
Quand la rigueur académique se voit récompensée : l’Université d’Ottawa remporte le Défi du gouverneur
Crédit visuel : Sophie Désy — Photographe
Article rédigé par Ismail Bekkali — Journaliste
Chaque année, le Défi du gouverneur de la Banque du Canada met à l’épreuve les étudiant.e.s en économie des universités canadiennes les plus prestigieuses. Face à 26 équipes, la délégation de l’Université d’Ottawa (l’U d’O) a su cette année décrocher la victoire lors de la finale.
Fabrice Dabiré, professeur assistant en économie et superviseur de l’équipe de l’U d’O, présente cet événement comme une opportunité pour les étudiant.e.s de mobiliser leurs connaissances académiques dans un cadre professionnel concret. Il explique que la compétition, structurée en plusieurs étapes, débute par une phase préliminaire, où chaque équipe doit soumettre une première analyse et recommandation de politique monétaire par vidéoconférence devant un jury d’expert.e.s. « Suite à quoi, les premier.e.s sortant.e.s se rendent en personne à la finale, ici à Ottawa », informe le professeur.
Thomas Perry et Emir Harbegue, deux gagnants, affirment avoir dû fournir un travail de fond considérable, mêlant « collecte de données » et « analyse de l’activité économique canadienne ». Harbegue résume : « Essentiellement, on se met à la place des gouverneurs à la Banque centrale, qui prennent habituellement les décisions, et on pense comme un économiste en essayant de trouver un équilibre entre ce qui est académique et la pratique ».
En addition à ces tâches, le professeur rappelle l’importance de présenter convenablement ses idées devant le jury. Selon Dabiré, le plus grand défi de la compétition réside dans la capacité à pouvoir expliquer les résultats d’une recherche poussée « de manière claire et limpide », aussi complexe soit-elle. En parlant de la finale, l’équipe gagnante souligne également la difficulté à répondre aux questions posées par les membres du jury. Il ne s’agirait pas seulement d’exposer un raisonnement logique, d’après elle, mais aussi de « défendre » ses choix et d’anticiper les objections possibles.
Préparation et travail d’équipe
Pour aboutir à la finale, Dabiré mentionne les mois de préparation rigoureuse qui ont précédé l’épreuve, et qui ont débuté dans sa salle de classe. « Le processus de sélection commence par l’inscription au cours ECO4195, The art of monetary policymaking in Canada », explique le professeur. Outre les « outils » et connaissances théoriques qui y sont enseigné.e.s, l’objectif du cours est de déterminer les compétences individuelles de tou.te.s les étudiant.e.s, puis de former différents sous-groupes afin de développer les compétences visées.
Qu’il s’agisse de « modélisation économique » ou d’« analyse de données », Dabiré décrit cette subdivision académique comme un choix personnel avant tout, faisant en sorte que « chacun.e décide d’intégrer l’équipe où il.elle se sent le plus apte à contribuer, mais sans qu’il.elle se limite forcément à un seul groupe ». Le superviseur insiste de ce fait sur l’aspect collaboratif de cette épreuve.
Perry revient brièvement sur le besoin de coopération dans les équipes. Après avoir partagé le même espace de travail aussi longtemps, il affirme que la collaboration est devenue « inévitable ». De même, les deux étudiants évoquent à plusieurs reprises le rôle clé qu’a joué leur professeur dans leur encadrement : celui-ci a aidé à l’approfondissement de leur compréhension des enjeux monétaires, tout en les poussant à perfectionner leur expression orale, témoignent Harbegue et Perry.
Une victoire et des perspectives prometteuses
Au-delà de l’aspect compétitif de l’événement, les deux participants mettent en avant la valeur pédagogique de cette expérience vis-à-vis du monde professionnel. En prenant part à cet événement, Harbegue mentionne qu’il avait une idée préconçue de la Banque centrale, sans jamais avoir saisi l’ampleur du travail qui y était fait. « [La compétition] m’a aidé à comprendre le fonctionnement de l’institution et, essentiellement, en quoi consiste le métier d’économiste, chose que l’on n’apprend pas en baccalauréat en économie », déclare l’étudiant.
Dabiré mentionne, quant à lui, les opportunités réelles de réseautage qu’offre une telle compétition. En y participant, les finalistes auraient, selon lui, l’occasion d’échanger avec des « potentiel.le.s recruteur.ice.s », leur ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de carrière. « C’est ce que je dis toujours à mes étudiant.e.s : le prix le plus important à viser, c’est le réseautage, c’est de faire parler de vous en produisant le mieux de vous-même », affirme le professeur.
Dabiré conclut que le Défi du gouverneur est « une belle opportunité de montrer de quoi vous êtes capable, d’aller au-delà de ses limites, et de finalement apprendre de nouvelles choses sur ce que signifie être un.e économiste ». Que l’on aboutisse en finale de compétition ou non, il encourage tou.te.s les intéressé.e.s à s’inscrire, compte tenu de ce que cela représente en termes de dépassement personnel.