
La déclaration d’impôts, une opportunité pour les étudiant.e.s
Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique
Article rédigé par Hai Huong Lê Vu — Journaliste
Du 24 février au 30 avril, les étudiant.e.s uottavien.ne.s peuvent soumettre leur déclaration d’impôts. Outre l’obligation légale, cette démarche présente plusieurs avantages, comme bénéficier de divers crédits d’impôt, y compris ceux pour les frais de scolarité, les intérêts sur les prêts étudiants, et d’autres frais liés à l’éducation.
Perception des étudiant.e.s
Un sondage mené par La Rotonde auprès d’une quarantaine d’étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O) révèle que 12,5 % des répondant.e.s pensent qu’il faut seulement déclarer les impôts si on a un emploi. Déborah Cléry, porte-parole de l’Agence de Revenu du Canada (ARC), et Marc Tassé, expert en fiscalité à l’U d’O, réfutent cette idée préconcue. « Il est avantageux pour eux.elles de faire leur déclaration, car ils.elles ont droit à des prestations », avance Cléry.
Même lorsque les frais des scolarité des étudiant.e.s sont pris en charge par leurs parents, Tassé et Cléry recommandent aux étudiant.e.s, y compris ceux et celles sans emploi, de déclarer leurs frais de scolarité. Ces derniers peuvent en effet s’accumuler et être utilisés comme déduction plus tard pour baisser son impôt à payer ou même être transférés à un parent, un grand-parent, un.e époux.se ou un.e conjoint.e de fait au Canada.
De plus, la production d’une déclaration peut permettre aux étudiant.e.s de profiter de programmes, tels que la Remise canadienne sur le carbone ou la Prestation Trillium de l’Ontario. Cléry, quant à elle, suggère de choisir le dépôt direct pour recevoir plus rapidement les crédits. Tassé souligne aussi l’importance d’avoir un numéro d’assurance sociale valide afin que les crédits soient déposés dans les comptes bancaires de chacun.e.
Kamil Bourichi, étudiant international en première année en sciences politiques et communication, constate une différence culturelle en matière de littératie financière : dans son pays d’origine, le Maroc, les parents prennent souvent en charge les aspects financiers de leurs enfants, y compris les impôts. Il souligne ainsi que la transition vers l’autonomie financière au Canada peut être source d’inquiétude pour les étudiant.e.s internationaux.ales.
Selon l’enquête de La Rotonde, 47,7 % des sondé.e.s pensent qu’il existe suffisamment de ressources et d’informations pour déclarer les impôts correctement, mais souhaitent toujours en savoir davantage. Bourichi souligne l’importance d’une meilleure éducation fiscale sur le campus, notamment car les pratiques varient d’un pays à l’autre. Il suggère d’intégrer un cours obligatoire à l’U d’O pour toute la population estudiantine, afin de préparer les étudiant.e.s à gérer leurs obligations fiscales de manière autonome.
Déclaration d’impôt 101
Tassé et Cléry insistent sur l’importance de déclarer toutes les sources de revenus, incluant : les emplois à temps partiel, les pourboires gagnés dans le cadre d’un emploi, les bourses d’études, les revenus de placements (hors compte d’épargne libre d’impôt ou régime enregistré d’épargne‑retraite), les revenus de travail indépendant, comme le travail de chauffeur.se Uber ou celui d’influenceur.se sur les médias sociaux, et les revenus de l’étranger.
L’expert de l’U d’O met également l’emphase sur les différents formulaires fiscaux que l’étudiant.e doit détenir lors de sa déclaration d’impôts, tels que le T3 pour le revenu de fiducie, le T4 pour le revenu d’emploi, le T4A pour le revenu de bourse ou de travailleur autonome, ou encore le T5 pour le revenu de placement.
Les étudiant.e.s peuvent aussi trouver le formulaire T2202 dans l’onglet « Finances et emplois », puis « Impôts » sur uoZone. Il s’agit du document qui permet de déclarer ses frais de scolarité, pour pouvoir les transférer ou demander des crédits d’impôt pour les études postsecondaires. Les deux expert.e.s conseillent aussi à chaque étudiant.e de consulter son compte sur le site de l’ARC, précisément « Mon dossier », pour s’assurer de ne manquer aucun feuillet.
Outils qui facilitent ce processus
La complexité des déductions, des crédits d’impôt et des nuances du système fiscal canadien peut inciter certaines personnes à demander de l’aide, que ce soit auprès d’un expert.e-comptable ou en utilisant des logiciels conçus à cet effet. Les outils homologués par l’ARC, comme IMPÔTNET et ReTRANSMETTRE, sont de bons moyens de déclarer ses revenus. Les étudiant.e.s peuvent aussi profiter de Wealthsimple, qui offre un service d’aide gratuit.
Parmi les publications de l’ARC pour les étudiant.e.s, on retrouve aussi le guide P105, qui donne plus de détails à ce sujet. La porte-parole de l’institution gouvernementale encourage les étudiant.e.s à profiter du système de clavardage, des webinaires, des balados, et des comptoirs de l’ARC. Le Club de comptabilité Telfer a aussi récemment annoncé leur Clinique d’impôts, qui offre un service gratuit et certifié par l’ARC de préparation de déclarations de revenus pour les étudiant.e.s.
Néanmoins, le professeur uottavien met en garde contre les arnaques téléphoniques se faisant passer pour l’ARC. « Si vous recevez un texto, les chances sont nulles que cela provienne véritablement de l’ARC », prévient Cléry. Elle justifie que son agence communique toujours par courriel, par la poste ou par téléphone.