CHRONIQUE – Hors l’aile

Vincent Rioux | Chef de pupitre
@vmrioux

Je relis parfois mes vieilles chroniques. L’autre jour, je suis tombé sur la toute première que j’ai écrite. Dans un élan de grandeur, je me faisais défendeur du sport universitaire et appelait les étudiants à encourager nos équipes des Gee-Gees.

Après avoir écrit ce tout premier « Hors l’aile », je me suis rapidement rendu compte que c’était un combat perdu d’avance. Le sport universitaire, au Canada, c’est plus ou moins populaire auprès du public. Certains diront que c’est le calibre du jeu qui n’est pas assez élevé. D’autres diront qu’ils n’ont aucun sentiment d’appartenance envers l’Université.

Dans tous les cas, je pense que le problème est plus large. Les Maple Leafs de Toronto ont un club moribond depuis plusieurs années, mais ça n’empêche pas le centre Air Canada d’être bondé à tous les matchs. Bondé de partisans qui continuent d’acheter aveuglement toute sorte de produits dérivés pour alimenter leur sentiment d’appartenance. Idem pour les Canadiens de Montréal, qui connaissent l’une des pires saisons depuis longtemps.

Le problème est le suivant : le sport universitaire ne peut pas rivaliser avec le sport professionnel. Le sport universitaire est carrément une sous-culture en comparaison de la place qu’occupe le sport professionnel dans la culture mainstream. Il faut vraiment faire un effort pour s’y intéresser si on veut en entendre parler, contrairement à la LNH, qui se rendra à nos oreilles d’une manière ou d’une autre.

D’une certaine manière, suivre les Gee-Gees de son plein gré relève presque de la simplicité volontaire. On sait pertinemment que ce serait plus facile de zapper entre la NFL, la NBA et la MLB, mais, par conscientisation ou par simple amour de la scène sportive locale, certains se rendent au gymnase Montpetit pour applaudir des athlètes qui ne jouent ni pour la gloire, ni pour l’argent, ni pour le vedettariat.

Cela est beaucoup plus noble que le partisan qui continu de flamber son argent pour de la marchandise stratégiquement personnalisée à l’image des amateurs de sports. De plus, assister à des évènements sportifs permet de socialiser, ce qui est assurément de plus en plus rare dans notre société fragmentée et isolée.