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Entrevue avec Allan Rock : Le processus de différenciation est enclenché

9 Décembre 2013

 

 

 

 

 

 

 

– Par Marc-André Bonneau et Ghassen Athmni –

Pour clore la session, La Rotonde a accueilli dans ses locaux, jeudi dernier, le recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O), Allan Rock, afin d’aborder certains sujets qui occupent l’administration ces derniers temps, à savoir le différend avec les associations étudiantes concernant les nominations au Sénat, les problèmes liés aux résidences ainsi que la spécialisation future de l’Université.

La Rotonde : La Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) et l’Association des étudiants diplômés (GSAÉD) ont perçu la décision de ne pas tenir compte de leurs recommandations dans les nominations au Comité d’appel comme étant injuste. Qu’en pensez-vous?

Allan Rock : D’abord, j’aimerais vous dire que le Sénat a adopté, lundi dernier, une motion qui prévoit que les associations étudiantes détermineront les étudiants à nommer, et que le Comité exécutif aura ensuite à trancher. Mais concernant ce qui s’est passé récemment, Diane Davidson (vice-rectrice à la gouvernance) avait proposé de déroger à la tradition pour cette fois, mais les syndicats étudiants ont refusé catégoriquement.

LR : Pourquoi déroger à la tradition?

AR : Je pense que c’était une erreur, que nous aurions dû continuer à agir de la même façon sur le plan des nominations. Ce qui est bien, c’est que maintenant nous avons un règlement clair pour tout le monde, un règlement qui ne porte pas à confusion.

LR : L’association Action Côte-de-Sable propose à l’Université de construire des résidences sur le campus, plutôt que dans le quartier. Hormis le projet en cours sur l’avenue Henderson, où en est le projet de 700 lits? Avez-vous déterminé l’emplacement?

AR : L’emplacement du futur édifice n’est pas encore déterminé. Nous sommes sur le point de faire un appel au secteur privé pour voir quels projets pourraient être faits, puisque ce sont eux qui connaissent les règles en urbanisme et tout ce qui détermine les possibilités concernant la construction de cet édifice.

LR : Selon la même association, durant les 12 dernières années, la population étudiante a augmenté de 15 000 étudiants et les lits en résidences de 300 seulement. Comment expliquez-vous une telle situation?

AR : Nous sommes en retard sur ce dossier. Si je pouvais revenir dix ans en arrière et changer la donne, je le ferais. Je ne suis arrivé qu’en 2008, mais j’assume aussi une partie de la responsabilité. Nous aurions dû prévoir des solutions plus tôt, surtout que nous voyions que la population croissait rapidement.

LR : L’organisme désire faire une présentation au Bureau des gouverneurs (BDG) pour expliquer les impacts des projets dans leur quartier. Vont-ils y avoir droit?

AR : C’est au BDG de décider. Je sais qu’ils ont évoqué ce désir lors des dernières semaines, et que le président de l’association avait écrit à Robert Giroux, le président du Bureau. Toutefois, c’est à M. Giroux de décider. Il faut savoir que nous siégeons, avec Action Côte-de-Sable, sur un comité mixte qui porte sur le partage de l’espace. Ce comité regroupe des gens de l’administration, des étudiants, des gens du quartier, des conseillers municipaux, comme Mathieu Fleury, ou encore la police d’Ottawa.

LR : Comment percevez-vous les recommandations du rapport provincial intitulé « Ontario’s Proposed Differentiation Policy Framework : Draft Discussion Paper » et qui porte sur la spécialisation des universités ontariennes?

AR : Je pense que ce n’est pas déraisonnable. Le gouvernement n’a pas l’intention de financer 20 universités qui sont exactement identiques. Il faut qu’il y ait, dans la province, une sélection au niveau des universités. Ainsi, chacune va avoir des forces particulières pour offrir aux étudiants un ensemble de programmes académiques, non pas dans un même endroit, mais dans les 20 universités. Le gouvernement a annoncé que nous avions jusqu’au 20 décembre pour déposer une entente de mandat stratégique. Dans ce document, il faudra préciser ce que nous allons favoriser, nos points forts.

LR : Est-ce une menace au financement de l’Université?

AR : Je pense que non. Il est important de définir ce que l’on veut dire par différenciation. On va rester une Université inclusive, avec dix facultés et tous les programmes qu’on a présentement en place. On va probablement choisir les domaines spécifiques sur lesquels on va mettre l’emphase. Concernant le financement, je soupçonne qu’éventuellement le financement public venant du gouvernement sera lié aux indicateurs qui évalueront le rendement de l’Université. Je ne pense pas que parce qu’on choisit de mettre l’accent sur certains domaines, les donateurs seront moins prêts à investir.

LR : Quels programmes risquent d’en faire les frais et au profit de quels autres programmes?

AR : Ce n’est pas à moi de le dire, c’est au Sénat. Mais nous allons commencer avec les doyens et les professeurs. C’est un processus de discussion avec les universitaires, dirigé par le vice-recteur aux études, Christian Detellier, qui a déjà commencé ce travail. M. Detellier a demandé, il y a quelques mois, à chaque doyen de déposer un plan triennal. Le vice-recteur est donc en discussion avec les doyens pour mieux comprendre leurs intentions et ainsi se préparer pour le processus de différenciation, ce qui sera déposé au Sénat. L’an dernier, quand nous avions envoyé un premier document au gouvernement, nous avions mentionné la santé, la politique publique et la technologie comme nos domaines prioritaires.

LR : Ne pensez-vous pas que l’U d’O, avec son statut d’Université bilingue la plus importante au monde, devrait garder un maximum de choix dans ses programmes?

AR : Oui, je pense que le fait qu’on soit bilingue implique une responsabilité envers la population francophone et franco-ontarienne. C’est une dimension qui n’existe pas ailleurs. Dans la différenciation de l’Université, il faut tenir compte de cette réalité et la refléter dans les choix qu’on va déposer devant le Sénat.

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