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3 questions – Insécurité linguistique

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4 mars 2019

Par Gabrielle Lemire, cheffe du pupitre actualités

Professeure de sociolinguistique Shana Poplack

Qu’est-ce que l’insécurité linguistique ?

L’insécurité linguistique, c’est la crainte que notre façon de parler ne soit suffisamment bonne. Les francophones en contexte minoritaire jugent qu’ils ne parlent pas aussi « bien » que ceux qui jouissent d’un statut majoritaire. Les francophones canadiens craignent que leur français soit d’une qualité inférieure à celui parlé en Europe. Plusieurs sont convaincus que c’est dû à la longue séparation entre le Canada et la France, et surtout au contact intense avec l’anglais.

Pourquoi l’insécurité linguistique existe-t-elle ?

L’insécurité linguistique surgit – non seulement au Canada, mais partout dans le monde – parce que les instances normatives (les grammairiens, les profs de langue et les académies comme l’OQLF) nous disent comment il « faut » parler. Les sociolinguistes étudient la langue telle qu’elle se parle vraiment par les gens. Mon laboratoire, par exemple, abrite des enregistrements de centaines d’heures et de milliers de mots de conversations en français et en anglais. Il arrive que les gens – tant anglophones que francophones – ne parlent pas comme les instances normatives le voudraient. Notre étude révèle que les grammairiens changent souvent d’idée par rapport à ce qui est correct ou incorrect. Le parler vernaculaire des locuteurs ordinaires, par contre, est très structuré, consistant et stable.

Quelles solutions permettraient de réduire les conséquences de l’insécurité linguistique ?

L’insécurité linguistique peut inciter quelqu’un à restreindre de plus en plus les situations sociales où il ou elle va parler la langue jusqu’à ce que ces situations viennent à disparaître complètement. Ceci peut mener à l’abandon d’une langue. Pour pallier à ce problème, il est bon de connaître les résultats des études sociolinguistiques d’experts dans le domaine. Bien qu’il y ait des différences entre ce qui est communément considéré comme « standard » et la langue parlée par les francophones dans leur quotidien, il est impossible de conclure, d’un point de vue scientifique et communicationnel, que l’une est meilleure que l’autre. Elles sont tout simplement différentes. La meilleure arme contre l’insécurité linguistique et ses effets néfastes, c’est le maintien et l’utilisation de sa langue, aussi imparfaite soit-elle, dans toutes les situations et contextes possibles.

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