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Conférence Nous Partout : Discussions sur l’insécurité alimentaire chez les peuples autochtones

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23 novembre 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Dawson Couture – Journaliste

Le 18 novembre dernier, l’Association étudiante des études internationales et politiques (AÉÉIPPSSA) de l’Université d’Ottawa (U d’O) a invité ses participant.e.s à réfléchir sur l’impact de la modernité, du colonialisme et du gouvernement fédéral sur les moyens traditionnels de subsistance autochtones. L’insécurité alimentaire chez les peuples autochtones du Nord a été choisie à l’unanimité par le Comité d’administration publique de l’AÉÉIPPSSA comme thème principal de cette seconde édition de la Conférence Nous Partout.

Pour Stacie Trinh, vice-présidente académique du programme d’administration publique (PAP) au sein de l’AÉÉIPPSSA et organisatrice de la conférence, l’essentiel était de sensibiliser le public et d’amplifier la voix d’individu.e.s appartenant à des groupes marginalisés. En plus d’être destinée spécifiquement à un public francophone, la conférence avait pour but d’inciter la discussion sur un sujet lié à l’actualité, à l’administration publique et aux relations avec les peuples autochtones.

Dans cette optique, la conférence a été bornée par deux périodes de réflexion interactives sur les causes, les conséquences et les pistes de solution pour alléger le fardeau de l’insécurité alimentaire chez les populations autochtones du Nord.

Cependant, le cœur de l’événement a été consacré à une discussion avec Alexandra Whiteduck, directrice du Projet Nibi et membre de la communauté algonquine Kitigan Zibi, et avec l’aîné Quechua-Aymara, le professeur d’histoire autochtone de l’U d’O Marcelo Saavedra-Vargas.

Insécurité alimentaire dans le Grand Nord

L’insécurité alimentaire renvoie, selon Statistique Canada, à « l’incapacité d’avoir accès à une quantité ou à une variété suffisante d’aliments en raison de contraintes financières ». Elle contribue à une mauvaise santé mentale et physique, y compris des anomalies congénitales, l’anémie et des troubles cognitifs.

Cette expérience est vécue de manière disproportionnée par des individu.e.s autochtones, et surtout les populations inuites. Dans le cadre de l’Enquête auprès des peuples autochtones de 2017, Statistique Canada a déterminé que plus de trois Inuits sur quatre âgés de 15 ans et plus connaissent l’insécurité alimentaire, comparativement à 8,7 % pour l’ensemble de la population canadienne.

La situation est aggravée par l’absence d’eau potable dans les réserves autochtones. Bien que le Canada soit l’un des pays les plus riches en eau, plus de trente communautés autochtones n’ont toujours pas accès à l’eau potable, souvent en raison de contamination industrielle.

Responsabilité du gouvernement fédéral

Les causes à court terme de l’insécurité alimentaire sont largement reconnues par Ottawa : l’isolement géographique, le surpeuplement des ménages, le prix des aliments et le manque de revenus. Pour Saavedra-Vargas, ce sont des « expressions très cruelles de la relation coloniale ».

Whiteduck affirme que les réserves, sur lesquelles ses ancêtres ont été forcé.e.s de vivre, sont désormais soumises au caprice du gouvernement en matière de ressources naturelles, en dépit de leurs droits fonciers. L’extraction de gaz naturel, de pétrole et de minerais contribue à l’effacement et la contamination des sources d’alimentation traditionnelle autochtone et d’eau potable.

Plus encore, la directrice du Projet Nibi soutient que le gouvernement a élaboré des lois que les peuples autochtones ne peuvent pas respecter en raison de leur manque d’infrastructures et de ressources financières. Elle ajoute que l’échec de ces lois est dû au manque de consultation avec les peuples autochtones. C’est le cas de la Loi sur la salubrité de l’eau potable des Premières Nations de 2013, que le gouvernement Trudeau a admis, en mars 2021, ne pas avoir respectée. Cette loi, insiste Whiteduck, permet au gouvernement d’échapper à toute responsabilité en cas de décès lié à la consommation d’eau.

Tant Whiteduck que Saavedra-Vargas définissent cette situation comme un prolongement d’un génocide commis par les institutions fédérales. Ainsi, Whiteduck proclame : « La réconciliation ne sera pas réalisée tant que le génocide des Premières Nations se poursuivra. Le manque d’accès à l’eau potable et à la nourriture est un crime contre l’humanité et un acte de violence contre les peuples des Premières Nations au Canada. »

Le gouvernement fédéral est accusé de ne pas avoir contribué suffisamment à réduire l’impact de ces politiques sur l’insécurité alimentaire. Depuis l’introduction du programme gouvernemental de subvention alimentaire aux communautés du Nord en 2013 (Nutrition Nord Canada), le taux d’insécurité alimentaire n’a cessé de croître, selon une étude de l’Université de Toronto.

Pistes de solutions : des initiatives privées ?

Afin de revendiquer l’autonomie des peuples autochtones, Whiteduck a encouragé les participant.e.s de la conférence à diriger leurs efforts vers des initiatives non gouvernementales. « Nous [les peuples autochtones] savons comment prendre soin du territoire et de l’environnement », affirme-t-elle.

Dans le guide envoyé aux participant.e.s, le comité PAP de l’AÉÉIPPSSA a inclus plusieurs organismes, dont le Projet Nibi, une entreprise étudiante de d’O. Son objectif est d’étudier et de créer des moyens durables de résoudre la crise de l’eau qui touche les communautés autochtones du Canada.

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