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Des installations à bout de souffle

Web-Rotonde
5 mars 2012

SCIENCES DE LA SANTÉ

Anaïs Elboujdaïni | Rédactrice en chef
@anais_azzaro

Plomb dans l’eau. Amiante dans les murs et le sol. Édifice éloigné. Sentiers mal éclairés la nuit. Bienvenue au 200, avenue Lees, l’un des pavillons qui accueille les sciences de la santé.

Ce n’est qu’avec la future construction d’un stade sur l’actuel stationnement du bâtiment, en collaboration avec la Ville d’Ottawa, que l’administration de l’U d’O semble intéressée à revamper le pavillon. « L’un des aspects positifs de cette construction sera que l’Université remplacera les tuyaux d’eau pour qu’il n’y ait plus de plomb dans celle-ci, mais honnêtement, je ne comprends pas pourquoi personne ne l’a fait avant », s’interroge Blaine Hoshizaki, professeur agrégé à l’École des sciences de l’activité physique et vice-doyen aux affaires facultaires de la Faculté des sciences de la santé.

En effet, ce n’est qu’après plusieurs mois que l’administration a averti les occupants du campus Lees de la contamination de l’eau. La solution? Poser des affiches qui en interdisent la consommation. Des travaux d’analyse de l’eau ont été réalisés depuis les dernières années et des fontaines ont donc été mises en place progressivement. L’agente de relations avec les médias de l’U d’O, Karine Proulx affirme qu’aujourd’hui, « tous les points d’eau potable désignés, au 200 Lees, sont sécuritaires ».

De son côté, le président de l’Association des étudiants pré-diplômés en sciences infirmières, Luc Cormier, se dit « tellement étonné que [l’U d’O] n’ait pas encore changé [l’état du campus Lees] ». M. Cormier rappelle que l’administration avait dû « fermer une section du campus parce qu’il y avait de l’amiante dans l’air ».

Impact sur la recherche

Pour M. Hoshizaki, les répercussions de la construction sur la recherche seront multiples : distraction liée au bruit, « interférence des vibrations avec le calibrage des instruments de recherche », etc. Puisque le pavillon abrite majoritairement des chercheurs intéressés à mesurer la force d’impacts sur le corps humain, leurs instruments très précis seront d’autant plus sensibles aux vibrations occasionnées par les travaux. « Pour ma part, je connais un collègue dont les instruments demandent près d’une semaine de recalibrage », explique M. Hoshizaki. Ce temps perdu aura une incidence directe sur sa recherche.

Bien que Mme Proulx soutienne que l’administration de l’U d’O cherche à collaborer avec les professeurs et étudiants du campus Lees afin de « minimiser l’impact des rénovations », elle rappelle qu’il est « impossible d’éliminer tous les inconvénients » liés à celles-ci.

Même si le stade de 8 M$ sera autofinancé par le Service des sports, M. Cormier trouve que ce projet se fait « au détriment des salles de classe ». « Ça n’a pas de sens de prioriser un stade », déplore-t-il.

Questions de sécurité

Selon M. Hoshizaki, plusieurs étudiantes qui effectuent des recherches dans le pavillon auraient peur de rester seules, étant donné la situation géographique du 200 Lees. « Il y en a qui doivent travailler la fin de semaine ou en soirée, et qui demandent à leur ami de rester avec elles. Le bâtiment n’est pas éclairé partout », décrit le professeur.

Pour sa part, le directeur du Service de la protection, Claude Giroux, indique qu’il n’y aurait eu aucune plainte venant du 200 Lees depuis que l’U d’O en est propriétaire. « De plus, nous installons progressivement des lumières sur le toit [du 200 Lees] », indique M. Giroux.

DE PLUS

Problème d’espace contre salubrité

Au départ, quand l’U d’O a acheté cet édifice abandonné par le Collège Algonquin, l’idée était simple : réunir dans un seul bâtiment les étudiants et professeurs de l’École des sciences de la santé. Pourtant, l’objectif s’est arrêté court.

Selon l’agente de relations avec les médias de l’U d’O, Karine Proulx, « l’achat du 200 Lees a été effectué afin de permettre à l’Université de faire face à [la] croissance. Les terrains du campus au nord du Queensway sont rendus à leur limite de développement et le 200 Lees présentait des avantages importants en termes de développement futur ». Luc Cormier déplore qu’il n’y ait pas création d’espace pour les sciences de la santé, mais simplement des relocalisations : « Ce qu’on veut, c’est un édifice. Déménager certains locaux au sous-sol de Thompson ne va pas régler la situation ».

À NOTER

Sarah Lanthier | Journaliste Actualités
@SarahLanthier

Rappelons que le 13 décembre dernier, dans une salle du campus Lees, des membres du Bureau de la gestion du risque (BGR) et du Service des immeubles (SDI) de l’U d’O tentaient de renseigner les professeurs et étudiants quant au déroulement des travaux de construction et de démolition d’une partie du pavillon A, au 200, avenue Lees.

Les quelques professeurs présents ont critiqué durement les priorités de l’U d’O sur la question de la logistique étudiante et des investissements dans des établissements superflus. En effet, l’U d’O investit 8 M$ pour la construction d’un stade pour accueillir les pratiques et les matchs de ses équipes sportives alors que la qualité de l’eau et de la ventilation, au campus Lees, demeurent déficientes.

Un représentant d’EHS Partnerships, l’entreprise en charge du projet, aurait ensuite discuté du danger que des particules d’amiante contenues dans les murs du pavillon soient libérées dans l’air ambiant et l’eau. Il a souligné que les contrôles seront réguliers pour assurer la qualité de l’air et de l’eau.

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