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Table-ronde « Ne suis-je pas une femme? » : Sortir le féminisme de l’Université

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11 avril 2016

Yasmine Mehdi

Le 7 avril dernier se déroulait un évènement organisé par les membres du Groupe de recherche d’intérêt public de l’Ontario (GRIPO) ainsi que de Papothé, un groupe de femmes racialisées. Si la discussion devait être centrée sur le livre de bell hooks Ne suis-je pas une femme?, publié en 1981 et traduit en français 2015, les panélistes ont surtout parlé de la situation des femmes racialisées dans les milieux universitaires. Retour sur un évènement qui a fait rire, pleurer et réfléchir la cinquantaine de personnes qui ont rempli les locaux du Carrefour francophone.

Rassembler les chercheuses racialisées autour d’une table

L’animatrice de la table-ronde était Amandine Gay, conférencière établie, pigiste, étudiante diplômée et auteure de la préface du roman de bell hooks. « C’est un de ces livres que j’ai lus et où je me suis dit ‘Je ne suis pas folle, je ne suis pas seule, tout ceci existe, nous avons toutes vécu la même chose!’ », s’est-elle exclamée par rapport à l’ouvrage.

Au gré de discussions sur des sujets tels que l’histoire de l’afro-féminisme, l’intersectionalité, la pédagogie militante ou la dévalorisation du savoir non-occidental, les panélistes ont su capter l’attention de leur public. Le panel était composé des doctorantes de l’Université d’Ottawa, Deka Omar Ahmed, Valérie Masumbuko et Marie-Eveline Belinga, les deux dernières étant aussi co-fondatrices de Papothé, ainsi que d’Anahi Morales Hudon, professeure adjointe à l’Université Saint-Paul.

Bien que les panélistes aient chacune des spécialisations et des expériences différentes, elles partageaient un constat : le manque d’évènements se centrant sur les chercheuses racialisées. Belinga participait d’ailleurs à sa première table-ronde de la sorte. Émue, elle a déclaré : « On m’a souvent traitée de folle, de radicale ou d’emmerdeuse alors que mes collègues m’appellent courageuse, créative, résiliente et aimante. »

« Faire sortir le féminisme de l’Université »

« Il faut faire sortir le féminisme de l’Université. » Cet appel à la démocratisation du savoir a été une des premières phrases prononcées par Gay. Elle a également donné le ton à une discussion animée sur les enjeux auxquels font face les femmes racialisées en milieu universitaire, que ce soit la sous-représentation au sein du corps professoral, les curricula loin de leurs intérêts, les conditions socioéconomiques défavorables ou le peu d’écrits disponibles en français.

Cécile Coderre écoutait ces discussions d’une oreille attentive. Professeure à l’École de service social depuis plus de trente ans ayant vu le pourcentage de professeures à l’U d’O presque tripler, elle intégrait les textes d’Angela Davis à ses syllabus des années 80. Au terme de la conférence, elle a déclaré : « Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de places pour les savoirs féministes, mais surtout une contribution au savoir beaucoup plus diversifiée qu’à l’époque. »

Du progrès donc, mais toujours beaucoup de travail à faire. Masumbuko livre pour sa part un discours rempli d’espoir : « Dans nos histoires, il n’y a pas que l’oppression, nous avons une richesse extraordinaire à partager. »

 

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