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Sports et bien-être

COVID-Somnie ; comment y remédier ?

Rédaction
4 décembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Aïcha Ducharme Leblanc – Journaliste

Les expert.e.s ont indiqué que la pandémie pouvait avoir un effet important sur la santé mentale des étudiant.e.s. Mais, qu’en est-il de leur sommeil ? Deux spécialistes de l’Université d’Ottawa (U d’O) abordent cette question, et apportent leurs astuces à celles et ceux qui voudraient dormir plus, et mieux. 

Dans un rapport publié le 31 juillet 2020, l’Institut national de la santé publique du Québec a révélé qu’un tiers des répondant.e.s de leur enquête ont souffert d’un déficit de sommeil pendant la pandémie. Le professeur émérite Joseph De Koninck, et la professeure à temps partiel Kathleen Biard, enseignant tous deux à l’École de psychologie de l’U d’O, connaissent bien ce phénomène contre lequel il existe néanmoins quelques remèdes.

Agents déterminants

De Koninck explique que plusieurs facteurs dérangent le sommeil en ces temps particuliers. Il évoque en premier lieu le manque de contact en période de confinement et l’anxiété liée à la crainte de la pandémie, pouvant induire un stress l’affectant.

L’autre grand défi apparu dès le début de la crise sanitaire, selon le professeur, est le fait que les personnes soient moins actives à l’extérieur. « On est moins exposé à la lumière, ce qui a un impact direct sur notre horloge biologique qui régularise le sommeil », affirme-t-il.

Biard élabore sur ce point en signalant la perte de routine comme un facteur important pour la qualité de ces temps de repos. Pour elle, le problème n’est pas seulement que les gens restent chez eux, mais c’est le fait que chaque partie de leur journée ait été bouleversée par la COVID-19. 

« On se fie [généralement] aux heures de repas, et à la lumière pour savoir quelle heure il est. Mais quand on mange à n’importe quelle heure, qu’on ne quitte jamais la maison, et qu’on est toujours accroché.e.s à nos écrans, le corps devient un peu perdu dans le temps », rapporte Biard. Elle ajoute que certaines des habitudes malsaines adoptées depuis mars, telles que manger plus souvent et moins sainement ou boire plus d’alcool, peuvent également avoir un effet néfaste sur le sommeil. 

Bien dormir pour mieux vivre

Les deux professeur.e.s s’accordent à constater que la qualité du sommeil fait la qualité d’une journée. Si Biard précise que celle-ci renvoie à la qualité de vie, De Koninck ajoute qu’elle est « le dénominateur commun de la santé physique et mentale ». 

Le manque de sommeil a donc des effets directs sur le corps. Biard souligne que ce dernier « ne peut pas maintenir tous nos systèmes quand on ne dort pas, et le premier système à lâcher, [c’]est le système immunitaire ». Ce sont dans ces moments-là que les gens sont plus susceptibles d’être malades, notamment après la session d’examens, période pendant laquelle le manque de sommeil est plus fréquent. 

De Koninck soulève d’autres problèmes de santé graves que ce déficit peut causer, tels que l’obésité et les problèmes cardiaques. Il peut aussi être associé directement à une diminution de la performance intellectuelle et cognitive chez les étudiant.e.s, déclare-t-il. 

Mais l’absence de sommeil n’est pas seulement nuisible au plan physique, elle l’est aussi au niveau psychologique. Les deux spécialistes remarquent que les effets des troubles de santé mentale comme la dépression, l’anxiété, et le trouble bipolaire, peuvent être exacerbés par la fatigue. Il est donc essentiel, et surtout pour les personnes faisant déjà face à des défis de santé mentale, de s’accorder du repos, allègue Biard.

Bonnes habitudes à prendre

Comment éviter la privation du sommeil ? Selon De Koninck, il faut essayer de suivre les principes d’hygiène du sommeil, c’est-à-dire se coucher à la même heure le soir, bien répartir ses repas au cours de la journée, faire de l’exercice, et sortir dehors pour s’exposer à la lumière. Il précise qu’il faut atteindre un état de calme psychologique pour s’endormir, et recommande ainsi d’éviter les écrans ou la sur-stimulation tard le soir, comme avec le café.

Une sieste pendant la journée est favorable à son avis, mais elle ne peut augmenter la productivité que si elle n’est pas pratiquée pour récupérer du sommeil perdu. D’ailleurs, s’il y a une chose à éviter selon lui, ce sont les somnifères, dont l’effet n’est pas de réguler le sommeil. 

Biard, de son côté, encourage les gens à demander l’aide de professionnel.le.s s’ils.elles éprouvent des difficultés chroniques à dormir, et rappelle qu’il existe une pléthore de ressources utiles en ligne à la disposition de la population. De plus, elle insiste sur le fait qu’il est normal de faire des cauchemars ou d’avoir des difficultés à fermer l’oeil ces temps-ci, car le monde traverse une situation très perturbante.

Pour plus d’information sur le sommeil et ses troubles, veuillez consulter Dormez là-dessus, la campagne canadienne de santé publique sur le sommeil. 

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