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L’APUO en négociations avec l’Université d’Ottawa : entrevue avec Dalie Giroux, négociatrice en chef

Hai Huong Le Vu
6 août 2024

Crédit visuel : Camille Cottais — Rédactrice en chef

Entrevue réalisée par Hai Huong Lê Vu — Journaliste

Depuis le 12 juin, l’Association des professeur.e.s de l’Université d’Ottawa (APUO) est en négociation avec l’administration de l’Université d’Ottawa (U d’O) afin d’établir sa nouvelle convention collective. La Rotonde a pu s’entretenir plus amplement sur ce processus avec Dalie Giroux. Politologue de formation et professeure à l’U d’O depuis 2003, elle occupe le poste de négociatrice en chef à l’APUO.

La Rotonde (LR) : Quelles sont les priorités de l’APUO dans les sessions de négociations ?

Dalie Giroux (DG) : On a développé une série de priorités en consultation avec plus de 1300 membres pendant deux ans. Donc, ces priorités de négociations sont celles des 1300 professeur.e.s et bibliothécaires à temps plein. Ce sont :

  1. La qualité de l’enseignement et de la recherche à l’Université. Il s’agit de la mission universitaire : conserver les savoirs et les connaissances, les transmettre et les développer.
  2. La charge de travail des professeur.e.s et des bibliothécaires.
  3. Les enjeux d’équité, de diversité, et d’inclusion.
  4. L’université démocratique, c’est-à-dire la priorisation des enjeux de participation à la gouvernance de l’Université.

Ces quatre piliers ne sont pas classés en fonction de leur importance. Ils ont tous une valeur égale pour nous. Pour chacun, il y a ensuite des exigences précises que nous cherchons à obtenir lors de la négociation.

LR : Comment s’est déroulée la première séance de négociation ?

DG : La première séance est toujours très importante, parce que c’est le moment où les deux parties, l’employeur et l’APUO, présentent des propositions de modifications du langage de la convention collective.

Ce que nous négocions est le contenu de ce contrat de travail dans la convention collective. Nous avions regroupé cela en une quarantaine de propositions, en réservant une trentaine de propositions supplémentaires. Chaque partie a présenté l’ensemble de ses propositions, ce qui s’est déroulé de manière très positive.

LR : Comment voyez-vous l’état actuel des négociations ? 

DG : C’est un exercice d’écoute. En tant que négociatrice en chef, je présente les propositions, je les explique, et je les argumente. L’objectif est d’identifier les demandes sous-jacentes et d’y répondre par des modifications apportées à la réglementation linguistique dans la convention collective. Cette démarche nécessite une session prolongée, d’une durée de trois heures.

Dès la première séance de négociations, nous nous sommes rencontrés deux fois par semaine. Au début, chaque rencontre durait 90 minutes, mais nous avons progressivement augmenté la durée à deux heures. En août, nous envisageons d’allonger encore chaque rencontre à trois heures. Bien que nous soyons encore au début des négociations, je suis convaincue que cela se poursuivra au moins jusqu’en septembre.

LR : Comment la population étudiante peut-elle bénéficier de vos propositions ?

DG : On se rend compte, que, depuis une décennie, le ratio professeur-étudiant augmente à l’U d’O. Par rapport aux autres universités en Ontario, l’U d’O se classe à la troisième place la plus basse en 2021. Donc, on essaie de négocier un plancher d’emploi pour forcer l’employeur à embaucher un certain nombre de professeur.e.s régulier.e.s, qu’on trouve approprié.e.s pour avoir un enseignement et une expérience étudiante de qualité.

Une autre revendication est d’établir combien d’assistant.e.s d’enseignement (AE) par étudiant.e.s on doit avoir par classe. Ça ne serait plus une décision à la discrétion des facultés, ou en fonction des budgets, mais ce serait une décision établie en fonction de critères pédagogiques. Actuellement, il y a un budget de moins pour embaucher des AE, et c’est un enjeu de travail pour les professeur.e.s : s’il y a moins d’AE, on a plus de travail, donc on est moins disponibles pour les étudiant.e.s et ils.elles ont une moins bonne expérience en classe.

On l’a vu aussi dans les dernières années, l’Université a connu des budgets d’austérité. Il y a eu de grosses coupures dans le fonctionnement. Elle a dû faire des choix financiers extrêmes qui entraînent une diminution progressive de la capacité de l’Université à accomplir sa mission. Ainsi, on essaie d’argumenter le fait que la qualité de l’enseignement ne doit pas être soumise aux variations budgétaires.

LR : Qu’espérez-vous voir à la fin de ces négociations ?

DG : J’espère que l’employeur va prendre des décisions historiques, parce que la mission universitaire à l’U d’O est en péril. J’aimerais voir l’Université poser des gestes importants dans ces négociations-là pour soutenir la mission universitaire et se montrer aussi courageuse dans ce contexte financier difficile face à des forces externes défavorables. 

Il est crucial de consolider le fonctionnement de l’Université. Nous devons également nous engager envers les étudiant.e.s et les employé.e.s. Ensemble, nous devons bénéficier d’un soutien. Je suis sûre que nous allons  avoir une négociation qui sera couronnée de succès, et confiante que nous parviendrons à une entente sans passer par des moyens de pression.

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