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Entrevue avec Allan Rock : Peu de francophones et des frais de scolarité élevés à l’U d’O

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17 septembre 2012

Par Vincent Rioux –

La Rotonde s’est entretenue avec Allan Rock, le recteur de l’Université d’Ottawa, pour aborder des sujets d’actualité sur le campus.

Attelé depuis 2008 à sa tâche de recteur de l’Université d’Ottawa (U d’O), Allan Rock a entre autres abordé l’enjeu de la francophonie sur le campus et de la hausse des droits de scolarité avec l’équipe de La Rotonde.

Attirer plus de francophones

Pour M. Rock, il n’y a toujours pas assez de francophones sur le campus : ceux-ci demeurent en situation très minoritaire par rapport à la population anglophone. Le recteur croit que l’U d’O doit redoubler d’efforts et au moins atteindre l’objectif fixé dans le plan stratégique de la « Vision 2020 », selon lequel la population étudiante francophone devrait atteindre le tiers de la population étudiante totale de l’Université.

« Nous avons presque 32% d’étudiants francophones sur le campus. Pour les deux ou trois dernières années, ce nombre a été en croissance. Or, c’est de plus en plus difficile pour nous d’accroître la proportion de francophones par rapport aux anglophones, pour plusieurs raisons », admet-il.

Le recrutement de francophones hors Québec va bon train, mais il est en revanche de plus en plus difficile d’attirer les Québécois à l’U d’O : « Nous avons un problème de recrutement au Québec. Leurs droits de scolarités sont presque le tiers des nôtres et, même avec les bourses, c’est presque impossible de les convaincre de se joindre à nous. Lorsque j’étais moi-même étudiant ici, à l’U d’O, les francophones représentaient environ 60% de la population étudiante. La langue quotidienne dans la cafétéria, dans le gymnase et dans la rue, c’était le français », soupire-t-il.

Malgré tout, M. Rock considère que le nombre de cours donné en français par rapport à ceux donné en anglais est suffisant.

« L’objectif de l’Université est d’avoir 100% des cours dans les deux langues. En ce moment, 1255 cours sont offerts dans les deux langues », rappelle l’ex-ministre des finances et de la santé du gouvernement du Canada. « Nous avons estimé également qu’il y a 308 cours qui sont offert en anglais et 232 qui sont uniquement offert en français. Sans compter les cours de langues, l’U d’O offre à peu près 75% des cours en français et en anglais, ce qui n’est pas si mal! C’est compliqué, c’est dispendieux, c’est difficile, mais c’est une réalisation impressionnante », conclut-il.

Frais de scolarité : d’autres hausses à prévoir?

Évidemment, le recteur est bien conscient du soulèvement des étudiants québécois après la hausse draconienne des frais de scolarités au Québec. Toutefois, il pense que la situation est différente en Ontario. Selon lui, le gouvernement ontarien devrait subventionner davantage les universités.

« Ma préoccupation en ce qui a trait à la question des droits de scolarité est que nous aillions en place un système juste », affirme M. Rock. « Le gouvernement de l’Ontario a décidé de fournir le cadre financier une année à la fois, c’est pourquoi nous nous sommes retrouvés à la dernière minute devant le Bureau des gouverneurs en avril dernier pour voter cette récente hausse de 5% », déplore-t-il.

Afin de remédier à cette situation, M. Rock admet avoir « demandé au gouvernement d’établir un encadrement des droits de scolarité pour les cinq ans à venir pour que nous puissions avoir des revenus prévisibles. »

Les étudiants de l’U d’O doivent-ils s’attendre à une nouvelle hausse de frais de scolarité?

« Difficile à dire », répond-il. « Le gouvernement a ajouté 1 600$ par étudiant de l’Ontario pour les droits de scolarité. Il faut attendre pour savoir si le gouvernement va laisser les frais de scolarité tels quels ou s’ils vont forcer les universités à les augmenter. »

M. Rock ajoute qu’il est difficile pour l’U d’O de ne pas augmenter ses frais de scolarité, pour plusieurs raisons. « Naturellement les coûts de l’U d’O augmentent chaque année de 4% à 5% en raison des augmentations salariales et des progrès dans le rang (ancienneté des employés). Si on additionne ça à l’inflation de l’économie, ça veut dire que la pauvre université doit payer de 4% à 5% de plus chaque année », souligne le recteur.

Néanmoins, il se dit inquiet de la situation d’endettement des étudiants.

« Nous sommes aussi très sensibles à la situation de certains étudiants dont le niveau d’endettement est irraisonnable. Ils sont forcés de travailler durant l’année scolaire, ce qui produit des effets néfastes pour leurs performances. »

Il poursuit en indiquant que, dans le passé, le seul moyen d’accroître les revenus de l’Université était d’accepter plus d’étudiants. Toutefois, l’U d’O a décidé que 40 000 étudiants sur le campus était suffisant et elle a fait le choix de limiter le taux de croissance à 500 étudiants de plus chaque année.

« Je pense que la solution pour nous est de réduire nos coûts tout en n’augmentant pas les droits de scolarité », soutient-il. « C’est pourquoi nous sommes en train d’examiner la possibilité de louer nos terrains inutilisés à des entreprises privées. »

Enfin, questionné sur son avenir, le recteur de l’U d’O et ancien libéral au niveau fédéral, assure qu’il ne se présentera pas dans la course au leadership du Parti libéral du Canada.

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