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Les obstacles entre étudiant.e.s et services de santé mentale

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2 décembre 2019

Crédit visuel; Andrey Gosse – Directeur artistique 

Par Maeve Burbridge, Cheffe de la section Actualités

Une plainte ne cesse de faire écho sur le campus concernant la difficulté d’accès aux services de santé mentale offerts aux étudiant.e.s. La Rotonde s’est penchée sur la question : qu’est-ce qui ralenti l’accès aux services en santé mentale pour les étudiant.e.s ?

En Ontario, les temps d’attente pour consulter un.e spécialiste en santé mentale sont entre six mois et un an, d’après le Centre de toxicomanie et de santé mentale du Canada (CTSM).

Implication du gouvernement ?

Les provinces canadiennes ne font aucune collecte de données provinciales relative à l’accès des services en santé mentale, malgré que ce soit un enjeu provincial. Les données qui existent à ce sujet sont recueillies au niveau municipal, mais ce ne sont pas toutes les municipalités qui font la collecte de ces données, car elles ne sont pas tenues à le faire.

Le CTSM estime que l’infrastructure relative aux services de santé mentale en Ontario est sous-financée par environ 1,5 milliard de dollars. D’après Denise Bélanger, directrice adjointe des services de santé de l’Université d’Ottawa (U d’O), « le gouvernement investit de plus en plus pour la santé mentale mais la demande pour les services augmente plus rapidement que l’accès aux services ».

Le manque d’informations et le sous-financement sont parmi les raisons principales de l’inaccessibilité aux services de santé mentale en Ontario et à travers le Canada.

Des mois d’attente pour un service

Les temps d’attente pour l’accès aux services de santé mentale varient considérablement en fonction de la région puisque le tout dépend du nombre de spécialistes en santé mentale dans la région et du nombre de personnes en demande.

Bélanger indique que la situation quant aux services de santé mentale n’est pas plus positive pour ceux et celles qui travaillent dans le domaine puisqu’ils et elles seraient submergé.e.s par la demande.

Mylène Bourgeois, étudiante à l’U d’O, partage qu’après avoir attendu des mois pour s’entretenir avec un psychiatre, elle n’a pu lui parler que pendant quelques minutes. « Il m’a prescrit, hâtivement, des médicaments pour l’anxiété et la dépression, car il avait d’autres patient.e.s qui attendaient dehors », partage-t-elle. « Je n’ai pas de troubles liés à l’anxiété et la dépression. Mon problème est un déficit d’attention. C’était très vite fait », se plaint-elle.

Rachel Stone, également étudiante à l’U d’O, dit avoir eu besoin de parler à un.e thérapeute pour son anxiété lors de sa première année. « Je vérifiais mon téléphone à toutes les 5 minutes pour voir si un rendez-vous était libre tellement que j’avais besoin de parler à quelqu’un », raconte-t-elle. Elle n’a jamais pu obtenir de rendez-vous avec un.e thérapeute.

Les temps d’attente sont plus longs pour voir quelqu’un qui a une spécialité particulière. Par exemple, dans la municipalité ontarienne de Wellington-Waterloo, le temps d’attente moyen pour voir un psychiatre qui se spécialise en maladies mentales psychotiques est de 330 jours, d’après le CTSM.

Le prix pour une bonne santé mentale

Le régime d’assurance-santé de l’Ontario couvre les frais d’un.e psychiatre employé.e de la province qui travaille dans une clinique publique. Mais ces cliniques ont des temps d’attente plus longs, s’étalant parfois à plus qu’une année.

La province ne couvre pas les services fournis par d’autres types de spécialistes en santé mentale tels que les travailleurs sociaux et les psychologues. Le régime ontarien ne couvre habituellement que quatre ou cinq sessions par année, ce qui est « largement insuffisant pour la plupart des gens », affirme Bélanger.

L’autre option, c’est de prendre rendez-vous avec un.e spécialiste qui travaille dans un cabinet privé. Les temps d’attente sont moins longs, seulement quelques semaines ou quelques de mois. Les services au privé coûtent plus cher. D’après Bélanger, les prix peuvent s’élever à environ 200 $ par heure. 

Kimberley Charland, étudiante à l’U d’O, raconte qu’en plus des frais pour voir un.e spécialiste en santé mentale régulièrement, elle doit payer un 50 $ de plus par mois pour ses médicaments. À chaque fois qu’elle doit fournir une preuve d’incapacité à l’Université, elle doit payer 25 $ pour obtenir la documentation officielle qui donne le droit de recevoir les accommodements scolaires nécessaires.

L’U d’O, plus impliquée ?

Malgré les difficultés rencontrées par les uottavien.ne.s lorsqu’ils et elles recherchent des soins en santé mentale, Bélanger fait savoir que les services offerts par l’U d’O sont parmi les plus accessibles.

Elle indique que l’Université bénéficie non seulement d’une équipe de services de santé, mais également le Service d’appui au succès scolaire (SASS) en plus du centre de services psychologiques. Elle souligne que la grande majorité des universités ontariennes ne détiennent qu’une équipe de soins de santé.

Bélanger avoue que l’U d’O a du travail à faire en ce qui concerne les temps d’attente et l’accessibilité des services. Elle affirme que les services de santé travaillent en collaboration avec le Comité pour le bien-être étudiant pour s’adapter et évoluer en fonction des besoins des étudiant.e.s.

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