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Frais de scolarité et cours en ligne : qu’en pensent les étudiant.e.s ?

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29 septembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice Artistique

Par Miléna Frachebois – Cheffe du pupitre Actualités

La date limite de paiement des frais de scolarité de l’Université d’Ottawa (U d’O), décalée au 2 octobre en raison de la pandémie, approche à grands pas. Quatre étudiant.e.s, aux profils et origines différents partagent leurs points de vue quant au montant de ces frais dans le contexte sanitaire actuel. 

La Rotonde (LR) : Bonjour, pourriez-vous vous présenter ?

Anabelle Laliberté (AL) : Je m’appelle Annabelle Laliberté. Je viens d’Ottawa, et j’étudie en comptabilité [en quatrième année].

Nelson Mahmoudi (NM) : Je m’appelle Nelson Mahmoudi. Je suis d’Orléans à Ottawa, et je [suis troisième année d’] un baccalauréat en sciences politiques et en histoire, avec une option dans les études Africaines.

Lorenzo O. Grandini (LG) : Je m’appelle Lorenzo O. Grandini. Je viens du Brésil, et je suis étudiant en troisième année de licence en sciences politiques. 

Elsa Dujardin (ED) : Je m’appelle Elsa Dujardin. Je suis étudiante internationale française, en troisième année d’un baccalauréat des arts spécialisé en psychologie, avec une mineur en criminologie. 

LR : Où étudiez-vous pendant le semestre ? Et quels frais de scolarité payez-vous (internationaux/locaux/exonération de frais) ?

AL : J’étudie depuis mon appartement à Ottawa. Je paye environ 3 800$ ce semestre, incluant la déduction de 500$ par semestre, liée à la bourse pour étudier en français.

NM : Cette session j’habite, comme toujours, avec mes parents à Orléans. En tant que résident de l’Ontario, je paye les frais locaux. [Soit environ 3 200$]

LG : J’étudie actuellement de mon chez moi à Ottawa, que je partage avec quatre colocataires. Je paie les frais de scolarité internationaux. [Soit environ 12 700$]

ED : J’étudie actuellement en ligne depuis la France, et je paye les mêmes frais de scolarité qu’habituellement, soit environ 3000 dollars avec l’exonération partielle.

LR : Selon vous, que reflète le montant que vous payez?  

AL : Selon moi, les frais que je paye représentent le temps et l’effort des professeur.e.s passés à nous éduquer, et à nous aider à apprendre. Je crois qu’ils incluent également les frais d’entretien des locaux de classes, et des bâtiments que l’on fréquente.

Ainsi, je trouve que le montant que je paye devrait représenter mon expérience universitaire (par exemple, étudier avec ses ami.e.s sur le campus).

NM : C’est un ensemble de beaucoup de choses. Mais avant tout, c’est la réputation et la qualité de l’éducation qui sont en jeu. Cette réputation est relative aux autres universités au Canada. La qualité des résidences et la cafétéria peuvent aussi influencer ce prix.

Mon assurance, mon U-Pass, et mes professeur.e.s sont ce pour quoi je paye. Mais actuellement, je ne pense pas que ces montants soient justes, car je n’ai pas accès aux services sur le campus. [Pourtant,] l’Université me fait encore payer pour cela.

Peut-être une déduction de $100 par étudiant.e [ce qui représenterait, selon lui, 4.3 million en total] est un compromis pour l’Université d’Ottawa. 100$ c’est tout de même deux semaines d’épiceries ou 1/4 du loyer d’un.e étudiant.e. 

LG : Je pense que le montant versé reflète la qualité et la reconnaissance de l’enseignement dans un établissement d’enseignement supérieur en Amérique du Nord. Par conséquent, le prix reflète la position géographique globale (dans l’environnement universitaire Nord-Américain), et nationale (dans la capitale) de l’Université. 

De plus, je pense que le prix payé par les étudiant.e.s étranger.ère.s reflète le prix « réel » de l’éducation universitaire au Canada, puisque les étudiant.e.s étranger.ère.s (et/ou leurs familles) n’ont pas payé de taxes provinciales et fédérales sur le territoire tout au long de leur vie. Des taxes qui, en fin de compte, subventionnent le prix inférieur des frais de scolarité canadiens, par le biais de subventions provinciales et fédérales à l’Université.

ED : Selon moi, le montant payé reflète la qualité de l’enseignement, la disponibilité des professeur.e.s, le temps demandé à la préparation de chaque cours et chaque laboratoire. Il comprend aussi l’accès aux locaux et leur entretien, l’emplacement du campus en plein coeur de la capitale, ou encore les services disponibles pour les étudiants.

LR : Saviez-vous que votre facture est identique à celle de l’année dernière (sauf augmentation des assurances pour les internationaux, et de quelques cotisations) ? Pensez-vous que cela est justifiable dans un contexte de pandémie et de cours en ligne ?

AL : Plusieurs professeur.e.s vont nous donner plus de lectures ou de vidéos pré-enregistrées à regarder au lieu de passer du temps en classe pour nous expliquer la matière. Alors, pourquoi devoir payer le même montant d’argent pour nos cours quand les professeur.e.s passent moins de temps à nous enseigner et à répondre à nos questions ?

Je ne crois pas que le fait que nous payons autant d’argent soit justifiable, si nous devons nous enseigner la matière nous-même.

NM : Oui et non. Les plans pour l’augmentation des frais ont été créés dans les années passées, et l’Université d’Ottawa ne pouvait pas anticiper cette pandémie. Mais le fait qu’ils continuent ce programme d’augmentation des frais de scolarité aujourd’hui démontre que l’une des valeurs les plus importantes pour notre institution reste l’argent.

LG : Je suis conscient que les frais de scolarité sont les mêmes que l’année dernière. Bien que je reconnaisse que nous vivons une époque sans précédent, je pense que le prix est justifiable.

Les frais de scolarité reflètent non seulement les coûts actuels du fonctionnement de l’Université (dont 60 %, si je ne me trompe pas, sont destinés à payer les salaires), mais aussi les investissements dans les infrastructures, les aides financières et le maintien des services aux étudiant.e.s. Ces investissements et ces services profitent aux étudiant.e.s. Je comprends donc que le maintien du prix des frais de scolarité permette de maintenir la qualité de l’enseignement et de la recherche de l’Université, ainsi que d’entretenir les infrastructures pour le moment où nous reprendrons en toute sécurité les activités en personne sur le campus. 

ED : J’étais effectivement au courant que les frais de scolarité n’allaient pas baisser, malgré le fait que les cours soient reportés en ligne. Je trouve que ne pas baisser les prix est difficilement justifiable dans un tel contexte, étant donné toutes les difficultés et insécurités auxquelles les gens, et particulièrement les étudiant.e.s, sont confronté.e.s, notamment avec la perte d’emplois étudiants.

De plus, le fait que les cours soient désormais en ligne implique que les locaux de l’Université sont pratiquement vides (à quelques exceptions près), et demandent ainsi beaucoup moins d’entretien. Cela ne justifie donc pas le fait que les étudiants paient les mêmes frais de scolarité qu’en temps normal

Malgré de multiples relances, l’U d’O n’a pas souhaité s’exprimer concernant le sujet.

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