d’Ottawa. »

Réponse insatisfaisante et persistance du problème à Minto

Si Anaïs se réjouit de cette annonce et du rôle qu’a joué le Centre de la fierté, iel* rapporte que très peu d’aide lui a été offerte après avoir fait appel au Centre. En effet, en novembre dernier, l’élève a envoyé un courriel afin de s’informer au sujet de l’absence de vestiaires de genre neutre au Centre sportif Minto et des recours possibles.

« Jusqu’à présent, je pouvais me changer chez moi. Maintenant, à cause de l’hiver, je ne peux plus le faire sans devoir apporter mes bottes et mon manteau, ce qui me rend mal à l’aise […] Je veux pouvoir m’entraîner sans avoir d’inquiétudes et sans ressentir d’humiliation pour qui je suis », peut-on lire dans le courriel, resté sans réponse.

Le lendemain, Anaïs se rendit au bureau du Centre de la fierté où les employés ne lui ont pas fourni de renseignements : « Je n’en reviens pas de la réaction que j’ai eue. On a traité ma demande de manière nonchalante, en moins de deux minutes, et personne n’a pu m’offrir de solutions ou d’informations. »

Interrogé à ce sujet, Caruso a assuré que la plainte serait rapportée à la vice-présidente aux affaires d’équité.  De son côté, Anaïs compte communiquer avec le Bureau des droits de la personne. 

Une école secondaire ottavienne déjà dotée de toilettes de genre neutre

À quelques rues de l’Université d’Ottawa, l’école secondaire De La Salle inaugurait en septembre dernier deux toilettes individuelles de genre neutre. C’est suite aux revendications des élèves du club de diversité LGBTQ+ de l’école que l’idée a été portée à la direction, qui a immédiatement soutenu le projet.

Megan Viau, enseignante impliquée auprès du club, aimerait voir plus d’institutions suivre l’exemple de son école afin d’éviter que des étudiants « qui ont pris l’habitude de pouvoir fréquenter des toilettes de genre neutre arrivent dans un endroit où ce n’est pas une possibilité, que ce soit une université, ou un milieu de travail ».

* Iel est un pronom de genre neutre

 

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