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Jeunes, bruyants et nombreux

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29 septembre 2019

Crédit visuel; Loïc Gauthier Le Coz 

Par Pascal Vachon – Journaliste

C’est une marée humaine qui a envahi la colline parlementaire et le centre-ville d’Ottawa dans le cadre de la Journée pour le climat, le vendredi 27 septembre dernier. Les manifestant.e.s étaient nombreux, pour la plupart jeunes, bruyant.e.s et venu.e.s de partout dans la région d’Ottawa-Gatineau.

Les étudiants de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), d’Ottawa (U d’O) et de Carleton ainsi que des deux Cégeps de l’Outaouais se sont réunis pour revendiquer l’avenir de la planète, aidés par les élèves des écoles secondaires de la Capitale-Nationale. Des familles entières se sont même déplacées pour faire partie du mouvement, qui s’est déroulé en simultané dans une dizaine d’autres villes canadiennes.

Un mouvement qui s’étend

Au cours des dernières années, les marches et manifestations pour le climat ont généralement réussi à regrouper quelques milliers de personnes. Aujourd’hui, ce nombre paraît inusité quand il est comparé aux 300 000 à 500 000 personnes qui ont manifesté dans les rues de Montréal.

Il s’agit d’un mouvement qui ne cesse de grandir, selon les militant.e.s. « Ça fait un an que je suis impliquée dans les manifestations, mais à chaque manifestation, c’est la plus grande à date, et il y a toujours plus de gens qui sont informés et sensibilisés. », exprime Anna Morineau, une étudiante du Cégep de l’Outaouais.

Pour les manifestant.e.s, l’événement du 27 septembre prouve qu’il y a une hausse du nombre de personnes qui prennent conscience des actions à poser pour le futur de la planète. « Je me demande si l’on est dans un rêve ou dans la réalité depuis tantôt. Je suis tellement fière de voir les gens comme moi qui sont étudiant.e.s et qui réalisent l’ampleur de cette crise » affirme Camille Goulet, une manifestante de l’organisme Climat GO.

L’effet Greta

Greta Thunberg, la militante suédoise reconnue mondialement pour son activisme au niveau de la lutte contre le changement climatique, était de passage à Montréal pour manifester. Reconnue pour sa grève scolaire pour le climat, Thunberg s’est adressée aux médias en plus de parler en privé avec le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.

Malgré les 2h30 qui séparent Ottawa et Montréal, la présence de Thunberg semblait alimenter la manifestation ottavienne. Les manifestant.e.s ne pouvaient passer sous le silence leur admiration pour la jeune fille de 16 ans. « C’est quelqu’un que j’admire beaucoup et je trouve très bien que c’est elle qui soit la porte-parole des jeunes. J’aurais beaucoup aimé manifester avec elle à Montréal », partage Léna Bercher, une étudiante de la Suisse.

L’effet Greta s’est même fait sentir dans les annonces politiques. Trudeau a profité de la présence de la jeune fille de 16 ans pour annoncer son intention de planter deux milliards d’arbres à travers le Canada d’ici 2030.

Un message aux politiciens

La campagne électorale bat de son plein alors que plusieurs politicien.ne.s marchaient en compagnie des jeunes Canadien.ne.s. Pour les militant.e.s, cette journée s’avère un bon moyen d’interpeller les politicien.ne.s sur l’importance d’inclure des mesures vertes dans leurs décisions politiques. « S’ils (les politicien.ne.s) veulent se faire élire par la population, ils doivent nous proposer un plan pour l’environnement pour se faire élire cette année et pour nous offrir un avenir », indique Morineau.

Malgré le fait que les jeunes adultes de 18 à 34 ans représentent la plus grande tranche d’électeurs, il semble que ces derniers ne sont pas les plus présents aux urnes de vote. Selon un sondage de la firme Léger, seulement 16 % des électeurs pensent que l’environnement sera l’enjeu qui va le plus influencer leur vote.

Un mouvement inespéré

Plusieurs personnes avec lesquelles La Rotonde s’est entretenue ont répété qu’ils n’arrivaient pas à croire l’ampleur du mouvement. 

Au Québec, le parti politique Québec Solidaire, qui s’est engagé dans la lutte contre le changement climatique, récolte près de 45 % des appuis chez les 18 à 34 ans. Pourquoi est-ce si difficile d’y croire si tous les signes pointent vers une jeunesse très engagée environnementalement ?

D’après Gabrielle Bédard, étudiante de l’U d’O, c’est parce qu’« il y’a quatre ans, [les jeunes] étaient tous seuls à militer pour l’environnement. Maintenant, [les gens sont] tellement nombreux. C’est à la fois un rêve, car [elle] sai[t] que les gens en sont conscients, et un cauchemar, car ça veut dire que la situation s’aggrave » déclare l’étudiante.

Certaines rues d’Ottawa ont été bloquées pour donner libre cours à la marche. L’U d’O n’a annulé aucun cours mais a encouragé les étudiant.e.s à participer à la manifestation en indiquant aux professeur.e.s de les accommoder.

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