
Actions syndicales pour la survie de la garderie Bernadette
Crédit visuel : Sophie Désy — Photographe
Article rédigé par Mireille Bukasa — Cheffe du pupitre Actualités
Environ quatre ans après la déclaration de l’Université d’Ottawa (U d’O) annonçant la démolition du Complexe Brooks, l’avenir de la Garderie Bernadette reste incertain. Soutenue par plusieurs associations, la coalition Bernadette réclame un plan de relocalisation.
« Le manque de collaboration de l’U d’O rend difficile la mise en place d’un plan viable pour la garderie », explique Natalie Bruvels, présidente de la coalition Bernadette, une plateforme de lutte pour la sauvegarde des intérêts de la garderie. Elle affirme que tous les syndicats sont impliqués dans ces revendications, car, selon elle, la garde d’enfants est un problème qui touche tout le monde sur le campus, directement ou indirectement.
Résumant l’apport de chaque syndicat, Bruvels précise que le SCFP 2626 (CUPE) fournit un soutien inestimable pour l’organisation des événements de sensibilisation. Le Centre de ressources féministes du Syndicat étudiant de l’U d’O et le Groupe de recherche d’intérêt public de l’Ontario font également partie intégrante des efforts de recherche et de défense des droits de la coalition. L’association des professeur.e.s de l’U d’O (APUO), quant à elle, a inclus des dispositions sur la garde d’enfants dans le cadre de sa dernière ronde de négociations, en vain.
Ainsi, la coalition s’efforce depuis quelques jours de présenter au Bureau des gouverneurs de l’U d’O une motion intersyndicale visant à protéger et à étendre les services de garde sur le campus, mais la situation semble stagner du côté de l’Université, s’insurge Bruvels.
Interpellation et mobilisation
Plus de 300 nourrissons et tout-petit.e.s sont sur la liste d’attente pour des places à la Garderie Bernadette, révèle une pétition de la coalition syndicale. Parmi ces enfants se trouvent les deux fils de Guillaume Blais, qui partage : « Notre alternative serait une garderie hors programme à un coût élevé de 3 500 $/mois. Avec la reprise du travail de ma conjointe en mars, la fermeture possible de la garderie nous place dans une situation précaire. Malgré des solutions possibles pour relocaliser le service, l’Université refuse de soutenir ses employé.e.s et étudiant.e.s concerné.e.s. J’espère une résolution avant la fermeture, mais je reste pessimiste ».
La coalition intersyndicale souhaite pour sa part que la mise en place d’une nouvelle garderie d’une capacité accrue soit incluse dans les plans de réaménagement de Brooks. Selon Bruvels, une collaboration interne à l’Université pourrait renforcer la formation des étudiant.e.s en psychologie de l’enfant et en éducation. De plus, le gouvernement fédéral accorde un financement sans précédent à la construction de garderies, y compris des incitatifs financiers aux universités, en particulier pour la construction de garderies, affirme Bruvels.
Dans la même perspective, le SCFP 2626 a souligné, dans une déclaration concernant la construction d’un Shoppers Drug Mart sur le campus, que les ressources de l’Université d’Ottawa seraient mieux investies dans des initiatives essentielles, comme la Garderie Bernadette. Ce service, indispensable pour les étudiant.e.s et parents, peine à trouver un espace depuis l’annonce de la démolition de Brooks, contrairement à Shoppers Drug Mart, qui ne répond pas aux mêmes besoins fondamentaux, souligne le syndicat.
Procédure désapprouvée
« Nous voulons avoir des réunions positives et orientées vers des solutions avec l’Université, mais ils refusent de nous rencontrer », s’indigne la présidente de la coalition Bernadette. Bruvels dénonce un manque de clarté sur le problème réel. Elle affirme que la garderie respecte les normes du ministère et n’est pas délabrée. Si le réaménagement de Brooks est envisagé, il doit inclure une garderie pour assurer la continuité du service, poursuit-elle.
Bruvels estime que si le problème repose sur la fin de la gratuité qu’offre l’Université à la garderie, le nouveau financement fédéral pour la garde à 10 $ par jour pourrait offrir une solution. Toutefois, des discussions franches avec l’université sont indispensables pour trouver une issue durable, suggère-t-elle.
En effet, dans sa pétition, la coalition rappelle que l’administration de l’U d’O s’est engagée dans cette procédure de démolition sans consulter les travailleur.se.s et la communauté étudiante, alors que l’accès à des services de garde bilingues, abordables sur le campus est une question importante pour la communauté universitaire.
Un rappel des faits
« Il y a 20 ans, un projet de relocalisation et d’agrandissement de la garderie avait été envisagé, mais l’Université l’a abandonné sans explication. Depuis, la demande a continué de croître, et le manque de communication de l’Université a contribué à la situation précaire actuelle, » explique la présidente de la coalition.
Pour Bruvels, la garderie est d’un grand symbolisme. Une coupure de presse révèle que la Garderie Bernadette doit son nom à Bernadette Tarte, l’une des premières femmes diplômées de l’U d’O. « Ce choix symbolise l’importance de la participation des femmes, notamment dans le rôle essentiel des services de garde pour soutenir cette inclusion », souligne Bruvels.
« La fermeture de la seule garderie du campus ferait de l’U d’O la seule institution du groupe U15 sans ce service. Ceci remettra en cause son engagement envers un milieu de travail progressiste et les principes de diversité, d’équité et d’inclusion », conclut Bruvels. La coalition prévoit, aux côtés du Centre de ressources féministes et du Ottawa Socialist Literature Group, une marche de protestation sur le campus le 7 mars à midi.
Contactée par La Rotonde, l’Université a refusé de commenter le sujet.