
Accord conclu entre l’APUO et l’Université d’Ottawa
Crédit visuel : Camille Cottais — Rédactrice en chef
Article rédigé par Tom Chazelle Schulze — Journaliste
Après six mois de bras de fer, l’Association des professeur.e.s de l’Université d’Ottawa (APUO) et l’administration centrale de l’Université d’Ottawa (U d’O) ont annoncé, le 17 janvier dernier, avoir trouvé un terrain d’entente. Derrière les gains obtenus se cachent des concessions et des revendications non satisfaites. L’entente a été soumise à un vote de ratification, qui l’a emporté hier avec 861 membres pour et 25 contre.
Quelques avancées concrètes pour les professeur.e.s
L’entente de principe, présentée le 13 février lors d’une assemblée générale extraordinaire, par la négociatrice en chef pour l’APUO Dalie Giroux, introduit plusieurs améliorations pour les professeur.e.s à temps plein de l’U d’O. Parmi les principales avancées, Giroux mentionne la réduction de charge de travail pour les professeur.e.s des facultés des Arts, d’Éducation et de l’École de gestion Telfer. Ces professeur.e.s voient leur charge de cours passer de cinq à quatre cours par année. De même, les professeur.e.s de langues devront désormais dispenser six cours de trois crédits par an, contre sept auparavant.
La nouvelle convention collective garantit également l’intégration d’un plancher d’emploi, assurant un nombre minimal de postes. Ce principe, qui se trouvait auparavant dans une lettre d’entente renouvelable, explique Giroux, devient à présent une clause permanente.
La négociatrice en chef explique également que des mesures conjointes entre l’APUO et l’administration centrale ont été mises en place afin de renforcer les conditions de travail du corps professoral. Un premier groupe de travail conjoint sur le support administratif a été créé pour évaluer les ressources disponibles et proposer des améliorations pour la charge administrative des professeur.e.s. Un second groupe travaillera sur l’assistanat à l’éducation et à la correction, dans le but d’améliorer les conditions de soutien pour les professeur.e.s, un enjeu clé selon elle pour la qualité pédagogique et la charge de travail.
Giroux souligne l’addition d’une clause qui permettra à ceux et celles qui occupent un poste de remplacement depuis au moins sept ans d’accéder à un poste permanent. De plus, elle mentionne la création d’une échelle de progrès dans le rang pour les bibliothécaires, leur permettant d’accéder plus facilement aux augmentations.
Sur le plan financier, la négociatrice explique que l’accord prévoit une augmentation salariale de 2,5 % par an, qui sera rétroactive en commençant au premier avril dernier, date à laquelle l’ancienne convention est arrivée à échéance.
Une gouvernance inchangée et des perspectives limitées
Bien que l’accord soit « très honorable » d’après Giroux, il laisse également en suspens des revendications majeures selon la négociatrice en chef, dont une réforme de profondeur de la gouvernance universitaire. C’est ce qu’avait réclamé Dimitri Karmis, président de l’APUO, après l’annonce du départ de Jacques Frémont. Le comité de négociation se serait heurté à un vrai « mur » avec l’administration, qui refuserait catégoriquement toute modification du processus de sélection des doyen.ne.s et du ou de la président.e. Cette posture montre les limites du rapport de force entre l’administration et les syndicats, estime Giroux. Elle explique que « même si [l’APUO avait] accepté des réductions salariales en échange, ils n’auraient pas cédé sur la gouvernance. Pour eux, c’est une question de principe ».
Parmi ces revendications, Giroux explique que l’APUO a tenté de garantir un accès à un service de garderie pour les professeur.e.s, mais aussi les autres employé.e.s universitaires. Cependant, malgré plusieurs solutions proposées, l’administration a refusé la demande, arguant qu’elle ne pouvait pas garantir directement l’accès au service, qui dépend d’organismes externes. Pour l’APUO, ce refus représente un manque d’ouverture préoccupant, qui pourrait devenir un point de tension majeur dans les négociations futures.
Entre satisfactions et préoccupations
Au sein de la communauté universitaire, l’entente de principe suscite des réactions diverses. Si l’APUO y voit une avancée notable pour les professeur.e.s, d’autres groupes, comme le syndicat des professeur.e.s à temps partiel (APTPUO), des employé.e.s de soutien (SCFP 2626) et des étudiant.e.s de premier cycle (SÉUO), expriment leurs perspectives sur les implications de l’accord et son impact potentiel sur l’ensemble du campus.
Rappelant le rôle crucial de la mobilisation par le biais, entre autres, du mandat de grève et de la pétition, Giroux se dit satisfaite du compromis trouvé. « C’est une entente honorable qui apporte des améliorations concrètes aux conditions de travail de nos membres. Elle ne règle pas tout, mais elle ouvre la porte à des avancées futures », exprime-t-elle.
Du côté de l’APTPUO, Luc Angers, vice-président de la mobilisation des membres, félicite l’APUO de l’accord trouvé, mais craint que sa mise en application ne soit effective que pour les chargé.e.s de cours. Il redoute que l’Université privilégie augmenter la taille des groupes d’étudiant.e.s, plutôt qu’embaucher plus de personnel.
Similairement, Delphine Robitaille, présidente du SÉUO, est elle aussi craintive concernant la question du ratio étudiant.e.s-professeur.e.s. Toutefois, la présidente accueille l’entente avec soulagement, notamment parce qu’elle permet d’éviter une grève qui aurait perturbé le semestre d’hiver, précise-t-elle. Nicholas Dallaire, président du SCFP 2626, se dit quant à elle prudemment optimiste, notamment car les priorités de l’APUO et du SCFP 2626 sont souvent similaires.