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Opinions

La végétation de l’U d’O

Web-Rotonde
11 avril 2012

Chronique

Sarah Lanthier | Journaliste Actualités

L’U d’O offre une grande variété d’espaces verts embaumant tout le campus, surtout à la rentrée scolaire. Mon espèce végétale préférée est certainement l’étudiant. Dans son état sauvage, l’étudiant est amorphe et désintéressé. Il se traîne sur les sentiers piétonniers, cerné et stressé, tentant de terminer l’école pour vite devenir cette unité écono-productive.

Quelques-uns se démarquent pour créer une sous-espèce désaxée et engagée qui crie plus fort que les autres ses valeurs et croyances, qu’elles soient religieuses, politiques, philosophiques, sociales, etc. Cette sous-espèce est en voie de disparition, mais pourtant, on ne cherche toujours pas à la protéger.

Le 22 mars dernier, à Montréal, un petit espoir de voir cette sous-espèce végétale en danger reprendre le dessus s’est soudainement manifesté. Où étaient donc ces étudiants ayant des opinions et ne pensant pas seulement à l’éducation en termes d’investissements et de retombées économiques, mais plutôt comme un droit d’apprendre, une passion?

Malgré la divergence d’opinions rencontrée à l’U d’O, le forum de partage ne se compare certainement pas à cette tribune de 200 000 personnes à Montréal. Ce n’est pas l’opportunité d’en créer une qui manque, mais plutôt la volonté, qui a été particulièrement déficiente à l’U d’O cette année. Les étudiants se sont surpassés dans la pratique végétative, tendance observée depuis plusieurs décennies.

Cette constante obsession individualiste à rentabiliser l’investissement universitaire leur fait oublier que le campus est, plus que des salles de cours, un espace favorisant l’expression et l’engagement dans les causes qui s’avéreront 1000 fois plus éducatifs que le seul savoir des professeurs. Obsédée par la réussite scolaire et professionnelle, cette espèce végétale ferme les yeux sur la corruption, les coupes budgétaires et le gaspillage de fonds de l’administration, des fédérations étudiantes, etc.

Certains argumenteront peut-être qu’à crier fort, le message se dissout pour ne devenir qu’un bruit de fond aux oreilles des politiciens. Parlons la même langue économique, peut-être cesseront-ils de nous faire la sourde oreille à nous, végétaux.

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