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Trimestre en ligne : timide succès ou échec complet ?

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15 janvier 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Entrevues réalisées par Aïcha Ducharme-Leblanc – Journaliste

En septembre dernier, l’Université d’Ottawa a entamé son premier semestre complètement virtuel. Si au bout de quelques semaines déjà, les étudiant.e.s se sont rongé.e.s les sangs à propos d’une charge de travail démesurée, le semestre s’est-il terminé en beauté ? Des améliorations ont-elles été apportées ? Trois étudiant.e.s uottavien.ne.s, Emma Ouellette, Matteya Wendling et Olivier George, reviennent sur leur expérience en ligne. 

La Rotonde (LR) : Quel est votre nom, votre programme et votre année d’étude ?

Emma Ouellette (EO) : Je m’appelle Emma Ouellette, j’étudie en sciences biomédicales et je suis en troisième année.

Matteya Wendling (MW) : Mon nom est Matteya Wendling, et je suis dans ma troisième année en lettres françaises.

Olivier George (OG) : Je m’appelle Olivier George, je suis en troisième année et mon programme est le baccalauréat en sciences appliquées en génie électrique.

LR : Quelles modalités de livraison de cours avez-vous connues le semestre passé ? 

EO : J’ai eu un mélange des deux [asynchrone, synchrone]. J’avais deux cours qui étaient asynchrones et le reste [des cours] était synchrone. J’ai préféré la modalité asynchrone parce que je pouvais aller à mon propre rythme et mieux gérer mon temps.

MW : J’ai eu un peu un mélange des deux. J’ai eu trois cours qui étaient synchrones, deux desquels nous ne pouvions les suivre qu’à l’heure indiquée à l’horaire et pour l’autre, nous pouvions soit y assister de façon synchrone ou visionner l’enregistrement du cours après. Ensuite, j’avais deux cours qui étaient complètement asynchrones […] je pouvais les suivre à n’importe quelle heure pendant la semaine ou pendant le semestre.

Par rapport à ma préférence, ça dépend vraiment du contenu du cours. J’avais, par exemple, un cours d’allemand et c’était vraiment pratique de l’avoir de façon synchrone pour pouvoir pratiquer la prononciation. Je pense qu’enregistrer les cours donne aussi quelque chose de plus. Pour mon cours qui était synchrone et enregistré, je trouve que les enregistrements m’ont beaucoup aidé pour les évaluations. Même si je prenais des notes, même si j’écoutais, des fois je manque des choses, donc c’était vraiment bien de pouvoir retourner dans le cours. Mais, pour la plupart, j’ai vraiment aimé la modalité asynchrone. Je pouvais choisir quand faire le cours ce qui était bien, surtout que j’ai travaillé le semestre passé et des fois ça adonnait que je n’étais pas toujours disponible.

OG : J’ai eu un cours asynchrone et le reste de mes cours étaient synchrones, et pendant l’été, j’ai pris un autre cours asynchrone. J’ai préféré asynchrone parce que je pense que quand je suis présent au cours, c’est plus facile de suivre le rythme de la classe et d’être attentif.ve. Pour mes cours asynchrones, j’avais quand même des quiz à chaque semaine ce qui aidait à ce niveau-là, mais, surtout pendant l’été, j’ai fini par faire tout le cours [asynchrone] la journée avant l’examen final.

LR : Comment qualifieriez-vous votre expérience d’apprentissage virtuel du semestre passé ?

EO : Ce n’était pas aussi bien qu’en personne, mais il y a des professeur.e.s qui se sont bien adapté.e.s, et j’ai bien aimé les cours dans ces cas-ci. Un point fort de ce semestre passé a été les examens maison. Avec ces examens, j’ai appris davantage dans le cours comparé aux cours de sciences habituels dans lesquels il faut tout mémoriser. J’ai vraiment appliqué mes connaissances avec la vie de tous les jours, je pouvais mieux chercher dans mes notes, mieux analyser, j’ai beaucoup plus appris.

MW : En général, c’était pire qu’être en présentiel. Ça dépend du.de la professeur.e; il y a des professeur.e.s qui étaient super relaxes et qui comprenaient que c’était spécial ce qu’on vivait. Ils.elles étaient plus prêt.e.s à donner des extensions ou à modifier le type d’évaluations.

En règle générale, je pense que j’étais vraiment chanceuse parce que mes professeur.e.s étaient tou.te.s fantastiques et comprenaient ce qu’on passait à travers. Par contre, comme tout le monde, j’ai une professeure qui n’a pas fonctionné pour moi. Dans un de mes cours, on a changé de professeure au milieu du semestre, ce qui était quelque chose de très bizarre. C’était atroce parce que j’avais pris le cours pour la professeure qui enseignait le cours. La deuxième professeure qu’on a eue n’était vraiment pas ouverte d’esprit, elle imposait des limites de temps injustes. Je dirais grosso modo, j’ai été chanceuse, mais la qualité d’enseignement que j’ai reçue n’était pas la même qu’en présentiel.

OG : C’était correct. C’est toujours mieux d’étudier en personne, mais, il y a toujours des avantages et des désavantages. Ne pas avoir à prendre un bus et à me lever trois heures avant mes cours c’était bien, mais, avec l’enseignement virtuel, communiquer avec les profs c’est plus difficile. Transmettre la matière du cours en ligne, c’est plus compliqué.

