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D’étudiant modèle à maire de Montréal

Web-Rotonde
11 avril 2012

PORTRAIT – Gérald Tremblay

Antoine Trépanier | Chef de pupitre

La mairie de Montréal est occupée par un nerd. Derrière l’homme politique, connu aussi comme ministre de l’Industrie dans le Québec des années 1990, se cache un ex-étudiant studieux et calmement revendicateur.

Se qualifiant lui-même d’« étudiant exemplaire », le maire Gérald Tremblay n’a pas eu une vie banale. Fils d’un père responsable des libérations conditionnelles au Québec, il applique à la lettre les valeurs d’égalité que ses parents lui ont transmises. À l’âge de 15 ans, le jeune Gérald rêve de devenir un jour premier ministre. « Suzanne, qui est ma conjointe, je l’ai rencontrée à l’âge de 15 ans et je lui ai dit que c’est ce que je voulais faire », explique-t-il lors d’une conversation téléphonique, en février dernier. Il n’a jamais regardé en arrière.

En 1966, il entreprend des études en droit civil à l’U d’O, avec comme objectif principal d’être accepté à Harvard, puis éventuellement de faire de la politique.

Pour y arriver, M. Tremblay participe sans relâche à la politique étudiante en tant que président de la Société Justinien, l’équivalent de l’actuelle association étudiante de droit civil. Il profite de cet engagement pour développer son approche aux débats.

Et des débats, il en a eu. Certes, en politique provinciale, où il était vu comme le dauphin de feu Robert Bourassa, mais aussi actuellement à la mairie de Montréal. M. Tremblay admet que sans cet engagement, il n’aurait pas été admis à Harvard et n’aurait pas pu faire de politique de haut niveau.

« [La politique étudiante] m’a donné une expérience très pratique, une expérience de servir les gens », mentionne le maire originaire d’Ottawa. Comme tout bon politicien, il accorde évidemment beaucoup d’importance aux victoires obtenues au détriment des défaites. Mais des échecs, il en a eu, comme celui de 1967. « On se chicanait pour la démocratie de l’association étudiante de l’Université d’Ottawa. J’avais une citation dans La Rotonde – “On n’est pas en pays communiste ici!” raconte-t-il en riant. C’était juste une question de démocratie d’élire les représentants et, deuxièmement, les allocations que ces personnes-là pouvaient se payer pour faire des activités étudiantes que je qualifiais de bénévoles. Je l’ai perdue, celle-là. »

En classe, le jeune Gérald performe. En fait, il est un modèle pour ses pairs. Campé dans la première rangée de chacun de ses cours, il prend des notes qui feront le tour de la Section de droit civil pendant plusieurs années. « Il y en a qui ne venaient pas trop souvent aux cours, alors ils photocopiaient toutes mes notes et après ça, ils les vendaient! Il y en a qui ont fait de l’argent avec mes notes », raconte-t-il sur un élan de nostalgie bien assumé.

Cette anecdote représente bien l’homme à l’autre bout de la 417. Un leader plus silencieux que flamboyant. Quelqu’un de rangé, à son affaire. L’histoire des notes, il en rigole, malgré le fait qu’il ne touchait pas un centime de commission et qu’il était dans une situation financière précaire, à l’époque. « Je n’avais pas d’argent du tout, du tout, se remémore-t-il. Ça m’aidait d’être chez mes parents. Alors j’étais surveillant à la bibliothèque de droit civil. »

Puis, 1970 arrive et Gérald Tremblay commence son MBA à la prestigieuse Université Harvard. Accompagné de son ami Raymond Bachand, actuel ministre des Finances du Québec, il achèvera son plan de carrière sans atteindre son but ultime. Il se contentera de la mairie. « C’est un autre défi et c’est parfait ainsi », répond-il paisiblement.

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