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Sports et bien-être

La santé mentale, grande oubliée de la pandémie

Rédaction
28 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Thelma Grundisch – Journaliste

Cela fait bientôt un an que la pandémie a modifié le quotidien du monde entier. Entre le stress, la fatigue et l’isolement, la santé mentale et physique de la population n’a pas été épargnée, en particulier celle des étudiant.e.s. Trois professeur.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O) en expliquent les effets sur le corps et l’esprit, et proposent des solutions pour les contrer.

Trop souvent négligé, le traitement de la santé mentale a toujours été un problème de grande envergure souligne Cary Kogan, professeur en psychologie clinique et directeur du Centre de recherche et des services psychologiques à l’U d’O. L’arrivée soudaine de la COVID-19 n’a pas amélioré les choses, et a demandé à tou.te.s de gros efforts d’adaptation à la vie en ligne, concède-t-elle.

Effets sur la santé

Nafissa Ismail, professeure agrégée en psychologie et titulaire de la chaire de recherche sur le stress et la santé mentale à l’U d’Oexplique que le problème vient principalement du stress chronique qui atteint une grande partie de la population à l’heure actuelle. Celui-ci est, d’après elle, dû au fait que l’on ne puisse pas contrôler les facteurs de ce stress, sans savoir quand il se terminera.

Ce stress constant induit une hausse du cortisol dans le corps, hormone à l’origine de différentes maladies qui constitue un réel danger, explique-t-elle. Elle ajoute que les inflammations dues au cortisol peuvent provoquer des changements au niveau structurel du cerveau, qui entraînent des difficultés de concentration, de sommeil, ou encore de régulation des émotions. Ces symptômes sont les facteurs de risque dans le développement de troubles de santé mentale.

Grands dangers

Dans un contexte d’isolement et de peur, Ismail souligne que les individu.e.s souffrent le plus souvent de troubles de l’anxiété, de dépression ou encore de symptômes d’agoraphobie ou de germaphobie. Rébecca Robillard, professeure adjointe à l’École de psychologie de l’U d’O et chercheuse à l’Institut royal de recherche en santé mentale, a conduit plusieurs recherches sur les effets de la COVID-19 sur les Canadien.ne.s. Celles-ci ont démontré que 50 % d’entre eux.elles souffraient de symptômes de dépression, et 23 % d’anxiété généralisée en cette période. 

Kogan constate également une forte augmentation de la consommation de drogues et d’alcool, qui ne fait qu’empirer ces troubles mentaux. D’après lui, les gens sont encore dans un « mode de survie », et il faut s’attendre d’ici peu à une vague de demande de services en santé mentale. Les professionnel.le.s auront d’ailleurs beaucoup de mal à la gérer, indique-t-il, du fait du manque de moyens et de praticien.ne.s au Canada. Ainsi, il suggère d’agir en prévention, et d’inciter chaque personne à adopter les bons gestes dès maintenant.

Traitement en ligne 

L’accompagnement virtuel de la santé mentale vient avec son lot d’avantages et d’inconvénients selon les trois professeur.e.s. En effet, Rébecca Robillard explique que c’est une opportunité de toucher plus de gens, plus rapidement. Cela permet d’atteindre davantage de personnes dans des régions éloignées ou qui avaient peur de faire appel à ces services à cause du stigma social qui les entoure. D’un autre côté, Kogan rétorque que l’accès au service en ligne n’est pas accessible à tou.te.s puisque certain.e.s ne bénéficient pas d’une connexion internet à haute vitesse, ni d’un endroit sécuritaire et confidentiel d’où pouvoir appeler.

Ce virage virtuel a non seulement demandé aux patient.e.s de s’adapter, mais aussi aux clinicien.ne.s, qui, pour la plupart, n’ont pas été formé.e.s à l’exercice virtuel de leurs fonctions. Elles et ils doivent aujourd’hui travailler sans accès au langage non verbal, ce qui rend l’analyse des patient.e.s beaucoup plus complexe. Il est encore tôt pour se prononcer, affirme Ismail, mais l’efficacité de ces traitements dépendra d’un.e individu.e à l’autre, et surtout des différents diagnostics et troubles traités. 

Conseils d’expert.e.s

Les trois professeur.e.s s’accordent pour dire qu’il est primordial que chacun.e se concentre sur soi afin de se construire des nouvelles habitudes et une nouvelle structure de vie adaptées à cette période difficile. Kogan insiste sur l’importance du maintien d’une bonne hygiène de vie, de journées structurées, de repas équilibrés à des heures régulières et d’un taux de sommeil suffisant, le tout en surveillant sa consommation d’alcool et de drogues.

Pour Ismail, le plus important est de réguler son niveau de stress en pratiquant la méditation, le yoga ou en faisant de l’activité physique. Mais elle rappelle surtout « qu’une situation est stressante parce qu’on la perçoit comme stressante » ; si on ne peut pas contrôler cette pandémie, on peut adapter notre perception de celle-ci. Elle conseille donc de se concentrer sur les points positifs de la situation, qui sont peut-être peu nombreux, mais existent tout de même.

Ces techniques et conseils sont généraux et ne seront peut-être pas adaptés à tout le monde, insiste Ismail. Mais selon elle, le mieux que l’on puisse faire durant cette pandémie est de prendre soin de soi, de s’écouter et surtout d’apprendre à mieux se connaître, afin de découvrir ce qui fonctionne le mieux pour chacun.e.

Si vous vous sentez en détresse, ou ressen­tez le besoin d’être aidé, vous pouvez accéder aux ressources de l’U d’O sur la page du SASS, ou contacter les numéros suivants :

Ligne de crise d’Ot­tawa 613–722–6914 ou 1–866–996–0991

Ottawa Mental Health Crisis Line (24 h) 613–722–6914

Ligne de crise 24/7 du Bureau des services à la jeunesse 613–260–2360

Tel-aide Outaouais (de 8 h à 24 h) 613–741–6433 / 819–775–3223

Jeunesse J’écoute (24 h) 1–800–668–6868

Tel-Jeune (24 h) 1–800–263–2266

Allo j’écoute (24 h) 1–866–925–5454

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