Aussi, les laboratoires en ligne sont terribles. Par exemple, dans un laboratoire d’électronique, on simule des circuits électroniques. On faisait ça avant aussi, mais on avait aussi des circuits physiques. À présent, les circuits physiques ont été enlevés, donc, on avait essayé de faire un laboratoire avec des résultats qu’un assistant à l’enseignement nous avait donnés et c’était tout un mal de tête.

LR : Quelles habitudes, habiletés ou outils d’apprentissage avez-vous développés depuis le début de votre apprentissage en ligne ?

EO : Je suis beaucoup plus organisée maintenant. J’ai beaucoup mieux géré mon temps, j’ai fait des horaires pour planifier quand faire des choses. Je suis aussi plus débrouillarde.

MW : J’ai une meilleure communication avec les professeur.e.s. Quand j’étais en première et en deuxième année, j’avais un peu peur de poser des questions, de discuter et de partager des idées avec les professeur.e.s, mais, en ligne, avec les heures de bureau sur Zoom, je pense que les professeur.e.s étaient plus accessibles. […] Je me suis sentie beaucoup plus à l’aise pour poser mes questions parce que je n’avais pas vraiment d’autre moyen pour les poser qu’à travers mon courriel ou pendant les rencontres Zoom. De ce côté-là, j’ai développé un meilleure relation avec les professeur.e.s.

OG : Puisque tous les examens étaient à notes ouvertes [le semestre passé], je suis meilleur pour faire des aide-mémoires. […] C’est-à-dire que je peux mieux résumer toutes mes notes de façon plus lisible. Je me suis adapté pour mieux étudier pour ces examens en ligne. Au lieu de tout mémoriser, j’apprends à faire des index, j’apprends à mieux organiser toute la matière pour que je puisse l’identifier [dans les aide-mémoires].

LR : Le semestre virtuel a-t-il eu un effet sur votre santé mentale ou vos relations sociales ?

EO : J’ai passé beaucoup de temps dans ma chambre. La socialisation me manquait. Oui, on [les étudiant.e.s] peut se parler en ligne, mais ce n’est pas la même chose. Parfois tu veux parler de tes études, de ce qui se passe avec d’autres. La charge de travail était lourde et j’allais au travail, ça c’était de la socialisation, mais c’était différent. J’étais beaucoup plus isolée et beaucoup moins active le semestre passé.

MW : Oui, certainement. Ça a été vraiment difficile. Je vis à Ottawa même si je n’ai pas de famille ici parce que je loue une chambre et chez moi [dans sa ville natale], c’est très occupé, donc j’aurais plus de difficulté à me concentrer.

Mais, ça a été vraiment difficile, à un tel point que je suis rentrée chez moi pendant le mois d’octobre. Je ne pouvais plus gérer et je me sentais juste tellement isolée. Même avec une semaine de plus pour le congé des fêtes, c’était juste difficile de revenir à un monde qui je sais m’aide à réussir académiquement, mais qui je sais me rend plus seule.

OG : Non pas vraiment parce que je faisais tous mes laboratoires avec mes ami.e.s. évidemment, on est plus isolés [en étudiant virtuellement] à cause des lockdowns et des restrictions, mais, je parlais toujours avec mes ami.e.s deux fois par jour pour une heure ou deux. […] On se parlait pour faire les rapports de laboratoire ou encore pour s’entraider avec les devoirs. […] Je pense que la situation aurait été très différente si j’habitais seul, ou avec des gens que je n’aime pas.

LR : Est-ce qu’il y a des changements que vous espérez voir dans l’enseignement virtuel de ce semestre ? Lesquels ?

EO : Oui, j’aimerais voir la durée de cours par semaine respectée. C’est gros pour moi. Quand la durée d’un cours est de trois heures, selon moi, toutes les notes ou les enregistrements devraient respecter les trois heures allouées et ne pas aller au-delà de cela. Sinon, une grande charge de travail est ajoutée et il faut étudier, il faut faire les examens et les quiz.

Nous avons plusieurs cours et c’est difficile de gérer notre temps quand il faut consacrer tellement de temps à un certain cours. De plus, avec les enregistrements, le temps est imposé, il faut l’écouter au complet pour avoir accès à toute la matière. […] En personne je n’avais jamais autant de travail.

MW : Je trouve que plusieurs de mes cours étaient basés sur la formule de lire un article et puis le discuter en classe. Mais, « discuter de l’article » ça ne correspondait pas à une discussion engagée, c’était plutôt le.la prof qui le relisait. Je sais que c’est difficile de discuter à vive voix et de partager des idées dans des cours en ligne. […] Pour un programme comme le mien, on a vraiment besoin de discuter de nos idées et de les faire valoir auprès des autres, donc, j’espère que les professeur.e.s pourront peut-être plus faciliter ce partage.

OG : Pour la plupart de mes cours, je n’ai pas eu de problème. J’avais quelques professeur.e.s qui donnaient beaucoup de travail, mais ce n’était pas vraiment les professeur.e.s de génie, comme pour mon cours au choix, où on avait trois examens de mi-session, deux dissertations et un examen final, donc, c’était un peu intense, surtout pour un cours au choix. Je m’attends habituellement à un examen de mi-session, un examen final et quelques devoirs.

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