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Création d’un Centre de la francophonie par le SÉUO : projet mis sur pause

Crédit visuel : Élodie Ah-Wong— Directrice artistique

Article rédigé par Sandra Uhlrich — Journaliste 

Depuis la dissolution du centre du bilinguisme du Syndicat étudiant à la rentrée 2024-2025, l’idée de créer un centre de la francophonie a été explorée à plusieurs reprises. Aujourd’hui pourtant, la commissaire à la francophonie du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), Ève Tremblay, choisit de ne pas y donner suite. Elle préfère désormais concentrer ses efforts sur la revitalisation de la  culture francophone sur le campus, à travers  des initiatives de nature événementielle.

Centre de la francophonie : un projet qui divise

En 2024, le SÉUO a subi d’importantes coupes budgétaires qui ont entraîné la dissolution de quatre de ces services : le Centre du bilinguisme, le Service de raccompagnement, le Centre multi-foi et le Centre d’entraide. Depuis, plusieurs efforts ont été déployés pour ramener un service similaire au Centre du bilinguisme.

Colton Chaput, ancien président de l’association des étudiant.e.s en sciences infirmières, avait notamment déposé une question référendaire à ce sujet lors des élections générales du Syndicat au printemps 2025.

« Êtes-vous d’accord avec la création d’un frais de 1,50 $ par semestre, ajusté à l’inflation, appelé droit auxiliaire de la Francophonie, qui servira à lancer et à soutenir des initiatives liées à la Francophonie sur le campus, qui pourraient inclure un nouveau Centre de la francophonie, sous réserve de l’approbation du Comité des services ? »

Les résultats ont été marqués : 65 % des votants se sont opposés à la création du centre, contre 35 % en faveur.

À la suite de cet échec, Tremblay avait envisagé de lancer le centre à partir de son propre budget, celui de la commissaire à la francophonie, avant d’abandonner l’idée au début de cette année scolaire. « Lorsque la question référendaire n’est pas passée, j’ai ressenti une certaine obligation de créer ce Centre de la francophonie », explique-t-elle.

Après quelques démarches de planification, elle dit s’être arrêtée pour réfléchir : est-ce vraiment une priorité pour les étudiant.e.s? Afin d’alimenter sa réflexion, elle a lancé début octobre un sondage auprès de la communauté étudiante. Les résultats se sont révélés comme tels:  « la création d’un centre de la francophonie ne figure pas parmi les top 5 des priorités des étudiant.e.s pour le moment ».

Tableau indiquant les résultats du sondage en date du 8 octobre 2025

Tremblay évoque aussi des restrictions budgétaires. À titre comparatif, les 10 services actuels du SÉUO reçoivent entre 69 421 $ pour le Centre des étudiant.e.s ayant un handicap et 467 831 $ par année pour le Centre des droits étudiants, alors que le fonds du comité sur la francophonie et le bilinguisme ne s’élève à seulement 30000 $ par année.

Le défi : pas besoin d’espace physique pour rassembler les gens

Cette décision de renoncer au centre, Tremblay l’a annoncée lors de la table ronde francophone du 19 septembre, où siègent les représentant.e.s francophones des différentes associations étudiantes. Elle a expliqué vouloir, selon ses mots, « sortir le centre de l’idée d’un centre ».

Elle développe : « Le but du centre, selon moi, c’était d’offrir un espace pour rassembler les étudiant.e.s francophones et leur permettre de  pratiquer le français. Je pense que ces objectifs n’ont pas nécessairement besoin d’un espace physique. »

Elle rapporte aussi être au courant de la frustration générale qui règne sur le campus par rapport à la francophonie et à ces opportunités : « Parfois, on croit qu’en ouvrant un centre, le problème sera réglé. Mais selon moi, ça demande beaucoup plus de travail que ça ».

Pour encourager les échanges, elle explique avoir lancé un nouveau concept intitulé « Espresso-toi », dont la première édition a eu lieu le 23 octobre, qui vise à créer un espace de rencontre pour francophones et francophiles. L’idée est de créer des occasions pour déguster une boisson chaude et une pâtisserie gratuites, à condition de commander en français. Elle explique également que cet événement, qui aura lieu de manière hebdomadaire, les mercredis midi à l’accueil du SÉUO, servira de vitrine aux différents clubs francophones du campus.

Initiative généralement soutenue, mais avec quelques réserves

Ce changement de direction de la commissaire aux affaires francophones semble appuyé par les sources qui ont accepté de s’entretenir avec La Rotonde.

Natalia Bélanger, vice-présidente aux affaires francophones de l’Association étudiante de la Faculté des arts (AÉFA), s’exprime malgré tout : « Moi, je pense qu’il serait bien d’avoir un milieu pour pouvoir rassembler les francophones. » Mathys Nininahazwe, vice-président au bilinguisme pour l’Association des étudiant.e.s en sciences (AÉS), abonde également dans ce sens. Il rappelle que Jack Coen, président du SÉUO, avait fait de la promotion d’une culture francophone à l’Université et de la création d’un centre de la francophonie l’un des grands engagements de sa campagne. Il espère que cet engagement sera tenu.

De plus, tous deux soulignent l’importance de regrouper les ressources et les informations dédiées aux étudiant.e.s francophones. Bélanger insiste sur l’importance de connecter les étudiants aux ressources. Cela permettrait selon elle d’entretenir la communauté francophone sur le campus et de lui permettre ainsi de se retrouver, même hors d’un lieu physique.

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