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Tour de table des deux rives 

Rédaction
27 juin 2020

Crédit visuel : Clémence Roy-Darisse

Par Clémence Roy-Darisse – Journaliste 

Je sentais déjà que l’été pointait le bout de son nez mais je n’osais pas l’attraper. Se faufilant entre les visières, les masques et les lunettes remplies par la buée, l’été était presque méconnaissable. La réouverture des restaurants au Québec et des terrasses en Ontario m’a toutefois fait changer d’idée. Assise à une table de restaurant, un verre à la main avec un.e ami.e, je constate que l’été est là, pour de vrai. Voici un petit tour de table des deux rives. 

Depuis le 15 juin, dans la région de Gatineau, les restaurants ont pu rouvrir, mais les bars où l’on fait la fête ne sont toutefois pas concernés par cette réouverture. En Ontario, les restaurants et les bars peuvent servir à l’extérieur seulement. Bien que les deux gouvernements exigent la distanciation sociale des personnes de ménages différents, cette règle est loin d’être appliquée partout en pratique. 

L’expérience du restaurant traditionnel se réinvente, mais elle n’est pas nécessairement accueillie avec moins d’enthousiasme. 

Le Troquet – resto/bar à spectacles 

Première sortie officielle au restaurant. Je m’habille comme s’il s’agissait d’un premier rendez-vous : belle robe, maquillage, cheveux coiffés etc. Je suis super excitée. Trouver un restaurant disponible pour nous accueillir mon amie et moi n’a pas été chose aisée. J’appelle le premier, réserve puis leur demande s’ils ont des mesures spécifiques pour la COVID-19. Ils me répondent qu’ils ne servent que les personnes d’une même résidence, car le restaurant n’a pas l’espace pour préconiser les deux mètres. J’avale. Ravale. Je suis une très mauvaise menteuse. « Allez-vous vraiment vérifier ? » demandais-je la voix crispée. Je raccroche et finalement rappelle pour annuler, me sentant trop coupable. Les trois autres restaurants ne m’ont tout simplement pas répondu. Ils étaient trop occupés, j’imagine ! 

Sourire masqué 

L’heureux élu est donc le Troquet, un de mes restaurants de prédilection pour réinventer le monde les yeux un peu pompettes. J’arrive sur la rue Laval, habituellement dérangée par les cris de groupes du cégep et les fonctionnaires qui finissent tout juste de travailler. Mais la rue est étrangement déserte.

Je rentre. On me reçoit avec un grand sourire caché derrière une visière et un masque. Je me désinfecte les mains et marche avec mon amie jusqu’à la terrasse. « On va vraiment beaucoup se parler aujourd’hui ! On n’a pas de menus à vous donner alors c’est moi le menu ! », ricane la serveuse. « Enfin du contact humain ! », je m’exclame, heureuse de parler à quelqu’un d’autre que ma mère. Je commande une énorme sangria d’été, avec thé glacé à l’intérieur. Puis, des crevettes à l’ail et leur fameux nachos végétarien.  

Mon amie et moi sommes assises à moins de deux mètres, à l’extérieur, mais une distance raisonnable nous sépare des autres visiteur.euses. De la musique joue, les gens rient, les tables ne sont pas toutes pleines, mais la plupart semblent avoir été réservées. L’expérience semble plus intime qu’à l’habitude. 

« Ça prendra du temps avant d’accueillir des spectacles à l’intérieur comme d’habitude », soupire la serveuse. Elle affirme être tout de même très heureuse de retourner au travail. « J’en pouvais plus chez moi ! Je suis habituée à bouger, à être dans l’action, avec les gens, je tournais en rond chez moi, physiquement je savais plus quoi faire de mon corps. C’est mon métier, ça. », nous explique-t-elle. Son énergie débordante transpire à travers le masque. Nous sommes toutes les deux bien contentes de la retrouver elle aussi, en tant que serveuse ! 

Moscow Tea Room 

Pour ma deuxième sortie, je me rends au coeur du Marché By, tout près de l’université. C’est étrange de revoir ces rues qui autrefois me tenaient compagnie. Je rentre. On m’accueille sans masque et avec un grand sourire. La décoration rouge et or rappelle la Russie et l’opulence. On m’assoit dehors à la terrasse.

18h50. On me donne un menu. Il ne semble pas avoir été désinfecté avant. Je suis arrivée juste à temps pour l’apéro qui se termine à 19h00. Je commande deux assiettes de perogies végétariens, une des spécialités du restaurant. La première assiette s’appelle « Nikita » et regroupe six perogies à la pomme de terre et au fromage agencés d’un mélange style bruschetta, de parmesan et de vinaigre balsamique. La deuxième, la « Viktor » regroupe six perogies à la pomme de terre et au fromage avec du fenouille, des oignons caramélisés et de la crème sure ; celle-ci est clairement ma préférée. Ces deux assiettes me remplissent et me reviennent au prix de 5$ chacune. Je souris, satisfaite d’avoir payé si peu. 

Verdict

Chaque rive apporte son lot d’avantages et d’inconvénients. Le Québec offre le service en salle à manger mais de ce que je vois, la protection et les mesures sanitaires semblent être davantage respectées, notamment le port du masque par les serveur.seuse.s. Oui, c’est étrange de se faire servir par un masque, mais les serveur.seuse.s de la rue Laval sont tellement chaleureux.ses que s’en est quasiment plus attendrissant. En Ontario, certain.e.s sont masqué.e.s, mais pas tous. En bref, je recommande le Troquet pour l’ambiance et leur sangria ainsi que leurs mesures d’hygiène. Moscow Tea Room est toutefois mon choix de prédilection pour un repas différent, peu dispendieux et très goûteux, si vous n’avez pas trop peur de la maladie. 

L’expérience n’a pas été pour moi anxiogène, au contraire ! Je vous conseille fortement de vous offrir ce petit instant de plaisir bien mérité. Réservez à l’avance, trouvez-vous le ou la meilleur.e partenaire de discussion et appréciez un bon souper sur une terrasse (en Ontario) ou en salle à manger (au Québec) ! 

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