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Les francophones hors-Québec, une illusion?

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29 octobre 2018

Par Camille Ducellier 

 

Les francophones hors Québec n’existent plus, ou à peu près. Du moins si l’on se fie à ce qu’on entend lors de l’émission Tout le monde en parle (TLMEP), il paraît que la communauté qui lit La Rotonde, ainsi de nombreuses autres au-travers du pays ne sont que des illusions, une vieille réalité. Décidément, TLMEP vit de nombreux malaises ces jours-ci.

L’essayiste et journaliste québécoise Denise Bombardier, lors de son passage à TLMEP le 21 octobre dernier, a déclaré qu’« à travers le Canada, les communautés francophones ont à peu près disparu. Il en reste encore un peu en Ontario. Au Manitoba, […] chez les Métis, on ne parle plus français ». Certainement, il y a de quoi être irrité.

Outre d’être déplacés, le grand problème des propos de Madame Bombardier est qu’elle verbalise le fait que les communautés francophones hors Québec ne vivent pas, mais survivent. Pourtant, comme l’explique le président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques, Denis Gagné, « on n’est pas en train de calculer combien de temps il nous reste, mais on est dans la stratégie de construire, de bâtir des synergies ».

Les Franco-ontariens à l’étranger le savent, rares sont les gens qui comprennent qu’il existe des francophones en dehors des frontières de la Belle Province. Par contre, les étrangers ne sont pas toujours informés sur ces enjeux, et peuvent donc être pardonnés. Mais encore une fois, les Franco-ontariens vous le diront, beaucoup de québécois ne semblent pas être informés sur les populations qui partagent la même langue ainsi que le même pays. En effet, il m’arrive souvent de rencontrer des québécois, dans un contexte international, qui s’étonnent lorsqu’ils apprennent que je viens d’Ottawa.

Il semblerait, selon les québécois qui suivent des cours à l’Université d’Ottawa, que le curriculum d’histoire suivi au secondaire se concentre presqu’exclusivement sur le Québec, et par conséquent, ignore que des milliers de francophones sont répartis dans le Canada. Dommage, puisque de nombreuses conversations inconfortables auraient pu facilement être évitées.

La semaine dernière encore, en traversant la frontière entre le Montana et la Saskatchewan, l’agent frontalier m’a corrigé lorsque mon accent francophone m’a trahie et que j’ai osé dire que je venais d’Ottawa : « You mean Hull ». Non, non, je vous le jure, je suis née à Ottawa : voilà mon passeport comme preuve.

Pour revenir aux commentaires de Bombardier, ceux-ci laissent sous-entendre que les efforts des communautés francophones hors-Québec, qui vivent en français dans un monde anglophone, sont voués à l’échec. D’ailleurs, beaucoup de communautés anglophones reconnaissent l’importance de l’enseignement bilingue, et sont enclines à envoyer leurs enfants dans des écoles d’immersion. En bref, Denise Bombardier et ses propos non-informés, bien que blessants, permettent véritablement de prouver l’existence de communautés francophones vibrantes hors-Québec.

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