
L’inquiétude post-diplôme des étudiant.e.s internationaux.ales
Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique
Article rédigé par Mireille Bukasa — Cheffe du pupitre Actualités
Selon le dernier rapport de uOInternational, les étudiant.e.s internationaux.ales représentent environ 22 % de la communauté étudiante de l’Université d’Ottawa (U d’O). D’après le rapport, ils.elles ne bénéficient toutefois d’aucune garantie d’accès au marché de l’emploi canadien après la fin de leurs études. Celles et ceux qui souhaitent demeurer au Canada doivent se soumettre à des démarches administratives qui sont souvent source de stress, notamment à l’approche de l’expiration de leur permis d’études.
Adjmal Younoussa, président de l’Association des étudiant.e.s internationaux.ales de l’U d’O (AÉI), explique que trouver un emploi dans son domaine d’études à la fin de sa formation constitue une étape importante pour l’avenir, que ce soit au Canada ou ailleurs.
Étudiant de quatrième année en informatique, Younoussa est directement concerné par l’incertitude qui touche cette partie de la communauté étudiante de l’U d’O, dont l’importance se manifeste par les données démographiques et par les revenus considérables qu’elle rapporte à l’U d’O en termes de droits de scolarité. Ceux-ci s’élevaient en effet à plus de 220 millions de dollars en 2021-2022, selon le même rapport de uOInternational.
« Lors du processus d’inscription et de demande de permis d’études, aucune indication ne laisse penser qu’un diplôme au Canada garantit nécessairement un emploi », reconnaît Younoussa.
Un manque d’outils d’accompagnement ?
L’U d’O offre quelques outils d’accompagnement pour tenter de répondre aux demandes des étudiant.e.s internationaux.ales. Le Bureau international, via ses séances hebdomadaires de questions-réponses « SOS Immigration », fournit effectivement de l’information au sujet de l’immigration et de la résidence temporaire. Le permis d’études, le permis de travail post-diplôme ou encore le permis de travail Coop sont également abordés. Sur le site web de l’Université, plusieurs hyperliens renvoient vers des services d’appui aux étudiant.e.s internationaux.ales.
Rhita Belrhiti, diplômée à l’automne 2024, critique cependant une communication qu’elle juge insuffisante du Bureau international sur l’immigration post-études. Elle affirme avoir dû chercher un emploi par elle-même, car les délais du permis de travail post-diplôme ne coïncident pas toujours avec ceux du permis d’études, une situation qu’elle juge stressante.
Une position que soutient Olivia B., finissante du programme B. Com à l’école de gestion Telfer. « Certes, l’obtention d’un diplôme ne garantit pas forcément un emploi, peu importe le pays, mais le Canada vend bien ses formations et ses opportunités sans mentionner les difficultés derrière ce processus », déplore l’étudiante. Elle estime que l’AÉI devrait fournir plus d’informations à ce sujet.
« Nous n’avons ni les moyens ni les ressources nécessaires pour conseiller les étudiant.e.s sur les questions d’immigration. Cependant, l’U d’O propose déjà une variété de services, comme le Coin carrière, accessible gratuitement jusqu’à deux ans après la graduation », rétorque le président de l’AEI. « Notre part est de relayer ces informations sur nos réseaux sociaux, notre bulletin d’information mensuel, et notre programme uOLinx », ajoute Younoussa.
Dernier mot aux employeur.se.s
Pour résider au Canada, un emploi à temps plein est souvent nécessaire, mais les étudiant.e.s internationaux.ales peuvent faire face à la réticence des employeur.se.s en raison de leur statut temporaire. Younoussa déplore cette situation et estime que les employeur.se.s devraient valoriser leurs compétences, plutôt que se focaliser sur l’incertitude de leur statut, sous peine de manquer de précieux talents.
Belrhiti souligne qu’avec leur statut temporaire, les étudiant.e.s internationaux.ales doivent redoubler d’efforts pour convaincre les employeur.se.s, souvent réticent.e.s à investir dans la formation de travailleur.se.s qu’ils.elles jugent susceptibles de retourner rapidement dans leur pays d’origine.
« Bien que ce soit décourageant et démoralisant, nous restons persévérant.e.s. Nous continuons à chercher un emploi ou à entreprendre des activités génératrices de revenus », affirme Olivia B.
Pistes de solution
Le président de l’AÉI propose à l’Université de créer un portail similaire à celui du programme COOP, où les étudiant.e.s internationaux.ales pourraient facilement accéder à des opportunités d’emploi pour nouveaux.elles diplômé.e.s. Il estime que, peu importe la décision finale des employeur.se.s, il est crucial d’offrir aux diplômé.e.s les outils nécessaires à leur intégration professionnelle.
Les trois étudiantes finissantes se réjouissent de l’organisation en matière d’emploi de l’École de Gestion Telfer. D’après elles, cette dernière facilite un contact direct entre ses étudiant.e.s et les employeur.se.s par le biais du programme affichage d’emplois, des activités de réseautage et bien d’autres programmes accessibles sur leur site.
Quant à lui, Younoussa invite la ville d’Ottawa à s’inspirer de la ville de Montréal pour jouer un rôle plus actif dans l’intégration professionnelle des diplômé.e.s internationaux.ales. Montréal soutient en effet les étudiant.e.s internationaux.ales grâce au projet Je choisis Montréal, initiative de Montréal International et du gouvernement du Québec visant à accompagner les étudiant.e.s internationaux.ales dans leurs études et dans leur installation après l’obtention du diplôme.