
Grand talent, format réduit : entrevue avec une jeune comédienne
Crédit visuel : Agence Marie-Ève Lafond — Courtoisie
Entrevue réalisée par Charlie Correia — Journaliste
Juliette Aubé est une comédienne qui, à 13 ans, est très active dans le monde de la performance. Elle fait du doublage et joue dans des séries et des films, dont Le cyclone de Noël. En entrevue avec La Rotonde, Aubé se confie sur le monde des jeunes acteur.ice.s et sur son expérience professionnelle.
La Rotonde (LR) : Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir devenir comédienne ?
Juliette Aubé (JA) : Quand j’étais jeune, j’aimais vraiment faire des petits films avec mes sœurs. Je pense que j’ai toujours aimé ce qui était artistique. J’ai décidé de m’inscrire dans une agence lorsque j’avais 9 ans, et j’ai été prise. On se faisait beaucoup dire « Ce n’est vraiment pas garanti que tu vas avoir un rôle. Ça prend beaucoup d’auditions ». Je me disais que c’était correct, parce que j’aimais faire des auditions, faire des coachings.
Pendant la pandémie, tout était en ligne : les productions demandaient des self-tape. Ma première audition en présentiel était pour L’œil du cyclone. Au début, on avait fait une audition vidéo. Nous étions près de 200 personnes, et seulement sept personnes ont été retenues. J’étais super contente de me rendre là, c’était comme un rêve qui se réalisait. Ensuite, nous étions seulement deux… Puis, finalement, j’ai été choisie, malgré le fait que je n’avais aucune expérience de premier rôle.
LR : Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le métier que vous faites ?
JA : Honnêtement, j’aime beaucoup observer. Pas seulement le travail que je fais, mais les technicien.ne.s, les réalisateur.ice.s, les gens qui écrivent, d’où viennent leurs idées, comment ces idées deviennent un scénario.
Je pense que, plus tard, je vais être comédienne, mais si ça ne fonctionne pas, je vais rester dans ce domaine-là.
LR : Qui sont vos modèles principaux sur la scène ?
JA : C’est un choix plutôt facile ! Christine Beaulieu, parce que c’est avec elle que j’ai fait ma première audition. Elle savait que je n’avais pas d’expérience et a été très accueillante avec moi. Elle est vraiment une bonne personne.
Elle tient beaucoup à l’environnement et sur les plateaux, elle n’a pas peur de donner son opinion. Par exemple, s’il y a des ustensiles jetables et qu’elle aimerait avoir des ustensiles réutilisables, elle tient son bout. Si elle ne comprend pas une réplique, elle va le dire. C’est bien, dans ce métier-ci, de dire ce que l’on pense, tout en restant poli.e, bien sûr.
LR : Vous êtes arrivée sur le plateau de L’œil du cyclone et sur celui du Cyclone de Noël sans expérience. Comment a été cette première fois ?
JA : J’ai remplacé un rôle pour la deuxième saison de L’oeil du cyclone : les acteur.ice.s se connaissaient donc tout.e.s de la première saison. Tout le monde a pourtant été accueillant et nous sommes vraiment devenus une famille depuis les quatre ans que je suis là. Généralement, les technicien.ne.s restent les mêmes et nous sommes souvent sur le plateau en même temps. Nous sommes donc tou.te.s très proches.
Filmer Le Cyclone de Noël, c’était vraiment « cool » ! Nous nous connaissions déjà et n’avions pas à chercher nos personnages.
LR : Comment gérez-vous les plateaux, les cours de théâtre et les études en même temps ?
JA : Pendant que je suis en tournage, il y a quelqu’un qui prend des notes pour moi à l’école, puis qui me les envoie. J’essaie toujours de rattraper mes études pendant les pauses. C’est certain que mes notes sont moins bonnes pendant les périodes de tournage, parce que je ne suis pas en classe. Mais, je trouve que ça en vaut vraiment la peine, et je peux toujours me rattraper après. J’aime tout ce que je fais, et ce n’est pas un fardeau.
LR : Est-ce vos professeur.e.s et vos camarades de classe ont des réactions différentes lorsqu’il.elle.s apprennent que vous jouez dans une série et un film ?
JA : J’avais parfois l’impression que le monde à l’école me jugeait, mais je me suis rendu compte que certaines personnes étaient plutôt gênées de venir me parler.
Lorsque j’ai changé d’école en 6e année, soit l’année où j’ai commencé les tournages, je n’ai partagé à personne mon expérience puisque je voulais me faire des ami.e.s. Je voulais que les gens m’approchent pour moi, pour ma personne, et non parce que je joue dans une série et un film. Après quatre mois, je me suis ouverte sur le sujet.
En fait, ça se voit quand les gens essayent de m’approcher par intérêt personnel. Ces personnes vont tout de suite me poser des questions, comme « tu gagnes combien ? ». Je me dis que ces personnes-là ne sont pas vraiment là pour être ami.e.s avec moi.
LR : Avez-vous une anecdote de tournage à partager ?
JA : Dans la saison trois, il y avait une scène où Isabelle prépare un mariage et moi, au lieu de ranger les bonbons, je suis en train de les manger. Je n’étais pas censée manger réellement les bonbons, donc je mangeais de grosses gommes pour que ma bouche ait l’air pleine. Dès que le réalisateur a dit « 3, 2, 1, action ! » j’ai senti qu’une de mes dents était tombée.
Je me suis exclamée : « J’ai perdu ma dent ! », mais personne ne m’a crue. Sur le coup, je n’étais pas certaine si je devais le dire, je me demandais si je devais la mettre dans ma poche, puis essayer de continuer la scène, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas une bonne idée. C’est quelque chose d’inhabituel lors d’un tournage !