Par: Gabrielle Lemire
Soukaina Boutiyeb, Directrice générale de l’alliance des femmes de la francophonie française
- Quelle est votre définition du féminisme ?
On ne nous pose pas toujours cette question-là, malheureusement. Quand je pense au féminisme, je pense à des mots, je pense à l’autonomisation des femmes, outre l’empowerment, je pense aux droits des femmes, je pense à l’équité, je pense que c’est de vouloir à l’autre ce qu’on veut pour nous-mêmes. Le féminisme, c’est de reconnaître évidemment que les droits devraient être justes pour tout le monde, et qu’on prône l’équité. C’est de reconnaître que ce n’est pas tout le monde qui a les mêmes opportunités. Le féminisme est là pour nous rappeler qu’on doit s’affirmer pour être respectée.
- Pourquoi certaines personnes ne croient-elles pas que le féminisme soit nécessaire en 2019 ?
Il y a une partie des gens qui ne veut pas voir qu’il existe des iniquités parce qu’il y a un confort dans leur vie. Accepter que d’autres personnes n’ont pas ce confort devient difficile pour ces personnes-là, qui ne sont pas prêtes à faire des changements dans leur propre vie pour la justice sociale. Dans le cas de l’autre partie des gens, c’est simplement un manque d’éducation, alors une fois qu’ils en apprennent plus, ils se rendent compte qu’on a encore besoin de féminisme de nos jours.
- Quels sont présentement les enjeux les plus pressants pour les femmes au Canada ?
On a l’impression qu’on a une équité salariale au Canada. On a les mêmes options de carrière pour les hommes et les femmes donc on pense qu’on a les mêmes conditions de travail, mais on a vu aujourd’hui qu’en fin de compte, il y a encore énormément d’écart. Si on se fie aux statistiques, on aurait encore besoin de 150 ans avant d’atteindre l’équité salariale. Il y a aussi du travail sur la question du consentement : est-ce que notre société est parvenue à comprendre c’est quoi le consentement ? Il y a encore énormément d’éducation à être faite. Également, les organismes de femmes en situation linguistique minoritaire sont peu ou pas financés par le gouvernement.