Après le discours du trône du gouvernement provincial de l’Ontario, le 12 septembre dernier, plusieurs attestent que les Libéraux auraient oublié les francophones. Comment expliquer autrement le manque flagrant de mention d’investissements dans l’avenir de la communauté franco-ontarienne? La réponse, en effet, est très simple.

Le gouvernement ontarien se fout des francophones.

La mascarade francophile du Parti libéral de l’Ontario est déchirée. La démission de Madeleine Meilleur et l’attitude de sa successeure, Marie-France Lalonde, rendent ce fait évident. En mars dernier, je vous ai écrit dans La Rotonde que Mme Lalonde ne manquait d’aucune qualification pour représenter les francophones à l’Assemblée législative, bien qu’elle s’y prenne de manière peu sincère et efficace.  Je mets au clair que je ne remet point ici les qualifications de Mme Lalonde en question.

Je dénonce plutôt le manque d’outrage de sa part suite à un discours du trône extrêmement décevant pour les Franco-Ontariens : aucune mention d’université, d’augmentation d’offre de cours, rien merde, et ce moins qu’une semaine après que les Libéraux aient tué le projet de loi 104, avec la prorogation de l’Assemblée. Il relève du devoir de la ministre déléguée aux Affaires francophones de revendiquer les droits de notre peuple; mais Mme Lalonde se préoccupe plutôt du sort de son parti – qui d’ailleurs est sur la route d’un massacre aux urnes en 2018 – que le sort de la communauté franco-ontarienne.

Sa réponse à La Presse quant au sujet de l’Université de l’Ontario français, « [c]’est garanti que ce n’est pas aux oubliettes. Je demande aux gens aujourd’hui de me faire confiance. C’est un dossier prioritaire » en est une digne de conseil d’élèves au secondaire : « J’ai rien accompli à date, mais je vous promets que je vais faire de quoi, ayez confiance en moi! »

Mme Lalonde, je n’ai pas confiance en vous. Vous ne l’avez pas encore mérité. Vous avez l’opportunité de faire inscrire votre nom de manière permanente dans le mythe franco-ontarien : la ministre qui nous a donné la complétude institutionnelle qu’on demande depuis maintenant 70 ans. Mais votre manque de revendications auprès de votre parti est criant : entre l’avenir du gouvernement libéral et l’avenir de l’Ontario français, vous avez bel et bien mit au clair votre choix, frustrant et égoïste qu’il le soit.

Mais vous avez en même temps raison, Mme Lalonde. Le projet d’une université n’est pas oublié par la communauté franco-ontarienne : il est maintenant à vous de prouver qu’il n’a pas été oublié par votre gouvernement.

– Lucas « perpétuellement en tabarnak » Egan