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Élections générales du SEUO – Entrevue avec Anjolina Hamel et Ratisbonne Mukadi Kazadi pour le poste de commissaire aux affaires francophones

Camille Cottais
5 mars 2022

Crédit visuel : Courtoisie – Anjolina Hamel et Courtoisie – Ratisbonne Mukadi Zazadi

Entrevues réalisées par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités

La période de campagne des élections générales du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) est en cours depuis le 27 février et prendra fin le 7 mars prochain. Candidat.e.s pour le poste de Commissaire aux affaires francophones, Anjolina Hamel et Ratisbonne Mukadi Kazadi présentent leurs motivations pour occuper ce rôle et dévoilent les mesures qu’ils.elles souhaiteraient mettre en place lors de leur potentiel futur mandat.

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous commencer par vous présenter ? 

Ratisbonne Mukadi Kazadi (RMZ) : Je suis actuellement étudiant en deuxième année en finances à l’Université d’Ottawa (U d’O). Je viens de la République démocratique du Congo, c’est là où je suis né et où se trouve la plus grande partie de ma famille. Je suis venue au Canada en janvier 2021 pour mes études. Présentement, je travaille sur le campus comme ambassadeur à la santé communautaire.

Anjolina Hamel (AH) : Je suis une étudiante qui s’en va dans sa troisième année en sciences de la santé et en droit à l’U d’O. Je suis trilingue, connaissant le français, l’anglais et l’espagnol. Je m’identifie comme Franco-Canadienne, ayant habité au Québec, en Ontario et en Alberta, mais j’ai eu mon éducation entièrement en français.

Ce semestre, j’ai été conseillère administrative au Syndicat étudiant, représentant la Faculté des sciences de la santé. J’ai fait partie de quatre comités : le comité des affaires francophones, le comité de revendication, le comité de surveillance à l’exécutif et le comité ad hoc (temporaire) de communications et d’engagement.

LR : Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter à ce poste ?

RMZ : Tout d’abord car je viens d’un pays francophone. Avant de venir à l’U d’O, j’hésitais entre l’Australie et le Canada pour faire mes études. J’ai choisi le Canada et l’U d’O pour me permettre de rester dans un environnement francophone tout en développant mon anglais. L’U d’O est réputée pour être la plus grande université bilingue au monde, mais quand je suis venu, je me suis vite rendu compte que ce n’était pas réellement le cas. La langue française est présente sur le campus, mais pas l’identité francophone et ses différentes cultures. J’aimerais remettre cette identité francophone au cœur de l’Université et du Syndicat.

AH : J’ai décidé de poser ma candidature pour le poste de Commissaire aux affaires francophones grâce à mon expérience avec les affaires francophones au sein du SÉUO. J’ai vu tout le beau travail que Lia Bosquet, notre Commissaire aux affaires francophones actuelle, a fait, et j’ai vu le travail que ça prenait pour bien s’occuper du dossier des affaires francophones à l’Université.

De plus, j’ai été à des évènements avec les services offerts par le SÉUO, tels que le Centre de bilinguisme, le Centre de la fierté et le Centre de ressources des femmes, et j’ai adoré l’esprit que les équipes avaient.

Finalement, étant une étudiante dans un programme entièrement en français, je remarque que les ressources en français ne sont pas toujours abordables, ou même existantes, telles que les manuels. C’est une frustration partagée par plusieurs dans ma Faculté, et j’aimerais avoir un impact sur ce sujet.

LR : Selon vous, quelles sont les qualités d’un.e bon.ne Commissaire aux affaires francophones ?

RMZ : Ce serait premièrement d’avoir quelqu’un de soi-même francophone et d’ancré.e dans la communauté francophone, mais également quelqu’un qui saura porter la vision de toute une communauté. Il faut que le.la Commissaire aux affaires francophones soit en contact avec et à l’écoute de la communauté universitaire francophone pour connaître puis répondre à ses attentes.

C’est un poste qui mènera nécessairement à beaucoup de pressions, que ce soit au sein du Syndicat ou de l’Université comme telle. Il faudra quelqu’un de rigoureux, qui sait ne pas lâcher facilement et qui prend des initiatives.

AH : Une première qualité serait selon moi d’avoir déjà eu de l’expérience au sein du SÉUO, afin d’y connaître sa structure, ses procédés et les façons de gérer plusieurs dossiers, tel que le dossier préexistant des affaires francophones.

Une deuxième qualité serait une volonté de participer activement dans la vie francophone sur le campus. C’est cette volonté qui crée des communautés, les tisse et les renforce. Avec ceci vient l’écoute. Je ne me présente pas juste pour mes intérêts personnels, mais pour les intérêts de tout.e étudiant.e sur campus, tels que les anglophones ayant des cours en français, les personnes de couleur, les personnes ayant des handicaps… L’U d’O adore se vanter d’avoir une telle diversité dans sa population étudiante, donc pourquoi ne pas l’écouter ? La reconnaître ? La soutenir ?

Finalement, avoir de la persévérance est un outil clé avec le dossier francophone. J’ai remarqué ceci avec Lia, pour pouvoir faire approuver des motions au Sénat, cela prend beaucoup de temps et d’effort.

LR : Si vous êtes élu.e, qu’entreprendriez-vous pour appuyer votre mandat ?

