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Crise sanitaire ou crise de panique ? 

Rédaction
1 août 2020

Crédit visuel : Claire Poulin

Par Clémence Roy-Darisse – Journaliste 

La pandémie de coronavirus a eu des impacts considérables sur la santé mentale, notamment en augmentant les sentiments d’isolement, d’anxiété et certains symptômes dépressifs. L’équipe de mieux-être de l’Université d’Ottawa (U d’O) ne s’est pas pour autant reposée : plusieurs événements axés sur le mieux-être sont offerts tous les jours sur le site internet de l’université. Certain.e.s étudiant.e.s mettent aussi la main à la pâte pour aider leurs collègues et lancent des initiatives personnelles. C’est le cas de Claire Poulin, présidente du club de dons d’organes de l’U d’O, qui a préparé des paquets remplis d’objets visant à diminuer le stress. Tour d’horizon de la santé mentale en temps de pandémie, et des solutions pour la favoriser. 

Marjorie Desbiens-Poitras est une étudiante au baccalauréat en pratique du jeu théâtral qui souffre d’anxiété généralisée. Elle confie que le début du confinement a été très difficile pour elle ; étant « très à cheval sur [s]es horaires et [s]es plans », l’imprévu et l’inconnu l’ont particulièrement bouleversée. 

Elle avoue s’être sentie très seule : « du jour au lendemain j’ai perdu ma routine scolaire, ma routine de travail, je me suis sentie extrêmement isolée ». L’aspirante comédienne raconte aussi que durant les deux premières semaines, elle a eu « [ses] pires crises d’anxiété depuis des années ». Le fait de devoir rester enfermée rendait le tout particulièrement angoissant, puisqu’elle ne pouvait sortir pour « oxygéner son cerveau ». 

Marjorie n’est pas seule dans cette situation. Selon une étude du CAMH, 21% des femmes canadiennes et 18,2% des hommes canadiens affirmaient sur la période du 9 au 23 juin, souffrir d’anxiété modérée à sévère. 

Afin d’agir sur la question de la santé mentale, Claire Poulin a créé des sacs remplis d’objets visant à améliorer la santé mentale. Étant présidente du club de dons d’organes, elle constate que pour faire ce genre de dons, les individus doivent être en bonne santé physique, et que cette dernière dépend beaucoup de leur santé mentale. 

« Nous voulions améliorer la vie des canadien.ne.ss […] et nous reconnaissions que plusieurs étudiant.e.s souffraient, notamment par la fermeture des résidences », déclame-elle. 

Dans les sacs de sport qu’elle offre se trouvent un support à téléphone, objets technologiques et une bouteille d’eau. « Nous voulions donner des objets qui augmenteraient le niveau d’activité », explique-elle, affirmant que l’activité physique est essentielle à une bonne santé mentale. 

La distribution des sacs gratuits aura lieu sur le campus en septembre, si tout se passe bien. Les éléments ont été acheté grâce au soutien financier de Rising Youth, Canada Service Corps et du gouvernement canadien.

Temps d’attente pour une consultation 

Si l’université a tout de même offert un soutien considérable au niveau psychologique durant cette pandémie, l’information ne s’est toutefois pas nécessairement transmise. Desbiens-Poitras souligne qu’il aurait été bien d’avoir davantage de nouvelles de l’administration de l’U d’O, notamment par rapport aux prises de décisions et aux ressources offertes. 

Après avoir contacté cinq ou six personnes différentes pour rencontrer un.e. conseiller.ère, elle confie que l’attente est parfois longue. Elle ajoute que « le temps de crise est primordial à être pris en charge […] La lacune qui m’affecte le plus, c’est la difficulté d’être pris en charge lorsque c’est le moment. » 

L’étudiante a finalement abandonné, et elle s’est tournée vers des cabinets privés. Si elle dit avoir eu les outils nécessaires, elle se peine que certain.e.s n’aient pas nécessairement les outils pour passer au travers, que ce manque d’aide soit fatal ou les décourage complètement d’aller en chercher par la suite. 

Le service de counselling a maintenu ses activités durant la COVID-19 sous forme de visioconférence ou d’audioconférence. Du counselling par le biais des régimes d’assurances santé pour étudiant.e.s est aussi disponible via les plateformes Empower me et le programme de soutien aux étudiant.e.s pour les cycles supérieurs.

Le régime d’assurance santé pour les étudiant.e.s permet aussi un remboursement des frais de consultation avec un.e psychothérapeute, psychologue ou travailleur.euse social.e jusqu’à 1500$ par année, pour une concurrence de 80% des frais par session. Ces conditions s’appliquent aux étudiant.e.s du premier cycle. Les étudiant.e.s du deuxième cycle peuvent se faire rembourser jusqu’à 400$ par an et un montant de 35$ par visite. Ils et elles ont aussi accès via le Programme de soutien étudiant (PSE) à des conseiller.ère,s en ligne et par téléphone avec ou sans rendez-vous. 

La série du mieux-être virtuel offre aussi toutes sortes d’activités, allait du taichi aux webinaires. 

Desbiens-Poitras partage que pour se sortir de son anxiété, elle a mis en place une routine avec son copain pour se donner un sentiment d’accomplissement et de stabilité depuis chez elle. Elle a aussi appris à adopter une plus grande flexibilité dans l’exécution de ses plans et à ne plus s’accorder la même pression qu’avant. 

L’U d’O et la santé mentale : ce qu’il reste à faire 

Desbiens-Poitras ne croit pas qu’il existe assez de ressources en santé mentale pour les étudiant.e.s. Bien qu’elles soient nombreuses sur le site web, le temps d’attente est un bémol. 

La transparence et la fréquence des communications de l’université d’Ottawa pourraient aussi être améliorée, particulièrement dans un temps de crise comme celui-ci. Desbiens-Poitras propose aussi une ligne d’écoute spécifiquement à l’Université d’Ottawa ; ce type d’aide n’existe pas encore bien que plusieurs lignes d’écoute externes soient présentées aux étudiants. 

Poulin souhaite quant à elle que l’université ait plus de conseiller.ère.s prêt.e.s à aider les étudiant.e.s et que cette offre de counselling soit plus « diversifiée ». Ces mesures pourraient contribuer à apprivoiser cette nouvelle « normalité ». 

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