Arts et culture
Par : Yasmine El Kamel – Journaliste
Le Sympo art jeunesse est un événement de trois jours, conjointement organisé par la Galerie d’art d’Ottawa (GAO), le Département d’arts visuels de l’Université d’Ottawa, et 4 galeries publiques en Ontario : le Musée des beaux-arts de l’Ontario à Toronto, le Museum London, à London en Ontario, le Workers Art & Heritage centre à Hamilton, et enfin, la Thunder Bay Art Gallery.
Le symposium est fait pour les jeunes de 15 à 25 ans et leur permet de s’exprimer sur l’art, sur ce qu’ils aiment et sur ce qu’ils entreprennent. Il comporte un programme de trois jours riches en activités telles que le visionnement de court-métrages faits par des jeunes, des déjeuners et dîners et de nombreux ateliers artistiques. Surtout, le symposium se concentrait sur des discussions, notamment sur l’accessibilité de l’art pour notre génération. Les activités se déroulaient au 12eme étage du bâtiment Desmarais (DMS) de l’Université d’Ottawa, au Centre national des Arts (CNA) mais aussi à la GAO.
La Rotonde était présente le vendredi 10 novembre à Desmarais. S’y trouvaient des groupes de jeunes venant d’un peu partout au Canada, quelques organisateurs ainsi que l’artiste en résidence Naomi Tessler. Cette dernière accueillait le public en l’encourageant à participer aux ateliers d’art qui se faisaient à l’arrière de la salle. Le symposium débutait avec les mots de bienvenue d’Alexis Boyle, coordinatrice des programmes de jeunesse et éducation de la GAO, et ceux de Candide Uyanze, membre du Conseil de jeunesse de la GAO. Le programme enchaînait sur un discours de la cinéaste Morgana McKenzie, puis sur toutes les présentations des conseils de jeunesse, animées par l’artiste Mique Michelle.
On fait croire aux jeunes que l’art n’est pas une « carrière durable »
McKenzie est une cinéaste de 18 ans. Dans son discours, elle aborde le stéréotype négatif des jeunes adultes de 18 ans, souvent jugés paresseux et qui manquent de motivation. « Pourquoi est-ce qu’une personne de 18 ans ne pourrait pas produire une publicité, ou un documentaire ? » se questionne-t-elle. D’après McKenzie, l’âge ne définit pas qui tu es ni ce que tu peux faire.
La cinéaste a commencé à s’intéresser aux arts visuels à un âge très jeune. C’est à l’âge de 13 ans qu’elle a fait son premier court-métrage Yet Another Zombie Film, qu’elle trouve aujourd’hui ridicule. La jeune cinéaste n’a jamais arrêté de filmer, même si ses court-métrages n’étaient pas « très bons ». C’est lorsqu’un de ses court-métrages s’est fait refuser d’un festival de film que McKenzie a réalisé qu’il y avait un énorme décalage entre les goûts du créateur, ce qu’il juge beau, et les normes du cinéma. C’est ainsi qu’elle a appris à reconnaître cet écart et à s’y faire, à comprendre la pression de la « norme » qui domine l’industrie des arts. « L’art cinématographique ne pardonne pas », ce n’est pas un travail « confortable », et il faut véritablement le vouloir pour arriver à percer dans ce domaine, nous dit-elle dans son discours.
Les conseils de jeunes, une manière pour les adolescents de s’engager dans la communauté
Lors du symposium, toutes les discussions sont menées par les communautés de jeunesse à travers l’Ontario.
Cinq présentations de conseils de jeunes ont eu lieu le vendredi. Le Conseil de jeunesse de l’AGO a abordé la manière dont les adultes ne prennent pas au sérieux les jeunes, à travers une présentation des différentes phrases qu’ont tendance à prononcer les adultes à leurs enfants, tel que « c’est à cause de ton téléphone ». Tous les conseils mènent des activités qui permettent de créer des liens entre les jeunes de la communauté, mais aussi d’avoir un rôle à jouer et de se faire entendre au sein de leur communauté. Lors de leur présentation, chacun des conseils de jeunes a fait un exposé des activités qu’ils entreprennent et des différents succès qu’ils ont eu. Le slogan du conseil de jeunesse venant de Thunder Bay, par exemple, est « Habiliter la jeunesse pour créer un changement social », et celui de la GAO a pour objectif de garantir l’accès à l’art pour les jeunes.
Uyanze nous confie que c’est « vraiment important » pour elle de participer à la première édition du symposium. L’évènement est inspiré du Teen Convening aux États-Unis, qui a permis à la jeunesse de s’exprimer sur le développement de l’éducation de l’art des jeunes, dans une perspective nationale. Elle affirme que dans le contexte canadien, ce genre de conférence n’a jamais existé et c’est en ça qu’elle qualifie le symposium d’ « unique ».