RMZ : Il y a beaucoup de choses que j’aimerais entreprendre si je suis élu, parmi lesquelles se trouve la création d’un espace francophone. Il existe déjà le Carrefour francophone, mais j’aimerais un nouvel espace par et pour les étudiant.e.s francophones. Ce serait un endroit pour faire vivre l’identité francophone, mais qui servirait également la communauté anglophone, qui pourrait y venir pour apprendre de notre communauté. Nous pourrions par exemple y organiser des activités ou y tenir des conférences.

J’ai reçu beaucoup de messages sur mon Instagram de campagne de la part d’étudiant.e.s anglophones qui ont choisi de prendre des cours en français mais ne se sentent pas réellement intégré.e.s dans les cours. J’aimerais plaider pour ces personnes qui ne sont pas francophones mais s’intéressent à l’identité francophone et à la langue française.

Un de mes objectifs principaux est également de mettre en place une collaboration entre les universités bilingues francophones dans le monde, que ce soit ici au Canada, en Australie, en France, au Brésil… J’aimerais créer un partenariat entre ces universités pour pouvoir organiser des évènements ensemble, échanger sur la façon dont les choses fonctionnent chez elles.eux, etc.

AH : Si je suis élue, j’ai cinq points dans mon journal de bord. Le premier est de soutenir les intérêts des étudiant.e.s et du SÉUO, surtout en ce qui concerne la revendication. C’est ma responsabilité, comme celle de tout autre commissaire, de plaidoyer pour défendre les droits des étudiant.e.s, francophones comme anglophones.

Mon deuxième porte sur la décolonisation du français. L’impact du mot en n en anglais et en français est le même, même si l’intention n’est pas la même. De plus, l’utilisation des termes non genrés, tels qu’iel, belleux, etc. me tiennent à cœur.

Troisièmement, reconnaître et promouvoir la diversité du français sur le campus. Nous venons tout juste de créer une page Instagram pour la francophonie au SÉUO, donc l’utiliser pour faire la promotion de plusieurs différents groupes francophones serait sympa ! Avec ceci aussi, faire plusieurs activités en lien avec les gouvernements étudiants reconnus serait une bonne façon d’intégrer la population étudiante pour que l’on puisse atteindre un maximum de communautés sur le campus.

Quatrièmement, je vais pousser pour des ressources accessibles en français, comme des manuels en français et des assistant.e.s d’enseignement (AE) bilingues pour la plupart des cours. Pour les anglophones, il y a de fortes chances que leurs AE comprennent et parlent anglais, mais pour un.e francophone dans un cours en anglais, les chances d’avoir un.e AE qui parle en français sont beaucoup plus petites. Collaborer avec l’Université afin de pouvoir avoir accès à plus de bourses de recherche en français serait également un pas dans la bonne direction.

Finalement, j’aimerais aussi me concentrer sur plusieurs projets variés en collaboration avec l’Université d’Ottawa, comme la création d’un espace multiétages par et pour les francophones. C’est quelque chose que j’aimerais voir dans mes années à l’Université.

LR : Comment comptez-vous promouvoir les intérêts de la communauté francophone sur le campus et un réel bilinguisme à l’U d’O ?

RMZ : Je pense qu’il faudrait commencer par mettre en avant tous les services qui sont déjà proposés visant la communauté francophone, que ce soit par l’Université, le Syndicat ou d’autres. Il faut faire la publicité de ces services pour les faire connaître à la communauté francophone.

La majorité des postes du Syndicat sont occupés par des étudiant.e.s anglophones qui ont une connaissance en français. Il faudrait créer un équilibre en intégrant des étudiant.e.s issu.e.s de la communauté francophone. À l’Université tout comme au Syndicat, on met davantage l’accent sur la connaissance de l’anglais, comme si le français était une langue auxiliaire.

AH : Pour promouvoir les intérêts de la communauté francophone, j’aimerais organiser des assemblées publiques (town halls) afin d’écouter les étudiant.e.s avec leurs inquiétudes, rédiger des communiqués mensuels à propos du dossier francophone, et organiser des soirées sociales pour pouvoir qu’on se rencontre tou.te.s et qu’on apprenne à se connaître.

Pour aller vers un réel bilinguisme, il faut accepter dans notre communauté les membres de la communauté anglophone qui essaient de comprendre et d’enrichir leur français, sans jugement.

LR : Avez-vous un message final à faire passer aux étudiant.e.s ?

RMZ : Je sais qu’il est parfois très difficile d’être un.e étudiant.e francophone, encore plus si on est un.e étudiant.e international.e, de venir dans une université et une ville censées être bilingues mais de se retrouver parmi une grande majorité d’anglophones et dans un milieu où on ne parle pratiquement qu’en anglais. Face à cela, j’aimerais mettre l’accent sur l’expérience étudiante des francophones sur le campus, que ce soit par rapport aux services, par rapport à l’accès à l’information ou à l’accès aux emplois offerts par le Syndicat et l’Université.

AH : Je vous invite aussi à explorer la plateforme de mon compétiteur, Ratisbonne Kazadi, pour pouvoir faire un choix éclairé sur qui voter. Peu importe que je sois Commissaire ou non, je continuerai à avoir un impact positif auprès de la communauté francophone et bilingue de l’Université d’Ottawa.

Mon rôle ne serait pas de contrarier l’administration de l’U d’O, mais de collaborer avec elle. C’est avec cette approche que nous pouvons avancer en tant que communauté. Je vous invite aussi à m’envoyer un message, soit par courriel, soit par mon Instagram de candidature. Cela me ferait plaisir de répondre à vos questions, d’apprendre à vous connaître, et de partager mes valeurs avec vous.

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