
Université d’Ottawa: la diversité culturelle existe, mais qui la voit ?
Crédit visuel : Élodie Ah-Wong— Directrice artistique
Article rédigé par Lê Vu Hai Huong — Journaliste
Plus de 300 clubs culturels de l’Université d’Ottawa (U d’O) travaillent à l’intégration de différentes communautés, telles que les Congolais, les Sud-Asiatiques, les Arabes, les Latino-Américains et bien d’autres. Pourtant, malgré ce dynamisme multiculturel, certains groupes continuent de faire face à d’énormes défis de visibilité et d’engagement.
Selon Corina Wong, présidente de Telfer International(TI), les initiatives collaboratives comme la Vitrine culturelle, qu’elle dirige, font rayonner la diversité des clubs culturels sur le campus. Elle explique que ces activités permettent de partager des traditions et des expériences auprès de plus de 40 000 étudiant.e.s uottavien.ne.s.
De même, Marc-Aurèle Bossongbra, président de l’Association des étudiants internationaux (AÉI), mentionne Le Classico, une compétition de danse lancée par son club en partenariat avec l’Association des Leaders étudiants noirs et la Maison internationale (MI). Il souligne que cet événement a rassemblé les cultures, favorisé la communication, et créé un environnement plus inclusif. La MI a également organisé la Semaine internationale du 10 au 14 novembre, en partenariat avec plus de dix ambassades et une vingtaine de clubs uottaviens.
« Des événements [collaboratifs] ne se contentent pas de mettre en avant la diversité, ils créent des liens entre les clubs et aident les étudiant.e.s à découvrir de nouvelles communautés qu’ils.elles ne connaissaient peut-être pas », avance Wong.
Une diversité en quête de visibilité
L’un des défis que le président de l’AÉI identifie est l’existence de « cliques sociales » qui nuisent à la communication interculturelle. Selon lui, cette dynamique limite la capacité des étudiants et étudiantes à s’engager au-delà de leur propre cercle culturel, qu’il soit régional ou multinational. « De nombreux étudiant.e.s ne découvrent les clubs culturels que par le bouche-à-oreille ou les réseaux sociaux, ce qui restreint leur visibilité aux cercles déjà existants », observe-t-il.
Une autre difficulté, selon Bossongbra, tient au fait que les activités culturelles circulent souvent uniquement au sein de cercles ou de réseaux spécifiques. Cette situation est accentuée par la forte dépendance des clubs aux médias sociaux pour assurer leur visibilité. Ainsi, certain.e.s étudiant.e.s ne savent peut-être pas où chercher l’information, ou ne se reconnaissent pas dans les groupes existants, explique-t-il.
L’unité dans la diversité
La présidente de TI suggère la création d’un calendrier commun entre les clubs culturels ou d’un « Mois culturel » afin d’aider les étudiant.e.s à découvrir l’ensemble des activités culturelles sur le campus.
Bossongbra et Wong insistent sur le fait que l’Université et le Syndicat étudiant de l’U d’O, dont fait partie le Bureau du Service d’administration des clubs, ont un impact majeur, notamment dans la promotion des événements collaboratifs à grande échelle. Le président de l’AÉI reconnaît d’ailleurs l’existence de la plateforme Bounce, qui facilite la communication des activités étudiantes sur le campus.
Pourtant, Bossongbra estime qu’un portail unique, constamment mis à jour régulièrement et répertoriant l’ensemble des organismes, les événements et les opportunités de bénévolat, faciliterait et enrichirait considérablement la participation étudiante.
Wong, quant à elle, propose d’améliorer la visibilité des clubs en utilisant davantage les canaux officiels de l’université : réseaux sociaux, infolettres, et même les écrans du campus. La présidente de TI souhaite aussi un financement de l’U d’O pour que les initiatives culturelles se transforment en traditions durables sur le campus, plutôt que de simples événements ponctuels.
Pour plus d’efficacité
Bossongbra insiste sur l’importance de l’engagement actif de la population estudiantine. Il rappelle que les clubs étudiants ont un caractère éphémère en raison du statut bénévole de leurs membres et du fait que ces personnes étudient à temps plein. À son avis, cela réduit l’engagement et limite l’impact à grande échelle et sur le long terme. «D’innombrables initiatives formidables ont démarré avec enthousiasme, mais ont fini par s’essouffler en raison d’un manque d’engagement », avance-t-il.
Il reconnaît que les étudiant.e.s sont souvent submergé.e.s par les informations liées aux cours, à l’U d’O et à leurs responsabilités personnelles. Il les encourage néanmoins vivement à participer aux activités culturelles afin de profiter pleinement de leur expérience universitaire.
Une partie de la mosaïque
L’U d’O compte une riche diversité de clubs culturels qui jouent un rôle essentiel dans la création d’un campus inclusif et ouvert sur le monde. Parmi eux, plusieurs associations se démarquent par leurs initiatives.
©: Association des Étudiants béninois de l’Université d’Ottawa, Association des étudiants irakiens, Comité marketing de Dawah Canada à l'Université d'Ottawa, Association des étudiant.e.s asiatiques en droit civil de l’Université d’Ottawa
L’Association des étudiant.e.s béninois de l’U d’O a pour événement phare, la soirée culturelle béninoise. Elle permet aux participant.e.s de découvrir les danses, la musique, la gastronomie et les tenues traditionnelles du Bénin. L’association organise également des cafés-rencontres interculturels en collaboration avec d’autres clubs, favorisant ainsi l’échange entre différentes communautés étudiantes.
De son côté, uO Heyya se présente comme un espace solidaire réunissant principalement des étudiantes arabes. Le club met en place des discussions, des activités culturelles, ainsi que des événements sociaux visant à renforcer les liens entre ses membres et à offrir un environnement accueillant aux nouvelles venues.
Le club Dawah Canada uOttawa poursuit quant à lui une mission de sensibilisation et de dialogue autour de l’Islam. Fidèle à la signification du mot dawah, qui se traduit par « invitation », il tient des discussions hebdomadaires, souvent autour des tables du sous-sol du UCU, pour encourager la compréhension mutuelle. Les membres soulignent que le succès de leur démarche ne se mesure pas par la conversion, mais par la qualité des échanges.
L’Association des étudiant.e.s asiatiques en droit civil de l’Université d’Ottawa, compte aussi parmi les centaines des clubs. Leur événement le plus marquant demeure la célébration du Nouvel An lunaire, une occasion festive de découvrir la gastronomie asiatique, la musique et divers ateliers créatifs.
Ensemble, ces associations enrichissent la vie étudiante et offrent aux étudiant.e.s de multiples occasions de tisser des liens, de découvrir de nouvelles cultures et de célébrer la pluralité qui anime le campus.




