Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef
Article rédigé par Maxence Bahaban – Journaliste
Le traitement par le froid, ou la cryothérapie, est une méthode existant depuis l’Antiquité. Ce n’est cependant que récemment que cette méthode a été étudiée, développée et appliquée médicalement. La cryothérapie a de nombreux bénéfices, mais il existe aussi des dangers liés à cette pratique.
La cryothérapie est une méthode qui « consiste à appliquer un agent thermique froid à une partie du corps ou le corps en entier », explique Dr François Tremblay, professeur titulaire dans le programme de physiothérapie à la Faculté des sciences de la santé. La cryothérapie peut donc consister en un refroidissement local au moyen d’un sac de glace ou un refroidissement global en s’immergeant dans un bain de glace.
La cryothérapie dans le monde sportif
Selon le professeur Tremblay, la cryothérapie est utilisée dans la majorité des cas à la suite d’une blessure musculosquelettique en phase aiguë, c’est-à-dire dans les minutes suivant un traumatisme affectant les muscles ou les articulations, comme une entorse à la cheville ou au genou. Ce traitement est donc souvent utilisé dans le contexte sportif et athlétique.
La cryothérapie aide les sportif.ve.s à soulager la douleur, affirme Shannon Walsh Moreau, thérapeute sportive des Gee-Gees. Elle considère que cette forme de traitement aide beaucoup avec des blessures spécifiques. Walsh souligne que plusieurs équipes compétitives des Gee-Gees utilisent la cryothérapie pour diminuer la douleur ainsi que pour aider à la récupération après un entraînement ou un match.
Le professeur Tremblay explique que « l’effet analgésique du froid est très bien documenté ». En effet, pour lui, le fait de refroidir localement permet de stimuler les récepteurs du froid dans la peau et les tissus, et de ralentir la conduction nerveuse, ce qui contribue à réduire la douleur.
Contrairement à l’opinion populaire, le froid ne permet pas de réduire l’inflammation ni l’enflure qui se développent à la suite d’une blessure, souligne Tremblay. Ce dernier insiste sur le fait que « l’inflammation est une réponse normale des tissus qui survient très rapidement après la lésion et qui va faire en sorte d’enclencher le processus de guérison ». Selon lui, il n’y a donc pas d’intérêt à empêcher la réponse inflammatoire avec le refroidissement.
Néanmoins, selon le professeur Tremblay, l’effet déterminant du refroidissement local dans les minutes suivant une blessure est de prévenir les « dommages secondaires ». L’application de glace permet, selon lui, « un échange de chaleur » qui ralentit le métabolisme dans la région blessée. Cette réduction du métabolisme induit par le refroidissement permet de prévenir la propagation des dommages tissulaires au-delà de la zone de lésion. L’application du froid rapidement à la suite d’une entorse de la cheville, par exemple, aide à la guérison en réduisant l’hématome qui va se former, confirme-t-il.
Les risques liés à cette pratique
Bien que la cryothérapie présente peu de risques lorsqu’appliquée localement, il faut néanmoins respecter certaines précautions. Moreau et Tremblay s’accordent sur le fait qu’il faut éviter d’appliquer des agents refroidissants directement sur la peau, car il existe des risques d’engelures ou de brûlures avec le froid intense. Dans le cas d’un refroidissement global, comme une immersion complète dans un bain de glace, les dangers sont plus nombreux, avec des risques de chocs thermiques et d’hypothermie notamment.
Pour minimiser les risques liés à la cryothérapie locale, on utilise plutôt une serviette entre l’agent thermique et la peau. Selon le professeur de physiothérapie, il est recommandé de mouiller légèrement la serviette et si possible d’appliquer une compression avec bandage élastique pour optimiser le refroidissement local. On obtient ainsi, selon lui, un refroidissement local plus rapide et plus profond avec des durées d’application allant de 20 à 40 minutes, répétées toutes les 3 à 4 heures dans les 48 heures suivant la lésion.
Quant aux différents agents refroidissants, Tremblay suggère que les plus efficaces sont aussi les plus simples, comme les glaçons concassés dans une serviette ou un sac. Les sacs « magiques » ou autres types de gels et d’agents vendus commercialement sont nettement moins efficaces que les glaçons, car ils ne permettent pas d’extraire de la chaleur des tissus efficacement, affirme-t-il, puisqu’ils se réchauffent trop vite par rapport aux glaçons.
Autres usages de la cryothérapie
Au milieu des années 1940, un chirurgien canadien a imaginé qu’en refroidissant tout l’organisme et en diminuant ainsi les besoins du corps en oxygène, le rythme cardiaque ralentissait suffisamment le cœur pour pouvoir l’opérer. Aujourd’hui, la cryothérapie, aussi connue sous le nom de cryoablation, permet d’opérer le cœur de manière plus sécuritaire. En effet, selon le réseau CHU, « cette alternative chirurgicale donne de meilleurs résultats que les traitements médicamenteux dans 70 % à 80 % des cas ».
La cryothérapie est donc une méthode aux diverses applications et il existe encore beaucoup de méconnaissances sur son utilisation. C’est pourquoi Moreau insiste sur le fait de parler avec un.e professionnel.le avant de recourir à la cryothérapie.