Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

La vie en prison, exposée

Culture
24 septembre 2018

Par : Maeve Burbridge, journaliste

Pour son 50e anniversaire, le département de criminologie de l’Université d’Ottawa tient une exposition d’art qui aborde les effets psychologiques du système de justice pénal par ceux qui l’ont connu de l’intérieur. Le tout tapisse les murs du Café Nostalgica, sur le campus.

L’exposition présente des oeuvres d’art qui abordent le sujet de la vie en prison, créées par des artistes qui ont vécu ou qui vivent présentement l’incarcération. Les 27 et 28 septembre auront lieu une vente aux enchères des tableaux présentés, dont tous les profits reviendront aux artistes.

Oeuvres sombres

Les oeuvres d’art exposées sont moroses et parfois troublantes, suivant la thématique de l’incarcération et de ses effets. L’exposition en général exprime un sentiment d’emprisonnement physique aussi bien que psychologique. Le message qui est envoyé à l’observateur souligne la plus grande forme de torture du système de justice pénal, qui fait en sorte que la conscience du détenu devienne aussi sa prison. Il est extrêmement difficile d’échapper à une prison psychologique.

L’un des objectifs principaux de l’exposition est effectivement de faire en sorte que l’observateur perçoive la mentalité de quelqu’un qui est incarcéré, selon l’organisatrice Sylvie Frigon, professeure titulaire au département de criminologie. « L’art qui est ici me donne un sentiment profond. C’est comme une aperçu de l’état mental de la personne en prison. C’est très spécial », relate Scott Turpin, étudiant de deuxième année en kinésiologie.

Effets psychologiques

Le système de justice pénal au Canada est critiqué d’un point de vue éthique de manière véhémente par plusieurs. En effet, l’administration Harper avait abordé le système pénal d’une manière beaucoup plus punitive qu’autrefois. Pendant cette période, de plus en plus de canadien.ne.s se sont mis.e.s à questionner certaines pratiques pénales, telles que l’isolement, jugé inhumain et immoral. L’exposition du département de criminologie confirme ces inquiétudes, ce qui amène l’observateur à s’interroger sur les objectifs de la prison.

L’exposition illustre une prison qui impose aux détenus une souffrance profonde et écrasante. Si l’objectif de la prison est de punir le détenu, alors le système a réussi. Cependant, les effets psychologiques de la prison ne disparaissent pas dès que le détenu sort du complexe. « Quand on est incarcéré, il y a certaines pratiques qui sont très dégradantes et difficiles pour l’estime de soi et la projection de soi-même dans le futur », confirme Frigon.

But positif

Le but de l’exposition est cependant très optimiste et véhicule un certain espoir quant à l’avenir. Le Département vise à représenter les détenus de manière positive et aider à leur réhabilitation et leur réintégration à la société, à travers l’art. « Pour nous, l’art est une forme de thérapie, c’est une façon de se réinsérer dans la société. Le message le plus important est de montrer que même si les gens vont en prison, ils peuvent se réhabiliter. L’exposition veut envoyer un message d’espoir », affirme la professeure.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire