– Par Moussa Sangaré-Ponce –
Quelques jours après qu’il ait annoncé sa retraite, La Rotonde s’est entretenue avec Luc Gélineau, directeur du programme des sports à l’Université d’Ottawa. Il a notamment discuté de sa retraite et des résultats des équipes sportives à Ottawa dans les ligues du Sport interuniversitaire canadien (SIC), des Sports universitaires de l’Ontario (SUO) et du Réseau du sport étudiant du Québec (RSÉQ).
Cet hiver, une nouvelle personne sera à la tête des Services de sports à l’Université d’Ottawa suite au départ à la retraite de M. Gélineau. Bien que la nouvelle ait surpris l’administration et les athlètes des Gee-Gees, il fallait quand même s’y attendre. Gélineau planifiait de se retirer depuis quelque temps, mais voulait mettre à terme certains projets avant de pouvoir dire au revoir aux Gee-Gees et à l’Université d’Ottawa. Sous Gélineau, le Gris et Grenat a connu plusieurs succès, entre autres la victoire de la coupe Vanier au football en 2000, les championnats des SUO et les médailles du SIC remportées par les équipes de soccer et de volleyball, la renaissance du programme de basketball masculin, et tout récemment le championnat du RSÉQ remporté par les femmes au rugby. La croissance en popularité des intra-muros et la construction du dôme au stade Lees sont deux autres choses pour lesquelles M. Gélineau a joué un rôle important.
Par contre, son règne n’a pas été sans controverses. La situation désastreuse de l’équipe de football et le congédiement de ses entraineurs il y a quelques années, la démission de Dave D’Aveiro, ancien entraineur de l’équipe de basket qui déplorait un manque de soutien et de ressources, et la saga de l’équipe de hockey masculin au printemps dernier sont quelques-unes des choses qui ont taché le Service des sports. Tout de même, M. Gélineau est fier de ce qu’il a accompli pendant son temps à Ottawa et prendra sa retraite sans regret et avec de bons souvenirs.
La Rotonde : Pourquoi avez-vous décidé de prendre votre retraite maintenant?
Luc Gélineau : Premièrement, je suis en très bonne forme. Je veux faire d’autres choses. J’y avais pensé avant, mais j’avais encore des projets. Il y a eu certaines embuches avec le dôme, mais maintenant que ç’a été réalisé, je pouvais le considérer sérieusement.
LR : Quel fut le plus gros projet ou le meilleur moment depuis que vous êtes devenu directeur?
LG : Le dossier des bourses athlétiques était quelque chose d’important. L’Université d’Ottawa était d’accord pour accorder des bourses aux étudiants athlètes. Les autres universités de l’Ontario étaient hésitantes, il y en avait qui étaient contre. Ça nous a permis de recruter des étudiants athlètes de haut niveau.
LR : Pourquoi des équipes qui performent de façon excellente et de façon constante, comme au soccer et au volleyball, reçoivent-elles moins de soutien que des équipes qui performent encore bien, mais pas de façon constante, comme au football?
LG : C’est une question de collecte de fonds. Chaque université a un différent modèle. Ici, malheureusement, 95 % de l’argent qu’on reçoit pour les ressources est de l’argent que l’on reçoit de l’interne. À Laval, en football, l’Université n’investit pas dans le programme ; ce sont des particuliers. Football à Carleton? Ce sont des particuliers. Ce qu’on a fait c’est bâtir une structure de soutien qui permet à l’entraineur d’aller chercher des ressources complémentaires pour rivaliser contre les autres équipes. Aussi longtemps qu’on ne pourra pas augmenter considérablement les montants d’argent externes, ça va toujours être une préoccupation.
LR : Quand est-ce que le programme de hockey masculin sera relancé?
LG : Présentement, je cherche des gens pour faire du recrutement. Tous les entraineurs de très très très haut niveau, jamais à ce temps ici de l’année vont s’engager ou dire qu’ils sont intéressés. Les gens vont aller voir des joueurs dans le junior majeur qui peuvent être admis [et leur disent] : ‘‘l’université repart son programme, voici l’information, fais ta demande d’admission et l’entraineur-chef va venir te voir’’.
LR : Pourquoi laissez-vous des groupes sportifs, comme le club de Quidditch, que beaucoup de gens ne considèrent pas un sport, porter le logo du Gee-Gee?
LG : Premièrement, ils ne sont pas reconnus par le Service des sports, ils sont reconnus par la Fédération étudiante. Cependant, ce sont des étudiants à l’Université d’Ottawa donc ils sont des Gee-Gees dans le fond, mais ils ne sont pas reconnus par nous. Nous, on ne vérifie pas leur admissibilité académique. Des fois, ça crée des problèmes. Tu prends le curling ou le baseball, ce sont des associations sportives qui ne sont pas dans le sport universitaire comme tel. Ils peuvent décider d’avoir quelqu’un qui ne va même pas à l’Université sur l’équipe. Nous, on ne le sait pas. Je pense que juste porter le logo, c’est quand même quelqu’un qui nous représente. On a la même demande de ceux qui vont aux jeux du commerce. Pour nous, c’est de nous démontrer que tu vas avoir un comportement acceptable et alors tu peux porter le logo.
LR : Qu’est-ce qui va vous manquer le plus et le moins?
LG : En septembre, tout le monde est prêt. On commence et tout le monde va gagner le championnat. Ça, c’est magique! On commence la saison et là il y a des surprises et des déceptions. Je trouve des fois que dans des grosses institutions comme celle-ci, il faut bouger rapidement et on a de la difficulté à s’adapter. La lenteur des processus [bureaucratiques], je ne manquerai pas ça.
LR : Allez-vous avoir un peu d’influence dans la recherche de votre remplaçant?
LG : C’est principalement l’Université qui va gérer le dossier.
LR : Selon vous, quels ont été la meilleure équipe, le meilleur athlète et le meilleur match depuis que vous êtes directeur du Service des sports?
LG : La victoire de la coupe Vanier en 2000. On avait remporté [le match] 42-39 et on avait bloqué un botté pour remporter le match. Josh Sacobie [ancien quart-arrière des Gee-Gees] était vraiment un athlète exceptionnel et il y avait une coureuse de cross-country, Nathalie Côté, qui avait gagné le championnat canadien lorsqu’elle était grippée. L’équipe de basketball de l’an passé, que James Derouin a montée, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu une équipe aussi bien équilibrée.
Il y a une chose que je dois mentionner : on avait le choix, il y a quelques années, de couper les programmes qui coutaient cher. On y va plus plutôt avec des clubs sportifs, on en fait 25 et on avait décidé d’élever la barre dans plusieurs disciplines [au niveau interuniversitaire]. [Voici les résultats :] entre 1990 et 2000, on a eu huit équipes [interuniversitaires] qui se sont rendues au championnat canadien. On a remporté cinq médailles. On a eu 15 athlètes individuels et on a remporté huit médailles. [De 2001 à 2010], on avait 20 [équipes] au lieu de huit, neuf [médailles] au lieu de cinq, dix médailles [individuelles] au lieu de huit et on avait 44 [athlètes individuels] qui se sont présentés. En 2011, 12 et 13, sans compter Jennifer Boyd et son équipe de rugby et Steve Johnson et l’équipe de soccer, en trois ans, on a déjà huit équipes qui se sont qualifiées et on a trois médailles et 101 individus pour 28 médailles. Donc en termes de performance, ça monte, c’est vraiment incroyable!