Une plongée théâtrale : L’Ivresse des profondeurs par le Théâtre la Catapulte
– Par Paola Boué –
La semaine dernière, le Théâtre la Catapulte présentait la pièce L’Ivresse des profondeurs, de la compagnie de création Nuages en pantalon. Ce spectacle mêlant danse et jeu théâtral, deuxième volet d’une trilogie de représentations pour enfants, adolescents et adultes, a été conçu pour la célébration des dix ans de la création de la compagnie.
L’Ivresse des profondeurs est l’histoire d’une bande de quatre adolescents, qui, fascinés par l’eau, se proposent de découvrir plus profondément ce que cache le fond de l’océan. Leur recherche dans les eaux profondes les amène, non seulement à trouver toutes sortes d’objets incongrus – porte, pneu, plastique – rappelant l’enjeu environnemental que représente l’eau de nos jours, mais aussi et surtout, à se découvrir eux-mêmes à travers des relations amicales, amoureuses et tumultueuses.
C’est ce que nous explique Jean-Philippe Joubert, le metteur en scène : « Le spectacle se fait sur deux niveaux : la protagoniste s’exprime beaucoup plus sur ce sentiment d’impuissance par rapport au discours écologique que l’on entend et qui est extrêmement envahissant, bien que très important. Et cela a été mis en relation avec la microsociété que sont ces quatre amis qui, dans leurs relations, n’arrivent pas à garder une unité, et il survient dans leurs rapports un certain chaos. » Ainsi, les quatre personnages partent à l’assaut de l’immensité de l’océan, mais se mesurent dans le même temps à cette grande aventure qu’est la vie. « Dans l’adolescence, il y a l’idée de se confronter à la vie, d’essayer de s’y tremper ; on essaye, on se trompe, on travaille, on change », nous explique M. Joubert.
Le spectacle allie alors une découverte profonde de soi par un « plongeon en soi-même », et une certaine sensibilisation quant à l’eau et à sa valeur, sans pour autant tomber dans le discours moralisateur et redondant.
Outre un jeu théâtral particulièrement juste de la part des acteurs, qui nous font rire et nous émeuvent, la mise en scène interpelle et intrigue le spectateur. La scène est remplie d’eau et de centaines de bouteilles en plastique dans lesquelles les comédiens dansent et se déplacent. L’eau étant le « point de départ », le point central de la pièce, il est légitime de la retrouver sur scène. « Quant aux bouteilles, elles provoquent tout d’abord le chaos, [rappelant celui de leurs relations], et représentent aussi l’envahissement de ce message récurent sur l’environnement », précise le metteur en scène.
Le spectacle L’Ivresse des profondeurs suscite un plaisir tant auditif – avec une musique plaisante et touchante – que visuel par l’originalité de la mise en scène.