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Francophonie : Les étudiants franco-ontariens se rassemblent et s’expriment

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25 septembre 2012

– Par Annalisa Maya Harris –

Les 22 et 23 septembre derniers, des étudiants provenant de huit universités et collèges francophones de l’Ontario se sont rassemblés pour la troisième assemblée annuelle du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO).

Le RÉFO est né en 2009 pour combler le manque d’organisation unique et pour réunir les étudiants franco-ontariens. Il a comme mission, selon ses statuts et règlements, « de défendre le droit des étudiantes et étudiants de l’Ontario français d’étudier en français dans le programme et la région de leur choix dans un contexte où elles et ils gèrent les leviers de leur éducation. »

Le samedi 22 septembre dernier, à 9h, une cinquantaine de membres, dont 20 provenant de l’Université d’Ottawa (U d’O) ont pris part à des discussions sur la situation de l’éducation postsecondaire en français en Ontario et ont élu un nouvel exécutif. Le principal sujet de discussion : l’accessibilité aux études en français.

L’abolition de la bourse pour étudier en français est au cœur des préoccupations

Un enjeu clé qui a déchaîné les passions des délégués en assemblée était l’annulation de la bourse pour étudier en français. Cette bourse, supprimée par le gouvernement McGuinty, appuyait par une contribution de 1 500 $ par étudiant, des jeunes de la minorité linguistique officielle souhaitant poursuivre des études en français au niveau postsecondaire. « Pour la RÉFO, c’est important de dénoncer le fait qu’on abolisse cette bourse-là et de dire au gouvernement : «Nous, en tant que francophones, on n’est pas des citoyens de deuxième classe. On veut un accès aux études postsecondaires, mais pas en anglais» », a déclaré Alain Dupuis, porte-parole du RÉFO.

M. Dupuis a poursuivi en expliquant que le retrait de cette bourse affectait davantage les étudiants de régions éloignées : « En Ontario français, nos institutions sont concentrées à Sudbury et à Ottawa. Alors ça fait en sorte que nous, on a cet obstacle supplémentaire en tant que francophones : nous devons nous déplacer pour étudier dans notre langue. »

Le printemps passé, le RÉFO a lancé une pétition signée par plus de 5 000 individus réclamant la restauration de la bourse pour étudier en français. Cette pétition sera déposée à l’Assemblée législative de l’Ontario par la députée France Gélinas, porte-parole néodémocrate en matière d’Affaires francophones, le 25 septembre. Cette date est hautement symbolique pour la communauté franco-ontarienne, car il s’agit du Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes en Ontario.

Peu d’options pour les étudiants du centre-sud-ouest

L’invité d’honneur, Me François Boileau, commissaire aux services en français de l’Ontario, a échangé avec les étudiants sur l’accès aux services pour la minorité francophone. Le commissaire a demandé aux délégués d’exiger des services en français et a donné en exemple le permis de conduire. Le commissaire a sonné l’alarme quant au manque d’institutions postsecondaires francophones dans le centre-sud-ouest de l’Ontario, alors que la population francophone ne cesse de croître dans cette région. Bryan Cayouette, étudiant à l’Université Laurentienne, a soulevé la crainte qu’une nouvelle université francophone nuise aux universités déjà établies offrant des programmes en français. Le commissaire a rassuré les étudiants en affirmant que le but était d’offrir un plus large éventail de choix aux francophones en matière d’éducation universitaire.

Il existe un écart d’accès des étudiants aux programmes postsecondaires selon qu’ils étudient dans la langue de Molière ou dans celle de Shakespeare. Seuls 36 % des programmes offerts en anglais dans la région de l’Est ontarien le sont également en français, ce qui la situe tout de même loin devant la région du centre-sud-ouest (région incluant Toronto) où la proportion n’est que de 3 %.

Me Boileau a plaidé pour que les administrateurs prennent plus de risques : « Prendre des risques veut dire créer une demande », d’après lui. Il a cité la création de la faculté de Common Law en français à l’U d’O, il y a 35 ans, en exemple. À l’époque, la résistance était considérable. Aujourd’hui, c’est une faculté de droit mondialement reconnu qui a innové en matière de terminologie.

Les bons coups et les moins bons coups de l’U d’O

La place importante du français à l’U d’O a aussi été soulignée, tout comme le travail qu’il reste encore à faire. Indi Madar, étudiante en développement, a affirmé que : « La situation du français sur le campus, c’est très bien, mais c’est sur il y a toujours des points où on peut s’améliorer comme par exemple à travers les comités étudiants. … C’est important d’encourager les étudiants francophones à s’impliquer dans leurs comités étudiants. » Le manque de matériel didactique en français, l’impossibilité de compléter certains programmes en prenant uniquement des cours en français et le manque de stages francophones du régime coop sont les lacunes qui ont été dénoncées par les représentants de l’Université canadienne.

L’U d’O sera bien représentée au sein du RÉFO

Une solution proposée pour dépasser les défis inhérents à un campus bilingue est la création d’une université franco-ontarienne. Ce rêve existe depuis plusieurs années déjà. Selon Isabelle Gagnon, étudiante à l’U d’O, « Ça serait vraiment important qu’on puisse avoir l’autonomie sur notre gérance. Puis, je pense que c’est une Université franco-ontarienne qui peut permettre et assurer des programmes en français, qu’il y a une spécialisation et puis d’assurer aussi une vie aussi au-delà des cours, une vie sur le campus en français et des activités en français. »

Les délégués ont également choisi leur exécutif. Isabelle Gagnon, Caroline Gélineault et Geneviève Latour coprésideront le regroupement cette année. L’U d’Oest bien représentée au sein du pouvoir décisionnel : toutes deux à l’U d’O, Isabelle Gagnon étudie en études des femmes et en service social et Caroline Gélineault en linguistique.

De plus, Geneviève Latour est une ancienne de l’U d’O. Les délégués de l’Université canadienne ont élu Indi Madar, étudiante de 3e année en développement, pour représenter l’institution au conseil d’administration du RÉFO. Mme Madar affirme qu’ « on peut s’attendre à quelque chose de gros dans les cinq ans à venir. Le RÉFO a pris une position plus revendicatrice, je trouve que c’est très beau parce qu’avec des revendications, il faut s’expliquer, il faut justifier et il n’y a rien de mieux que ça. Il est vraiment temps que les étudiants franco-ontariens prennent leur place. »

Malgré les défis, les jeunes francophones présents semblaient optimistes quant à l’avenir du fait français en Ontario. « Quand on est membre de la communauté et qu’on participe, on voit la vitalité qu’il y a. Il y a un désir de garder la survie de la langue dans la province. On s’ouvre de plus en plus vers les autres communautés de la région. Comme je sais qu’on a une belle vision inclusive vers les gens dont la langue (maternelle) n’est pas le français comme telle, mais qui veulent participer quand même », a ainsi affirmé Zoé Spry, étudiante de deuxième année en études internationales et langues modernes.

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