Crédit visuel: Catherine Gagnon-Jones

Par Alex Benimana

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, AFO, a lancé ce 16 juillet la seconde ronde de son programme d’aide financière Effet multiplicateur, octroyant des bourses de 5000 $ à 25,000 $ aux entreprises et organismes répondant aux critères. Ces organismes auront jusqu’au 3 septembre pour présenter leur demande et bénéficier du programme.

Une initiative du gouvernement fédéral

L’agence fédérale FedDev Ontario est à l’origine du projet. L’institution, faisant partie du portefeuille du Ministère de l’Innovation, Sciences et Développement économique du Canada, a pour mandat de développer et diversifier l’économie du Sud de l’Ontario en apportant des services et possibilités de financement aux entreprises de la région. 

Le programme Effet multiplicateur dispose d’un financement à hauteur de 1,2 million de dollars. Étant réservé aux organismes francophones, c’est l’AFO qui sera responsable de déterminer qui seront les bénéficiaires du projet. Pour être admissibles, les entreprises et organismes voulant soumettre une demande doivent œuvrer en français, avoir leur siège social dans la région desservie par FedDev, et fournir elles même des services à un territoire régional et non provincial ou national.

Dans la continuité de la première ronde

La première ronde avait suscité énormément d’intérêt, avec plus de 340 000 $ de fonds attribués à 28 organismes selon Carol Jolin, président de l’AFO. Carl Lamarche, coordinateur des projets spéciaux pour l’Assemblée, a bien voulu fournir des précisions au cours d’une entrevue avec La Rotonde : « Les organismes sans but lucratif, les entreprises sociales et les entreprises privées peuvent toutes appliquer à l’Effet multiplicateur, tant qu’elles apportent des services aux francophones. » 

Une volonté de toucher le plus de monde possible qui explique également le format non remboursable et les sommes des subventions attribuées. « Cela permet d’aider à la réalisation d’un plus grand nombre de priorités communautaires et économiques » selon Lamarche. Lors de la première ronde, les subventions sont allées à des projets divers tels que des centres communautaires, des camps d’été ou encore des entreprises impliquées dans les arts et l’artisanat.

À Ottawa, la Coopérative Enseignants Pas à Pas, CEPAP, et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne, FESFO, font partie des bénéficiaires du projet. Grâce à cette subvention, la CEPAP lancera son service Édu-Emplois. « Ce programme de tutorat offert par des enseignants ethnoculturels va aider les nouvelles familles immigrantes arrivant au Canada avec des services professionnels de qualité » s’est félicité le coordinateur de l’AFO. Le programme Leadership jeunesse en action lancé par la FESFO verra quant à lui la mise en place d’un groupe de travail de jeunes, chargé de développer une initiative pour l’inclusion et la sensibilisation des immigrants dans les écoles secondaires francophones de l’Ontario. 

Apporter une contribution à l’Ontario francophone

Au cours de l’attribution des subventions, l’AFO regarde surtout la contribution sociale de l’organisme demandeur. Pour augmenter la capacité économique régionale, une attention particulière est portée aux groupes au potentiel encore peu exploité tels que les femmes et jeunes entrepreneurs ou les nouveaux immigrants. La contribution de ces organismes à la communauté est également scrutée. « Nous pensons surtout aux entreprises pouvant aider à augmenter les services disponibles aux francophones, que ce soit dans la culture, le tourisme ou d’autres domaines. Plus particulièrement, nous regardons les services qui ne sont pas préexistants ailleurs et apportent vraiment quelque chose de nouveau » précise Mr Lamarche.

Cela n’écarte pas pour autant les organismes déjà bien implantés dans la région. Pour le cas des entreprises sociales notamment, les projets les poussant vers l’autosuffisance sont également encouragés. « Les entreprises n’ont pas toujours les fonds pour se lancer dans le développement de nouveaux projets pouvant générer des revenus. Parfois, elles ont juste besoin d’un coup de pouce durant la phase de développement de projets. Nous voulons qu’elles se développent elles même pour ne pas juste dépendre de dons, et devenir, à travers leur mandat, de mini-entreprises sociales en autogestion. »

Pour une province bilingue

Le programme Effet multiplicateur s’inscrit dans le cadre du plan stratégique communautaire de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, intitulé Vision 2025. Ce plan stratégique vise à l’épanouissement de la grandissante communauté francophone de l’Ontario, notamment par l’intermédiaire d’emplois et services francophones durables dans toute la province. À long terme, l’AFO aspire à une province de l’Ontario parfaitement bilingue.

Pour Lamarche, il est très important que la communauté francophone ait accès à des services partout, pour créer l’engouement et continuer à attirer plus de résidents parlant français. « Les étudiants ayant fait l’université en français par exemple devraient pouvoir revenir vivre et travailler en français dans leur communauté. »