Le suicide représente un fléau au sein de la population étudiante et l’Université d’Ottawa (U d’O) n’y fait pas exception. Aucune donnée ne révèle toutefois si l’on assiste à une recrudescence de celui-ci.
Interrogé à ce sujet, Donald Martin, chef du Service de counselling et de développement personnel à l’Université, répond d’emblée « qu’il est préférable de parler en termes de taux de suicide plutôt qu’en nombre absolu ». « Il n’y a pas de preuve démontrant que ce taux soit à la hausse au cours des dernières années », poursuit-il, lui qui œuvre depuis près d’une trentaine d’années à l’U d’O.
Néanmoins, une nouvelle tendance semble se dessiner actuellement. En effet, le taux d’étudiants faisant face à la dépression ou à une autre maladie mentale est très élevé. « Le nombre de prescriptions d’antidépresseurs réclamées dans notre régime d’assurance santé est à la hausse et, aujourd’hui, c’est la deuxième prescription la plus réclamée de tout notre régime, après les contraceptifs », dévoile Anne-Marie Roy, vice-présidente aux communications à la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO).
Un problème pour plusieurs
Contrairement à la croyance populaire, la mort ne représente pas toujours le but ultime des personnes ayant des pensées suicidaires. « Elles ne songent pas à la mort parce qu’elles veulent mourir, mais bien parce qu’elles souhaitent mettre un terme à leurs douleurs », souligne Arianne Richeson. Les raisons menant au suicide varient en fonction des individus, mais certaines d’entre elles telles que les études, la situation financière et les relations interpersonnelles sont les plus fréquentes. « La détresse éprouvée par les étudiants nous téléphonant est souvent liée au stress. Les mois de novembre, mars et avril sont très chargés au centre, nous recevons beaucoup plus d’appels », révèle-t-elle.
Cette détresse psychologique se manifeste, dans la plupart des cas, par un changement dans les habitudes de l’individu. Celui-ci peut cesser de manger ou, au contraire, s’alimenter davantage qu’il le faisait auparavant, aborder la vie avec un certain pessimisme et chercher à s’isoler. Il est primordial de porter attention à ces changements et, surtout, de se méfier des « passes joyeuses » de la personne en question. « Souvent, les personnes songeant au suicide se disent heureuses et semblent plus en santé dans les jours précédant l’acte », poursuit madame Richeson.
Le rôle de l’Université
« L’U d’O ne répond pas aux besoins de la population étudiante pour ce qui est de la santé mentale. Les ressources sont limitées », déplore Anne-Marie Roy. Le Service de counselling et de coaching, offert par le Service d’appui au succès scolaire (SASS), vient quotidiennement en aide à des étudiants en crise. Mais, pour ceux ayant fréquemment des idées suicidaires, le service préfère les envoyer vers d’autres services, comme l’unité de santé mentale du Service de santé ainsi que le Centre des services psychologiques.
« Notre décision de référer ces autres étudiants vers des soins plus spécialisés ne tient pas à une « préférence » de notre part, mais plutôt à un souci de travailler dans les limites de nos compétences », affirme Donald Martin. « Ces étudiants sont ainsi traités en priorité et c’est gratuit, ou presque », ajoute-t-il.
De son côté, la FÉUO gère le Centre d’entraide, offrant quant à lui des services d’écoute active et de mentorat. « Ces deux services ont été adoptés à la demande des étudiants qui ont voté en leur faveur lors de référendums, alors qu’il y avait un manque de services à l’appui des étudiants de la part de l’Université », conclut Anne-Marie Roy.
La Fédération s’est battue pendant près de trois ans afin que l’Université instaure une semaine de lecture lors de la session automnale, constatant le niveau de stress élevé des étudiants. Celle-ci a eu lieu pour la première fois en 2009.