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Arts et culture

KOOZA : Une ode au cirque traditionnel

Stella Chayer Demers
28 septembre 2022

Crédit visuel : Matt Beard – Courtoisie 

Critique rédigée par Stella Chayer Demers – Cheffe de pupitre Arts et Culture

Le Cirque du Soleil (CdS) a présenté, après presque trois ans d’absence, leur tout nouveau spectacle, KOOZA, du 25 août au 25 septembre passé. Le spectacle, qui s’est déroulé sous le chapiteau de la place des festivals ZIBI à Gatineau, était un hommage époustouflant au cirque traditionnel.

Du numéro contorsionniste choquant au numéro de clown égayant, en passant par l’angoissante roue de la mort, le CdS a offert au public une soirée remplie de rires, incluant des rires nerveux.

Un public sous le charme

On va au cirque pour se faire éblouir, se faire impressionner, mais aussi se faire peur. C’est cette anxiété qui nous donne envie d’en vouloir plus. Les artistes de KOOZA ne sont pas seulement doué.e.s dans leur pratique, mais aussi pour contrôler l’anxiété du public, et l’utiliser à leur avantage. Les tours étaient de plus risqués et les moments d’attente semblaient interminables pour le public qui retenait son souffle, le sourire triomphant lorsque le tour, mainte fois pratiqué et devenu banal pour les artistes, faisait rugir le chapiteau.

Ces artistes étaient maîtres du regard du public, sachant quand et sur quoi attirer leur attention, et comment demander ses applaudissements.

Une musique enivrante

Sans qu’on la remarque de façon consciente, c’est la musique qui venait établir l’atmosphère de ce spectacle.

J’ai apprécié la mise en importance du batteur. Celui-ci a eu le droit à quelques minutes de gloire lorsque son instrument a été avancé sur scène. Le solo, qui permettait sûrement un changement de scène, fut tout de même bien apprécié du public.

Je trouve cependant dommage que cette même attention n’ait pas été portée aux autres musicien.ne.s, plutôt que de les cacher derrière un voile, tout en haut du chapiteau. Les chanteuses, dont la voix était riche et mélodieuse, méritaient elles aussi de l’attention.

L’influence de la musique traditionnelle indienne, très présente, ajoutait de la richesse à la composition du spectacle. Ce choix artistique demande cependant notre attention critique ; devant être fait dans le respect et non dans l’appropriation.

Une joie clownesque 

Kooza est une vraie ode à la tradition clownesque classique. L’innocent, le personnage principal de l’histoire que nous raconte KOOZA, est charmant et touchant, même pour un regard adulte. Mais ceux qui ont vraiment volé la vedette, ce sont l’auguste et ces deux contre-pitres.

Ces derniers étaient maîtres de leurs arts, au même titre que les acrobates, trapézistes et contorsionnistes. Ils ne faisaient pas que permettre un répit aux autres artistes ; ils soulagaient aussi l’anxiété du public, leur permettant de reprendre leur souffle.

Rien ne peut se comparer à la joie enfantine qu’on a à voir des hommes adultes en maquillage et chiffons colorés se tordre de fausse douleur sur scène. C’est là le vrai plaisir du clown, qui est souvent ignoré dans le monde théâtral moderne.

Une mascotte… douteuse

La présence d’animaux dans les cirques est très contestée, et ce pour de bonnes raisons. Même dans le meilleur des cas et avec le meilleur des soins, exposer un animal en spectacle est considéré comme immoral et comme de la cruauté animale. Ainsi, il est appréciable que la compagnie du CdS se soit engagée à ne jamais avoir recours à des animaux pour le spectacle.

Cela veut cependant dire que si l’histoire inclut un animal, les concepteur.ice.s doivent trouver des solutions créatives. Cela a été le cas pour KOOZA, le spectacle comprenant un chien interprété par une mascotte. Ce fait n’aurait pas d’importance à être mentionné, si ce n’était pas pour les formes très, disons-le, volumineuses du costume.

C’était au point de se poser la question : est-ce que je suis la seule personne à être perturbée par la taille de guêpe et le derrière très rond de la bête ? Suis-je perverse de remarquer cela, durant un spectacle familial, avec des enfants dans l’audience ? 

Et puis, à la toute fin du spectacle, lors du salut, quand la mascotte se tourne le dos au public et danse, qu’un « oh » suggestif s’échappe de la foule, on comprend que nous ne sommes pas les seul.e.s à penser ainsi.

Tout de même… 

Somme toute, KOOZA était un spectacle brillant dans sa tendance classique. Le CdS a délivré cet été un spectacle qui a fait vibrer le public à la fois de rire et d’inquiétude, ce qui est exactement ce qu’on attend d’un cirque.

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