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La hausse du prix des loyers fait mal à Ottawa

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10 septembre 2018

Par : Maeve Burbridge, journaliste

À Ottawa, le prix des loyers ainsi que la demande pour des logements abordables ont subi une hausse énorme en très peu de temps. Très rapidement, la ville fait face à un phénomène d’embourgeoisement, laissant de moins en moins de place pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer un loyer si cher.

Stressés par le coût du loyer

Bien entendu, les étudiant.e.s universitaires se trouvent affecté.e.s par cette hausse de prix des loyers. Ils ont de plus en plus de difficulté à se trouver un logement abordable pour l’année scolaire et à payer le loyer au cours de l’année. Jamie Bruce, qui entame sa deuxième année d’études en science politique et espagnol, vit en appartement depuis la fin du mois d’avril. « C’est super cher, particulièrement au centre-ville, près de l’Université… Beaucoup d’étudiants ont de la difficulté à payer leur loyer. Au lieu de consacrer notre énergie à nos études, il faut qu’on travaille parce que sinon, on ne va pas être capable de payer le loyer. Puis ça devient de plus en plus cher, c’est sûr », a-t-elle expliqué.

Selon Bruce, de plus en plus, les étudiants louent des appartements à Gatineau parce que c’est beaucoup moins cher que le centre-ville d’Ottawa, malgré le fait que la distance au campus soit plus grande et que les autobus pour s’y rendre ne soient pas aussi fiables.

Comment expliquer cette hausse ?

À Ottawa, il y a présentement très peu d’offre en comparaison avec la demande, particulièrement en ce qui concerne les logements abordables, ce qui fait augmenter les prix des loyers.

De plus, des sites tels qu’Airbnb font concurrence aux moyens de location conventionnels. « La généralisation des plateformes numériques diminuent l’offre de loyer à long terme. Un grand nombre de propriétaires préfèrent louer leurs appartements à très court terme. Ainsi, les appartements disponibles pour le long terme se font plus rares, puis le prix des loyers augmente », explique Marc Lavoie, professeur d’économie à l’Université d’Ottawa.

La hausse du prix des loyers fait en sorte qu’Ottawa est affectée par un processus d’embourgeoisement. Un exemple particulièrement fâcheux de ce phénomène se produit présentement dans le quartier de Herongate, au sud de la ville.

La crise du logement à Herongate

En 2012, la compagnie Timbercreek Asset Management est devenue propriétaire de logements dans le quartier de Herongate, qui figure parmi les plus abordables de la ville. Au-delà de 500 habitants du quartier font présentement face à une expulsion, car Timbercreek compte démolir les logements abordables pour les remplacer par des appartements de luxe. La communauté qui habite ce quartier est composée majoritairement d’immigrants et de réfugiés.

Josh Hollie est un organisateur avec la Herongate Tenants Coalition, une coalition qui défend les familles à Herongate et leur quartier. « Il y a beaucoup d’immigrants qui viennent juste d’arriver et qui ne connaissent pas la langue. Ces personnes-là sont des réfugiés. Ils ont été expulsés de leurs pays. Ils viennent ici, et ils se font expulser de nouveau. Ils ne comprennent pas les lois, et ils ne connaissent pas leurs droits et leurs responsabilités. La ville et Timbercreek abusent de ça », explique Hollie.

« Beaucoup de personnes n’ont aucune idée où trouver l’information dont ils ont besoin. Timbercreek abuse de gens qui ne savent pas quoi faire, et ils les menaçent aussi », confirme Margaret Alluker, l’une des locataires faisant face à l’expulsion. Elle fait aussi partie de la Herongate Tenant Coalition.

Les locataires doivent avoir quitté le quartier d’ici le 30 septembre. Compte tenu de la rareté des logements abordables à Ottawa, ces familles auront malheureusement bien de la difficulté à se trouver de nouvelles demeures.

« J’essaie de trouver une nouvelle maison mais ce n’est pas facile de trouver un logement abordable à Ottawa. Je suis étudiante. Je suis retournée aux études pour me trouver un meilleur emploi. Je n’ai pas les moyens de payer un loyer de 300 ou 500 dollars de plus par mois. Je suis très déçue et stressée », a confié Alluker.

Embourgeoisement ?

En bref, se procurer un logement pour le long terme à un prix raisonnable à Ottawa n’est plus réaliste. La capitale nationale est en train de devenir une ville trop chère pour plusieurs.

«Les prix montent toujours plus haut. C’est l’embourgeoisement, c’est fait pour repousser la classe ouvrière, les personnes pauvres, les personnes âgées et les immigrants du quartier », affirme Hollie. À Herongate, il s’agit d’un embourgeoisement rapide, par expulsion. Le phénomène d’expulsion des groupes vulnérables comme les parents célibataires et les immigrants récents se fait ressentir à travers la ville, mais de manière beaucoup plus lente qu’à Herongate. Si la ville n’arrive pas à combler le demande pour les logements abordables, les prix des loyers ne feront qu’augmenter, aboutissant dans une expulsion graduelle de ces personnes de la ville.

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