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Article rédigé par Jacob Hotte – Journaliste
Avec une pénurie de main-d’œuvre et un haut taux d’inflation qui se font encore sentir à travers le pays, le coût de la vie pour les étudiant.e.s universitaires ne semble pas diminuer. Le retour en classe en présentiel n’améliore guère la situation, certain.e.s étudiant.e.s faisant de nouveau face à la nécessité d’acheter des manuels scolaires. Quel impact financier cela aura-t-il sur la population étudiante de l’Université d’Ottawa ?
Le fardeau causé par l’achat de manuels scolaires s’était estompé pendant la pandémie grâce à leur disponibilité en ligne, annonce Mélanie Brunet, bibliothécaire dans le cadre de l’éducation ouverte à l’Université d’Ottawa (U d’O). Aujourd’hui cependant, certain.e.s étudiant.e.s doivent choisir entre leurs besoins de base et l’acquisition du matériel scolaire adéquat, dénonce-t-elle.
Situation désastreuse
Pour Phil McCarthy, étudiant en sciences biomédicales au premier cycle à l’U d’O, ce choix n’a pas été facile. McCarthy dévoile n’avoir acheté qu’un seul manuel pour ses cours du deuxième semestre. Ce dernier a dû opter pour un différent manuel pour sa classe d’anatomie, car celui que le professeur avait recommandé était selon lui trop onéreux.
Selon un sondage réalisé par l’Université de Guelph auprès de sa population étudiante en 2016, plusieurs étudiant.e.s choisissent de ne pas acheter les manuels parce qu’iels n’en ont pas les moyens. Des témoignages d’élèves dans le sondage ont fait ressortir qu’en évitant l’achat de matériel scolaire, les élèves finissent par en apprendre moins que ceux et celles ayant accès à ces livres. Brunet note ainsi que des étudiant.e.s ont dû choisir de sacrifier une partie de leur note finale, afin de pouvoir combler d’autres besoins. Les constats sont similaires pour les étudiant.e.s de l’U d’O, selon les résultats de la campagne #MisèreDesManuels menée par la bibliothèque aux semestres d’automne 2022 et d’hiver 2023.
Causes du problème ?
Brunet explique que l’inflation et la pénurie de main-d’œuvre causées par la pandémie n’ont pas eu grand effet sur l’accessibilité des manuels scolaires, le problème existant déjà auparavant. D’après le résultat de la campagne #MisèreDesManuels, les réponses révèlent que des professeur.e.s vont parfois recommander des manuels qui ne sont pas nécessaires au cours. Lorsqu’ils sont nécessaires, des étudiant.e.s vont trouver d’autres moyens que l’achat de ceux-ci, afin de réussir. La bibliothécaire ajoute que dans la majorité des cas, les élèves ne trouvent pas les manuels inutiles. Plusieurs vont néanmoins se questionner sur le prix et si ces manuels sont réellement appropriés pour leur classe.
En étudiant les manuels exigés pour les programmes les plus populaires de chaque faculté, Brunet a été capable d’établir qu’en moyenne, les manuels en anglais sont plus coûteux que ceux en français. La bibliothécaire indique que ce phénomène s’explique par le fait qu’il existe un manque de manuels dans les domaines en français. Cette dernière décrit la situation comme étant si grave que dans certains cours francophones, les professeurs doivent exiger l’achat de matériel anglophone, étant donné que les ressources en français n’existent pas.
Solutions possibles
Selon un point de vue étudiant, McCarthy trouve que les manuels scolaires devraient être potentiellement mis de côté. Il témoigne avoir eu un professeur qui ajoutait des pages du manuel requis sur ses supports visuels, afin que les élèves n’aient pas besoin de ce matériel en classe. Celui-ci poursuit avec le fait que son professeur actuel d’anatomie ne fait pas cela, ce qu’il trouve accablant, car il n’utilise qu’environ 10% d’un manuel qui coûte 200 à 300 dollars.
Brunet révèle qu’il existe des solutions au problème. Elle encourage les étudiant.e.s et les instituteur.ice.s à aller voir les ressources accessibles à la bibliothèque de l’U d’O. Selon la bibliothécaire, une autre solution serait de s’engager à répondre aux questionnaires qui sont envoyés aux étudiant.e.s. Un exemple de cela est celui que le Syndicat étudiant de l’U d’O a lancé récemment en partenariat avec la bibliothèque, sur l’accessibilité des manuels scolaires.
Cependant, s’il est nécessaire d’acheter des manuels, Brunet offre plusieurs alternatives afin de réduire les coûts du matériel scolaire. En premier lieu, elle insiste sur la comparaison des prix affichés par différents distributeurs, comme la maison d’édition, elle-même, ou Amazon, qui offre souvent des coûts moins élevés. Puis, la bibliothécaire suggère aussi le partage de manuels entre amis, s’il arrive que deux personnes ou plus qui se connaissent aient la même classe. Avec cela, le prix pourrait aussi être divisé parmi les gens qui y ont accès.
Pour conclure, elle rappelle que des exemplaires d’occasion sont souvent disponibles à plus bas prix. Ceux-ci peuvent être trouvés sur différents endroits sur le web ou encore des applications, comme UoSwap, conçue par et pour des étudiant.e.s de l’U d’O afin de faciliter la revente de manuels scolaires.