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Le budget fédéral 2023 : promesses et incertitudes

Jacob Hotte
9 juin 2023

Crédit visuel : Marina Touré – Co-rédactrice en chef

Article rédigé par Jacob Hotte – Journaliste

Le budget fédéral annuel a été rendu public par le gouvernement libéral de Justin Trudeau en mars 2023. Celui-ci était attendu par le grand public, qui le voyait comme une solution pour améliorer la situation économique du pays. Les objectifs qui ont été annoncés pour ce plan financier incluent les questions d’accessibilité financière, des soins de santé et d’inflation.

Le budget fédéral a été accueilli par plusieurs critiques de la part de l’opposition officielle. En effet, beaucoup étaient en désaccord avec la catégorisation du budget, décrite par ses auteurs comme un budget à faibles dépenses. D’autres partis politiques semblent aussi avoir eu certaines plaintes à porter face aux priorités choisies par le gouvernement de Trudeau.

S’endetter pour le futur ?

Un des plus grands chocs causés par le budget semble être lié à la dette qui s’y attache. Un passif qui avait été initialement estimé à environ 30 milliards de dollars s’est rapidement transformé en un déficit de plus de 40 milliards de dollars. Ce déficit, selon le Parti conservateur, est une cause importante de l’inflation, et ne permet pas à la population canadienne de se rétablir économiquement.

Cette opinion ne fait pas l’unanimité. David Gray, professeur en économie à l’Université d’Ottawa (U d’O), énonce que ces dépenses ne sont pas inflationnistes, mais pourraient agir comme un stimulant pour l’économie. Selon lui, ce serait donc une solution pour lutter contre l’inflation et la récession. 

Kevin Page, titulaire de la Chaire de recherche Jean-Luc Pepin à l’École d’études politiques de l’U d’O, ajoute qu’avoir mis en place des mesures visant la réduction de ce déficit budgétaire aurait pu en réalité créer des risques d’instabilité tout en augmentant le risque d’un atterrissage brutal face à la récession.

Gray laisse entendre que cet endettement pourrait tout de même restreindre les habiletés financières du prochain gouvernement, surtout si celui-ci désire mettre en place des initiatives qui accumulent des dépenses supplémentaires. Toutefois, la crédibilité du Parti libéral ne devrait pas être affectée par le surplus en dépense, remarque le professeur d’économie. Selon Gray, la création et le développement de programmes gouvernementaux, dont l’expansion des subventions pour la garde d’enfants et de l’assurance dentaire pour les familles à faible revenu, sont les meilleures solutions pour augmenter les revenus.

 Des mesures efficaces ?

Le budget fédéral inclut diverses solutions proposées afin de pouvoir contrer l’inflation et promouvoir l’abordabilité. Comme le fait remarquer Page, les dépenses liées à l’augmentation du remboursement de la taxe sur les produits et services (TPS) pour les Canadien.ne.s à faible revenu pourraient apporter une forme de soulagement sur le plan financier, à court terme. Pour ce qui est de l’augmentation des investissements dans les soins de santé et l’introduction du nouveau plan dentaire, il explique que ce soutien ne servira qu’à aider à couvrir les lignes de faille dans le système.

Les projets du gouvernement ne sont qu’une solution temporaire et ne touchent pas directement l’inflation, souligne Gray. Selon lui, ils ne pourront que réduire le fardeau économique des foyers à faibles revenus. Il reconnaît qu’il pourrait être difficile pour le gouvernement fédéral de s’opposer à certains phénomènes similaires. Selon lui, celui-ci n’a pas la capacité d’intervenir d’une façon significative à un problème comme la crise du logement.

Par rapport aux financements dédiés aux soins de santé, le gouvernement fédéral a alloué un support économique aux provinces, ce que Page décrit comme étant une simple réponse aux demandes des Premiers ministres provinciaux. Il décrit cette politique comme étant un «bouche-trou» provisoire et insiste sur l’importance d’augmenter le nombre d’efforts mis en place pour réformer et améliorer les services (notamment, ceux qui touchent à la qualité et à l’accessibilité des soins de santé offerts par les provinces).

Les propositions du budget fédéral n’ignorent pas les étudiant.e.s postsecondaires ; de nouvelles initiatives seront mises en place par rapport à la Bourse canadienne pour étudiants à temps plein. Page énonce que tout support additionnel pourra aider les étudiant.e.s à contrer les défis causés par l’abordabilité des produits et des logements. Près de 800 millions de dollars seront offerts en surplus aux étudiant.e.s, une augmentation de 40 % dans la bourse étudiante, ainsi qu’une augmentation de 30 % face à la limite de bourses sans intérêts. Le budget annonce également un soutien additionnel au gel des frais de scolarité pour certain.e.s étudiant.e.s ontarien.ne.s l’année prochaine.

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